Après son roman Cintra, sorti début 2016, Hassan Aourid récidive avec Ce que dit le roseau, nouveau recueil de poésie en amazigh. Composé de 93 poèmes, le livre, publié aux éditions Tusna, évoque avec nostalgie les amours et les origines de l’ancien porte-parole du Palais, mais aussi ses regrets et «ses blessures», nous confie l’auteur. «Une nostalgie des aïeux marque fortement l’attachement de l’auteur-poète à ses origines, à sa langue, à son histoire et aux valeurs indélébiles qu’elles incarnent et qui ne peuvent d’un simple revers de main disparaître dans un monde cruel, un monde fait de compromissions, d’hypocrisie, de manigances et d’intrigues, un monde où les vils semblent prendre le dessus par leur platitude et leur jactance. Une forteresse aveugle où les poules ‘’se métamorphosent en vautours’’», écrit dans la préface Mohamed El Manouar, écrivain et militant amazigh.
L’origine du recueil remonte à 2012, lorsque Hassan Aourid a reçu, sur le ton du défi, une remarque de Moumen Ali Safi, avocat et ancien membre de l’IRCAM, à propos de son aptitude à écrire dans la langue de ses aïeux. Défi aussitôt relevé par l’intellectuel, qui a commencé à composer le recueil en 2012, en l’accompagnant d’une traduction en français. «J’ai choisi de l’écrire en lettres latines, en inscrivant l’amazigh dans dimension universelle et non folklorique», nous précise Hassan Aourid. «Dans sa substance, sa subtilité, sa finesse, cette série de poèmes est toute faite de métaphores feutrées, de douceur exquise, d’une consistance incommensurable», décrit Mohamed El Manouar.
On vous livre un avant-goût du recueil :
Mon chemin
Quand j’ai quitté Tighremt
Mon chez-moi douillet
J’ai entendu ma mère pleurer
Et l’ai vu verser de l’eau sur les traces de mes pas
Pour que je revienne à Tighremt un jour
Malgré les dédales de la vie
J’avais juré de ne pas perdre ma voie
En suivant le chemin que j’ai trouvé tracé
Et qui menait à la grotte des bandits
Que cernait une forteresse protégée
Je me suis frayé un chemin depuis
Loin de la grotte et de la forteresse
J’ai succombé de fatigue et de peine
Lève-toi ! me disait l’eau que ma mère avait versée…
Il n’y a de chemin que celui que tu as tracé dans ton cœur
Il n’y a de chemin que celui qui fraie ta douleur
Pour que tu reviennes à Tighremt un jour
Le collier
Mon ami me disait,
Ce qu’il avait appris des ancêtres,
Si le serpent te mord
Le tuer n’enlève pas le venin !
Je le répète aux miens
Je suis mordu de plusieurs serpents
Que j’ai tissés autour du cou
Sans les tuer… !
Ils sont mon beau collier
Et je marche encore
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous
Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer