Le Maroc recadre fermement Ban Ki-Moon

Dans un communiqué publié le 8 mars, le Maroc dénonce les propos et les actions du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon durant ses visites à Alger et Tindouf.

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Crédit: Thibault Camus/AFP

Nouvelles tensions entre le Maroc et Ban-Ki Moon. Dans un communiqué publié le 8 mars, le gouvernement marocain critique vivement le secrétaire général de l’ONU. Dans ce texte relayé par l’agence de presse officielle MAP, le gouvernement fait part de sa « stupéfaction » suite aux « dérapages verbaux […] et les gestes de complaisance injustifiés » du numéro un de l’ONU lors de sa récente tournée en Algérie et dans les camps de Tindouf.

Lors de cette visite, le Sud-coréen avait qualifié la présence marocaine dans les provinces du Sud d’ « occupation ». Un « dérapage verbal » qui selon l’Exécutif  « déroge de façon drastique avec la terminologie traditionnellement utilisée par les Nations Unies s’agissant du Sahara Marocain ». Un terme qui, on le notera, n’a pas été utilisé dans les résolutions de l’ONU portant sur le conflit du Sahara depuis 1980.

Dans son communiqué, le gouvernement déplore que le Secrétaire général « ait cédé au chantage des autres parties en procédant à des faits accomplis, en violation des engagements et des garanties données au Maroc par ses plus proches collaborateurs ». Une critique qui fait référence au déplacement de Ban-Ki Moon a Bir Lahlou, une ville située dans le Sahara marocain et faisant partie de la zone tampon entre le Maroc et le Polisario. Une ville que l’autoproclamée  RASD considère comme sa capitale.  À noter que les visites de Ban-Ki Moon dans la région font l’objet de discussions entre responsables marocains et onusiens durant lesquels sont évoqués les lieux de passage du secrétaire général.

Le gouvernement regrette également que, lors de sa tournée, le Secrétaire général n’ait pas évoqué le « recensement de ces populations (celles des camps de Tindouf, ndlr) ». La population des camps de Tindouf est, à ce jour, estimée à 165 000 personnes par les autorités algériennes. Le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), qui est l’un des fournisseurs d’aide humanitaire aux camps, estime quant à lui la population de ces derniers à 90 000 personnes, en se basant sur des images satellites, car il n’a pas pu effectuer de recensement des habitants qui est réclamé depuis plusieurs années par le Maroc qui estime que le Polisario détourne l’aide humanitaire destinée aux camps. Un détournement qui a également fait l’objet d’un rapport des Nations Unies.

En conclusion de son communiqué le gouvernement note que « l’ensemble de ces dérapages risque de compromettre » les négociations politiques au sujet du Sahara.

Ce n’est pas le premier accroc entre le gouvernement marocain et le secrétaire général de l’ONU dont le mandat se termine à la fin de l’année 2016. En 2014, Ban-Ki Moon avait souligné la nécessité de surveiller de manière « durable, indépendante et impartiale » le respect des droits de l’Homme dans la région dans son rapport sur la Minurso, la mission des Nations Unies au Sahara. Une demande qui avait poussé le roi Mohammed VI à contacter le secrétaire général afin d’indiquer qu’il était « impératif de préserver les paramètres de la négociation tels qu’ils sont définis par le Conseil de sécurité, de sauvegarder le cadre et les modalités actuels de l’implication de l’ONU et d’éviter les approches partiales, et les options périlleuses » et qui avait poussé le Conseil de sécurité des Nations unies à adopter une résolution prorogeant d’une année supplémentaire le mandat de la mission de l’ONU au Sahara (Minurso) sans inclure de mécanisme d’observation des droits de l’Homme.

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