La Française Nisma Bounakhla a été « expulsée » du Maroc le 21 février. Cette représentante permanente de l’ONG Avocats sans frontières (ASF), en poste depuis octobre 2015, a été conduite à Tanger-Med le 20 février au soir et est arrivée au port d’Algeciras, en Espagne, le 21 février au matin, a confirmé Gilles Van Moortel, le chargé de communication de l’ONG belge, à Telquel.ma. Il précise que : « Tout au long de la procédure, elle a été traitée correctement par les autorités ». Et d’ajouter : « Nous essayons maintenant d’obtenir les informations officielles sur son arrêt d’expulsion ».
En janvier dernier, ASF a publié un rapport sur le procès de Hicham Mansouri. Elle y a écrit en conclusion que « les apparences d’une bonne administration de la justice sont là, mais le doute persiste quant à l’instrumentalisation des poursuites judiciaires du chef d’adultère à d’autres fins. Pour ASF, le procès de M. Mansouri s’inscrit dans une pratique malheureusement assez courante qui consiste à entraver le travail des défenseurs de la liberté d’expression, par le biais de poursuites judiciaires de droit commun ». Le 27 janvier, un représentant d’ASF était présent lors du procès, à Rabat, de sept activistes poursuivis pour atteinte à la sécurité de l’État.
L’ONG, dont le siège est en Belgique, possède une mission permanente au Maroc, composée de trois salariés. En ce moment, l’organisation mène, entre autres, au Maroc, en Tunisie et en Égypte, le projet Kalima, de promotion et de protection de la liberté de la presse et d’expression. Ce programme, financé par les États-Unis et tenu sur plusieurs années, doit prendre fin dans quelques jours. Créée à l’initiative d’avocats belges, l’organisation milite pour l’instauration d’un Etat de droit. On peut lire sur son site : « L’instauration d’un état de droit est un préalable incontournable à l’émergence d’une paix durable. ASF intervient dans les pays où les droits de l’Homme sont bafoués, où règnent violences politiques et conflits armés et où les règles de droit ne sont pas appliquées ».
Le 21 janvier, l’Association marocaine des droits humains (AMDH) a condamné par voie de communiqué cette expulsion. L’association rappelle que cet événement fait suite à « l’expulsion des représentants d’Amnesty International, des représentants de l’organisation espagnole NOVACT, de la représentante de la Fondation Friedrich-Naumann, du prêtre espagnol Estéban Velasquez, du journaliste néerlandais Rik Goverde, et la déclaration comme personae non grata des représentants de Human Rights Watch ». Pour le moment, les autorités n’ont pas publié de communiqué confirmant l’information et justifiant cette expulsion. Contacté par Telquel.ma, le service communication du porte-parole du gouvernement n’a pu être joint dans l’immédiat.
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