Suite à la vague de froid qui s’est abattue sur le pays, le ministère de la Santé a lancé son plan anti-froid. Avec deux nouveautés : l’intégration de pédiatres aux équipes mobiles déployées dans les zones enneigées et la prise en charge des populations à risque exposées.

« Dans les unités mobiles – des véhicules 4×4 – envoyées dans les douars, nous avions des équipes de 4 ou 5 personnes composées de généralistes, de sage-femmes ou d’infirmiers. Dorénavant, nous avons des pédiatres mobilisés, car les enfants sont particulièrement vulnérables lors de ces vagues de froid » nous indique Ikram Afifi, chef de division des urgences et des secours du ministère et médecin. Un déploiement des forces médicales qui se veut ciblé : « Nous travaillons en collaboration avec la Direction nationale de la météorologie et les centres de santé sur place pour savoir quand mobiliser nos médecins et où, en fonction des spécialités. »

La seconde nouveauté évoquée par Ikram Afifi concerne la prise en charge des personnes « à besoins spécifiques » : les personnes à mobilité réduite (handicapés ou personnes âgées) et les malades chroniques. « Nous voulons avoir une démarche proactive et ne pas attendre que ces populations soient en difficulté ou viennent nous voir. Les malades chroniques ont besoin d’un stock de médicaments, qui peut être inaccessible pendant la vague de froid, et nous veillons à leur approvisionnement par le biais de points de rassemblement. » Ici encore c’est la communication entre les institutions publiques, centres de santé et gendarmerie, et le « relais de solidarité » national qui permet aux forces sanitaires d’avoir accès à certaines des régions les plus reculées du Maroc. « Toute l’année, les centres de santé font des sorties dans ces régions et répertorient les besoins de chacun. Depuis lundi (16 février), nous sommes mobilisés pour leur répondre mais notre programmation est bien antérieure. »

Un hôpital mobile à Khénifra

Le responsable du plan anti-froid du gouvernement se réjouit également d’une augmentation du nombre d’ambulances mobilisées – de 260, l’année dernière, à près de 300 cette année – et de carburant à disposition, pour pallier le besoin des véhicules déployés. Parmi eux, l’hôpital mobile installé pour la première fois dans la commune El Kbab, dans la région de Khénifra. Dix-huit médecins (parmi lesquels trois généralistes, des spécialistes et des chirurgiens), vingt-cinq infirmiers – en plus du personnel de gestion, de logistique et de maintenance – seront à la disposition des 99 971 habitants vivant dans les onze communes rurales aux alentours, prévoit le ministère.

« Les camions sont déjà sur place », confie le docteur Ikram Afifi, « Et l’hôpital devrait ouvrir dès vendredi. Pour les unités qui prévoient plus d’installations, les ouvertures se feront progressivement. » Consultations, chirurgies, imagerie médicale, laboratoire et explorations fonctionnelles font partie des services qui devraient être accessibles aux habitants touchés par les vagues de froid. En plus d’un service d’accouchement, d’hospitalisation et de soins intensifs. En octobre 2014, un hôpital mobile, constitué de tentes, de conteneurs et d’un camion dentaire, avait été construit à Boumia en l’espace d’un mois et demi, pour un budget de 94 millions de dirhams.

Des aides pour les éleveurs

Mais dans la même région, un militant associatif note tout de même des failles dans le plan actuel anti-froid : « Comme chaque année, je vais me répéter. Mille mètre de neige sont tombés dans la région de Khénifra et les éleveurs n’ont toujours pas reçu d’aide pour acheter du bois de chauffage ou de la nourriture pour leur bétail. Et comme il n’a pas plu cette année, il n’y a même pas d’herbe. Aussi, si la route principale nous reliant à Midelt est dégagée, les routes tertiaires menant aux hameaux et aux douars sont toujours bloquées », se lamente Aziz Akkaoui de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH).

A noter que les chutes de neige annoncées pour les 15 et 16 février par la Direction de la météorologie nationale (DMN)  concernent Ifrane, Sefrou, Boulemane, Midelt,  Khénifra, El Hajeb , Beni Mellal, Azilal, Al Haouz, les reliefs de Taounate, Al  Hoceima, Chefchaouen, les haut plateaux orientaux de Taourirte, Figuig et Jerada. La vague de froid devrait s’étendre dans les mêmes régions, auxquelles il faut ajouter Azrou, Jerada, Taza, Oujda, Khouribga, Meknes, Fès, Khemisset, Gurecif, Berkane, Taounate, Figuig, Errachidia et Ouarzazate. Les températures minimales devraient être comprises entre -9 et 4 degrés et les maximales entre 05 et 10 degrés. 

Joint par téléphone, la Direction nationale de la météorologie prévoit une seconde vague de froid qui débuterait « entre jeudi et vendredi prochains »  et devrait courir jusqu’au mardi suivant.

En 2007, à Angfou, 33 enfants, victimes d’une épidémie, avaient perdu la vie pendant la vague de froid, suite à un déficit de secours à proximité. Aujourd’hui, Mehdi, responsable de l’association Taounza à Angfou se réjouit de routes « débloquées » et de passages « goudronnés » entre certains douars et hameaux, ainsi que de la présence d’un dispensaire.

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