La Banque mondiale a fortement abaissé sa prévision de croissance sur le globe pour 2016, renforçant les craintes suscitées par les performances « décevantes » des grands pays émergents, dont la Chine ou le Brésil. Après avoir crû de 2,4 % en 2015, le produit intérieur brut (PIB) mondial devrait progresser de seulement 2,9 % cette année, marquant un recul de 0,4 point par rapport aux prévisions de la Banque mondiale en juin, selon un rapport semestriel publié le 6 janvier. La prévision de croissance mondiale a été plus légèrement abaissée pour 2017, de -0,1 point à 3,1 %.
« L’accès de faiblesse simultané des principaux marchés émergents menace les objectifs de réduction des pauvretés (…) étant donné que ces pays ont été de puissants contributeurs à la croissance mondiale au cours de la dernière décennie », écrit la Banque mondiale.
BRICS au ralenti
En pleine transition économique, la Chine devrait voir sa croissance ralentir à 6,7 % cette année contre 6,9 % en 2015, soit 0,3 point de moins que prévu il y a six mois et sa plus mauvaise performance depuis 1990. La deuxième puissance économique mondiale connaît, depuis plusieurs mois, des épisodes de turbulence financière dont le dernier en date s’est soldé lundi par une chute spectaculaire de 7 % de ses indices boursiers.
La révision est encore plus drastique pour deux autres pays émergents déjà en récession : le Brésil (-3,6 points à -2,5 %) et la Russie (-1,4 point à -0,7 %) qui sont tous deux frappés par la chute du cours des matières premières, agricoles ou énergétiques. Les pays à hauts revenus devraient mieux s’en sortir en 2016, que ce soit les États-Unis (2,7 %) ou la zone euro (1,7 %) dont les prévisions sont abaissées de seulement 0,1 point, indique la Banque.
Sur fond de tensions géopolitiques
L’institution met également en garde contre les « risques » qui menacent l’économie mondiale en raison des tensions géopolitiques et des possibles répercussions de la hausse des taux directeurs américains sur le coût du crédit. « Il y a des failles sous la surface », a mis en garde le chef économiste de la Banque mondiale Kaushik Basu, pointant le risque de « dangereux mouvements de capitaux » sur le globe. L’Afrique subsaharienne, touchée par la baisse des prix des matières premières et le déclin de la demande chinoise, voit elle aussi sa prévision de croissance amputée de 0,3 point, à 4,2 %.
Le panorama morose brossé par la Banque mondiale cadre avec les craintes déjà exprimées par le Fonds monétaire international, qui doit actualiser ses propres projections économiques le 20 janvier. « La croissance en 2016 sera décevante et inégale », avait prévenu fin décembre la directrice générale du FMI Christine Lagarde.
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