Tenues chaque année, les Conférences des Nations unies sur les changements climatiques (COP) sont des événements d’une rare ampleur. Surtout lorsqu’il doit y être décidé de nouveaux objectifs, comme cela est prévu à Paris en novembre prochain, lors de la COP 21. Son objectif : s’accorder sur les moyens de limiter le réchauffement climatique à + 2 degrés celcius.
40 000 participants sont attendus dans la capitale française avec pour enjeu de sauver le climat. Mais les pays ont bien sûr des intérêts divergents. Ainsi, les Etats s’organisent en groupe pour faire entendre leur voix. Le Maroc par exemple fait partie du groupe Afrique, lui même membre du plus large groupe G77+Chine (groupe historique des pays du Sud).
Le Maroc bien représenté par rapport d’autres Etats d’Afrique
Le royaume est officiellement représenté par une délégation d’une centaine de personnes, nous explique Mohamed Nbou, directeur changement climatique au sein du ministère de l’Environnement. S’il l’a juge « très importante » en nombre, elle est beaucoup moins imposante que celle d’autres pays.
Mounir Temman, consultant en changement climatique, nous raconte une anecdote : « lors d’une cession de travail à Bonn, les Allemands nous ont demandé combien nous étions à travailler sur le sujet. Ils étaient étonnés : on étaient moins nombreux qu’une seule équipe provinciale, un sous länder donc, de chez eux ». Certains Etats, à l’image des Etats-Unis, s’entourent même d’avocats. Mais de petits pays, comme les Etats insulaires ou la Bolivie par exemple, arrivent eux aussi à se mettre sur le devant de la scène. « Par rapport aux autres pays d’Afrique, le Maroc est bien représenté », estime cet expert des négociations sur le climat. Pour ce qui est de savoir si la délégation est préparée, le responsable du ministère n’a pas souhaité nous répondre.
La délégation marocaine sera composée de fonctionnaires du ministère de l’Environnement (une quinzaine de personnes, des scientifiques pour la plupart), mais aussi d’autres administrations comme le ministère des Affaires étrangères, celui de l’Energie ou encore de l’Equipement, mais aussi le Haut commissariat au plan (HCP).
Des entreprises privées pour du lobbying
Au sein de la délégation marocaine : quelques parlementaires mais également des représentants du secteur privé, venus eux aussi défendre leurs intérêts, d’après Mohamed Nbou qui ne souhaite pas donner d’exemple. La société civile marocaine est aussi représentée.
Si leur rôle précis lors des COP est difficile à maîtriser, les ONG sont très actives en amont, notamment pour pousser le pays dont elles sont issues à être plus ambitieux en matière de lutte contre le changement climatique. En ce moment par exemple, un réseau de 17 associations incite le Maroc a revoir sa contribution (ce qu’il promet de faire et à quelles conditions), révisable jusqu’à la veille de la conférence, pour être plus ambitieux encore, notamment en matière d’énergies renouvelables.
Cette année, le roi Mohammed VI sera également présent pour représenter le royaume. « Cela montre l’engagement international du Maroc sur la question et prouve à quel point la COP de Paris est importante », commente Mounir Temman, qui souligne qu’en 1992, Mohammed VI, alors prince héritier, était déjà présent lors du Sommet de la terre. Son passage à Paris rend les personnes proches des préparatifs encore plus timides quand il s’agit de parler à la presse : « C’est un sujet très politique vous savez, d’autant plus avec la venue de Sa Majesté », commente une source au sein du ministère.
Les consultants sont aussi présents sur place. Mounir Temman qui a par exemple déjà travaillé pour l’agence de coopération allemande qui apportait une assistance technique à la délégation marocaine sur place et en est déjà à sa troisième COP.
Des journées de travail de plus de 15 heures
Mais que fait tout ce beau monde de sa journée ? De 6 heures du matin à tard le soir, des réunions de groupes ont lieu. Ils s’agit de rencontres de débat et de concertation où chaque Etat tente de faire valoir son avis et suivre les thématiques qui font l’objet de débat. Ainsi, les fonctionnaires s’assurent que certains aspects de la lutte contre le changement climatique sont pris en compte, que des instruments qui les arrangent sont mis en place pour les aider. « Le Maroc va sans doute s’assurer que le financement additionnel et de sources variées sera bien inscrit dans les textes par exemple », nous explique Mounir Temman. Mais il l’avoue, « pas mal de choses se passent dans les coulisses ». Ainsi, un organisme qui suit quotidiennement les négociations consacre toujours la fin de son rapport parce qu’il se dit dans les corridors.
(Un peu) loin des diplomates et de la fameuse séance plénière, dont devrait accoucher un accord très attendu cette année, les jeunes se mobilisent lors d’une conférence parallèle organisée quelques jours auparavant. Cette année, 15 étudiants marocains de cette nouvelle génération s’envoleront eux aussi pour Paris. Cette année, avec leurs homologues étrangers, ils comptent inciter les décideurs à adopter un statut pour les réfugiés climatiques.
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