L'affaire Maâti Monjib dépasse les frontières du Maroc

Dans un éditorial, le New York Times revient sur l’affaire Maâti Monjib, actuellement à son 12e jour de grève de la faim. Tandis qu’en France, Mediapart relaie une pétition de soutien de plusieurs personnalités en faveur de l'historien.

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Maâti Monjib a sa sortie du siège de la BNPJ le 19 octobre. Crédit: Yassine Toumi

Selon la page Facebook officielle de Maâti Monjib, le journaliste et professeur est en route, ce lundi 19 octobre, vers Casablanca dans une ambulance, pour répondre à la convocation de la BNPJ (Brigade nationale de la police judiciaire) qui poursuit ses investigations sur des soupçons d’« irrégularités financières » du centre Ibn Rochd, que dirigeait Monjib, selon ce qu’avait révélé un communiqué du ministère de l’Intérieur.

Dans le même temps, les médias internationaux commencent à s’emparer de cette affaire: dimanche 18 octobre, le New York Times, publie un éditorial signé par son board éditorial.  Mediapart, le site d’enquête français, relayait lui une pétition de soutien à Monjib  signé par un «comité international de soutien» comprenant notamment l’intellectuel Noam Chomski.

« Maati Monjib, président de Freedom Now, et professeur à l’Université de Rabat, a été empêché de se rendre à une conférence en Norvège après avoir été accusé de diffamation et de nuire à l’image du Maroc. En signe de protestation, M. Monjib a entamé une grève de la faim et a été hospitalisé après s’être effondré mardi 13 octobre dernier» relève ainsi Le NY Times. L’éditorial reprend la déclaration que Monjib avait faite à l’agence Reuters, stipulant qu’il préférait «mourir que de vivre dans une telle injustice. »

«Le Maroc a une image favorable. Il est présenté comme l’un des pays les plus stables de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Mais cette réputation est menacée par une campagne gouvernementale d’intimidation contre des journalistes et des groupes de défense des droits de l’homme.»  a estimé le NYTimes.

Revenant sur les réussites démocratiques du Maroc ces quatres dernières années, avec notamment la tenue des élections début septembre, le quotidien américain rapporte que « le gouvernement marocain vise néanmoins les journalistes qui osent rapporter les nouvelles qui ne lui plaisent pas». Le journal en veut pour preuve les affaires Samad Iach, ce militant des droits de l’homme et membre de l’Association marocaine du journalisme d’investigation, frappé également d’une interdiction de sortie du territoire depuis août dernier,  de Hicham Mansouri, militant associatif , condamné à dix mois de prison pour adultère.

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En guise de bilan, le NY Times conclut que «cette campagne concertée contre les détracteurs du régime porte un grave préjudice à l’image du pays.» Et de rajouter :  «Le gouvernement devrait cesser de harceler les journalistes et permettre à des groupes de défense des droits de faire leur travail en conformité avec la Constitution du Maroc et les normes internationales. Si il ne le fait pas, il gâchera tous les progrès réalisés par le Maroc, ces quatre dernières années»

Des signataires de pétition

«Au Maroc, la liberté d’expression court à nouveau de graves dangers». C’est ainsi que débute la lettre de soutien à Maâti Monjib, accompagné d’une pétition, publiée sur Mediapart vendredi 16 octobre. Une lettre qui revient en long et en large sur l’affaire du journaliste historien et qui est soutenue d’ores et déjà par les signatures de grands noms, dont certains bien connus au Maroc, comme Bachir Ben Barka, fils de Mehdi Ben Barka, Omar Brousky, universitaire et journaliste marocain ou Mohammed Larbi Benotmane, professeur à l’université Mohammed V à Rabat.

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