Le ministre marocain de l’Equipement Aziz Rabbah a reçu le 17 août le vice-ministre de l’Economie turc Adnan Yildirim. Objectif : l’inciter à investir au Maroc. D’après l’agence MAP, Aziz Rabbah a fait du pied à son homologue, notamment en rappelant les opportunités d’investissement dans les zones franches industrielles et en évoquant même la création d’une zone franche industrielle destinée à l’implantation des entreprises turques. L’occasion de revenir sur les relations économiques entre les deux pays, liés par des accords de libre échange depuis 2006.
Les échanges commerciaux étaient de l’ordre de 10 milliards en 2013 d’après l’Office des changes. Assez peu, donc, puisque cela ne représente que 1,9 % des transactions extérieures du Maroc dans le cadre d’accord de libre échange. Aussi, la balance commerciale est largement déficitaire (4,7 millions de dirhams environ en 2013) au profit de la Turquie qui exporte des produits à plus forte valeur ajoutée. Ainsi, elle achète des phosphates, de l’acide phosphorique, de la pâte à papier et des voitures, et nous vend du fer et de l’acier, des produits électroménagers et engins agricoles, du tissu de coton et des voitures.
Dans le textile, les deux pays sont en concurrence. Les professionnels marocains ont pour habitude de demander une TVA aussi avantageuse qu’en Turquie. Mais d’un autre côté, d’après une étude du Cercle euro-méditerranéen des dirigeants du textile et de l’habillement (Cedith), dans ce secteur, la main d’oeuvre turque est deux fois plus chère que la marocaine.
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Beaucoup d’entreprises de construction
Pour ce qui est des investissements directs à l’étranger (IDE) turcs à destination du Maroc, ils ont largement augmenté ces dernières années, même s’ils restent encore « limités », à lire l’analyse faite fin 2012 par l’Institut royal des études stratégiques (Ires) à ce sujet, menée par l’actuel ministre de l’Emploi. En termes de recettes, les IDE turcs au Maroc en 2010 s’élèvent à 95,6 millions de dirhams, d’après les chiffres de l’Office des changes. Les Suédois, Pakistanais et Syriens gagnent donc plus au Maroc que les Turcs.
Quand on pense Turcs, on voit tout de suite les meubles et le textile. Mais leurs investissements ne se limitent pas à ces domaines. D’ailleurs, si l’on regarde les entreprises turques installées au Maroc, elles œuvrent principalement dans le secteur de la distribution et de la construction. Pour le premier, on peut par exemple citer Bim. Pour le second, on pense notamment à Anatolia, Istanbul Hisar ou encore Tekfen, qui a notamment travaillé pour l’OCP et la Samir. En 2013, c’était au tour de Nurol holding d’ouvrir un bureau à Casablanca, et de signer dans la foulée des contrats avec l’OCP et Autoroutes du Maroc. Selon les projets de construction, les entreprises font venir des ouvriers turcs au Maroc ou bien embauchent de la main d’oeuvre locale.
Certaines sociétés turques ont mené des chantiers emblématiques, comme celui des nouveaux abattoirs de la ville de Casablanca. Dans ce cas, il s’agit d’Unlüer qui est même la société délégataire des lieux depuis 2008. Unlüer a d’ailleurs été pointée du doigt par la Cour des comptes pour sa comptabilité quelque peu fantaisiste.
Si le Maroc se retrouve un peu en retard par rapport à d’autres pays de la région en matière de réception d’investissements turcs, ce serait à cause de l’amalgame des businessmans turcs entre Maroc, Algérie et Tunisie, mais aussi à l’handicap de la langue, d’après l’étude de l’Ires.
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