Ces révélations vont peut-être vous pousser à devenir végétarien, ou du moins à éviter de manger de la viande à Casablanca. Dans son dernier rapport, la Cour des comptes régionale de Casablanca rend compte de son audit des nouveaux abattoirs de la ville. Et les résultats sont loin d’être appétissants. En effet, le rapport note que l’établissement, construit en 2000, ne respecte pas plusieurs normes d’abattage. Par exemple, les tâches dites sales ne sont pas séparées des tâches propres. Le personnel passe d’une zone à l’autre sans être désinfecté. Un salarié peut par exemple directement passer de la zone d’abattage à celle du frigo. Ceci enfreint directement un arrêté du ministère de l’Agriculture.
Aucun contrôle bactériologique
Autres problèmes : le local d’abattage d’urgence n’est pas assez équipé, les vétérinaires n’ont pas assez d’espace pour réaliser les contrôles, la phase de stabulation (séjour du bétail dans l’établissement avant l’abattage) n’est pas toujours respectée. La Cour des comptes pointe aussi du doigt des problèmes de gestion des déchets : le sang des bêtes s’écoule directement dans les égouts et les déchets polluants ne sont pas traités, la station d’épuration des abattoirs étant hors service depuis plus de douze ans.
La stagnation des eaux et des déchets au sol, à cause de cette insuffisance du réseau d’assainissement, est à l’origine d’odeurs nauséabondes dans les abattoirs et les chambres froides. Mais le président communal de Casablanca se justifie : le réseau d’assainissement est actuellement en rénovation quasi-totale. Aussi, contrairement à ce qui est prévu, l’établissement ne tient pas un registre des opérations de nettoyage et de désinfection, il est donc impossible d’en contrôler la fréquence. Autre faute sanitaire : aucun contrôle bactériologique n’a encore été réalisé.
La comptabilité fantaisiste du délégataire
Par ailleurs, la Cour des comptes recommande aux abattoirs d’automatiser la pesée fiscale de la viande. D’après l’institution, le dispositif actuel génère des discordances entre le poids fiscal net devant être facturé et celui réellement facturé. L’écart était en moyenne de 11,9 kilos pour les bovins en 2013, d’après le rapport de la Cour des comptes.
Ces nouveaux abattoirs sont gérés par la société privée délégataire Unlüer depuis 2008. Or, la Cour des comptes a découvert plusieurs irrégularités en matière d’application du contrat de délégation. Par exemple, il est prévu que le paiement des charges incombe à la société. Pourtant, les factures d’eau et d’électricité ont été payées par la commune entre 2008 et 2011. Montant total : 19,16 millions de dirhams. Et pourtant, la société délégataire a comptabilisé ce montant en tant que charge dans sa comptabilité.
Aussi, l’entreprise s’est octroyé la liberté d’autoriser une autre société privée à exploiter une des salles des abattoirs. La société A.L.I.V peut en effet réaliser la préparation de viande hachée, steaks et merguez et ainsi réaliser un chiffre d’affaires de presque 18 millions de dirhams, en l’absence de toute convention précisant les relations contractuelles avec le délégataire. Enfin, Unlüer a équipé la salle de découpe avec un matériel adapté à l’activité cette entreprise, « au lieu de réaliser les investissements contractuels ». En effet, comme elle l’avait fait remarquer lors de son rapport sur la gestion déléguée des services publics locaux, la Cour des comptes note encore une fois que l’entreprise ne réalise pas les investissements prévus par le contrat qui la lie à l’administration.
Le chevauchement des responsabilités communales,municipales et préfectorales transforment les cahiers de charges et les contrats de gestion privée ou déléguée en passoires comme celles pointées par la Cour des Comptes.Que fait le Wali pour mettre fin à ces violations flagrantes des lois,et surtout à la mise en question de la santé des habitants,ne parlons pas de conditions de transport et de traçabilité.Le ministère de l’Agriculture est entrain de mettre en place un programme de »bouclage »moderne de toutes les »bêtes »bovines » et plus tard « ovines » Ce programme est combattu par les éleveurs eux-mêmes par peur de la puissance publique et derrière la peur d’une hypothétique fiscalité,Ajoutons que pour la production avicole la situation est pire que celle là.D’autant que les poulets non vendus sont recyclés auprès des gargotes populaires et autres « chouayias »