Des Tangéroises réclament une plage réservée aux femmes

A Tanger, des femmes militent pour la mise en place d’une plage non mixe. En plus du harcèlement des hommes, elles mettent en avant des raisons conservatrices : la jalousie des maris et les traditions.

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Crédit : Délirante bestiole/Flickr.

« Après la fin du mois de ramadan, tout le monde veut profiter des vacances d’été […] mais les femmes ne peuvent pas profiter de la fête et de la baignade », est-il expliqué sur la page Facebook d’un mouvement réclamant l’instauration d’une partie de la plage de Tanger exclusivement réservée aux femmes. Il est vrai que selon les moments de l’année et les lieux, il est parfois difficile pour une femme de se sentir à l’aise à la plage, sous le regard insistants des hommes, largement majoritaires dans ces lieux. Mais si les initiatrices de ce mouvement évoquent bien « la violence » et « le harcèlement » dans la ville de Tanger, pour elles, ce besoin s’explique par la jalousie (compréhensive, selon elles) de leurs maris si elles se retrouvent en maillot devant d’autres hommes. Aussi, pour elles, qui n’hésitent pas à se référer à la volonté de dieu, la mixité des plages va « à l’encontre des coutumes de la ville, toujours conservatrice ».

Bien sûr, ces femmes concèdent que seulement une partie de plage devrait leur être réservée, étant donné que d’autres préfèrent venir en famille, accompagnées d’hommes donc, et que Tanger reste une ville touristique. Mais leur postulat de départ reste bien que « la plupart des femmes préfèrent être seules et ne pas nager avec les hommes ». Pour elles, rien d’insurmontable à mettre cela en place, étant donné que d’autres pays avant le Maroc l’ont déjà fait (Tchétchénie, Italie, Turquie) et que Tanger bénéficie d’une immense plage. Nous avons essayé de joindre la ville, sans succès.

D’autres motivées ailleurs dans le royaume

Lancée il y a à peine quelque jours, la page compte déjà plus de 2 000 soutiens. Dessus, beaucoup de messages de soutien. Certains pensent même à faire valoir la même revendication ailleurs dans le Maroc, comme à Agadir par exemple.

En 2012, une pétition avait été lancée pour demander à la municipalité de Saïdia de construire une plage privée non mixte, avec des horaires réservés aux hommes et d’autres aux femmes et aux enfants. Elle n’avait en revanche récolté que quelques dizaines de signataires sur Internet. Aussi, cette initiative à Tanger fait penser aux actions de Al Adl Walihssan (AWI), qui avait organisé il y a quelques années des « campings halal » sur la plage avec prières et chants religieux. Cette fois-ci, ni celle qui apparaît être l’administratrice de la page Facebook ni les internautes les plus actifs dessus ne se revendiquent ouvertement adlistes. D’ailleurs, contacté par Telquel.ma, le membre de AWI Hicham Chouladi a refusé de s’exprimer sur le sujet, indiquant que  pour la Jamaâ, il ne s’agissait pas d’un sujet prioritaire et d’actualité.

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