A Tanger, de nouvelles attaques contre des étrangers

Une manifestation xénophobe puis des attaques physiques quelques jours plus tard: le quartier de Boukhalef est de nouveau le théâtre d’affrontements entre Marocains et étrangers.

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Manifestation organisée au Maroc par le collectif "Ana Machi Azzi".
Manifestation organisée au Maroc par le collectif "Ana Machi Azzi". Crédit : AFP

« Boukhalef est une zone de non droit », nous crie S., un Congolais qui vit au Maroc depuis dix ans mais installé dans ce quartier de Tanger depuis trois ans. Il nous raconte l’escalade de violence de ces derniers jours et plus généralement l’ambiance dans laquelle se trouve Boukhalef depuis des mois.

Le 19 juin dernier des Marocains ont manifesté dans le quartier. Leur idée: mettre les étrangers dehors.  « Si tu n’as pas de contrat, pars », était le slogan scandé par ces manifestants d’après ce que nous raconte S. Le contrat en question, c’est celui de location, qui atteste que ces étrangers ont bien le droit d’habiter les lieux. « Ce sont des voyous, des clochards, de Boukhalef mais aussi d’autres quartiers alentours. Ils essayent de déloger les habitants, la jalousie provoque la haine. Mais dans mon cas, je loue bien mon appartement », nous explique le Congolais.

Des jets de pierre

Il faut dire que dans ce quartier, beaucoup de logements sont la propriété de MRE, la plupart du temps absents du pays. Alors, certains squattent les lieux, et d’autres se font passer pour les propriétaires pour expulser les habitants.

Une frustration qui se transforme en xénophobie : « Dans leur tête, tu dois quitter Boukhalef si tu as la peau noire », raconte S. Le 22 juin, la violence verbale a laissé place aux agressions physiques. Un groupe de jeunes marocains s’en est pris aux habitants étrangers du quartier en leur lançant des pierres et autres projectiles, avec des couteaux à la main. « Ils ont jeté des pierres sur ma femme, le but était de la tuer », selon S., encore sous le choc à la sortie du commissariat dans lequel il a porté plainte. Les heurts ont pris fin grâce à l’intervention de quelques aînés marocains du quartier. Difficile de savoir combien de personnes ont finalement été blessées mais plusieurs se sont retrouvées à l’hôpital. D’après Les Observateurs de France 24, les agressions auraient débuté le 21 juin.

Immobilisme des forces de l’ordre

D’après S., le vrai problème de Boukhalef, c’est l’absence de commissariat et l’incapacité de la police. « J’aime le Maroc et je ne critique pas la police dans son ensemble. Mais la police de Tanger est incapable de maîtriser les voyous. Ce n’est plus une ville mais un Etat dans l’Etat ». Ce Congolais, qui se souvient des jeunes décédés sous les coups de Marocains ces dernières années, regrette l’impunité réservée aux coupables. C’est ce qui est le plus inacceptable pour lui : « Dans mon Congo, il y a plein de Marocains et de Libanais. Là bas, quand tu touches à un étranger, tu vas en prison. Ici, c’est le contraire parce que les Africains ne sont pas considérés ».

Résultat : les étrangers vivent la peur au ventre : « Quand les attaques ont commencé hier, certains qui ont pourtant bien un contrat [de location] sont partis se cacher dans les bois à côté. Ils n’osent plus revenir », nous raconte-t-il.

L’an dernier, Charles, un Sénégalais de 25 ans, avait perdu la vie dans le quartier lors d’affrontements similaires.

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  • Nous les marocains nous sommes racistes déjà entre nous , alors les subsahariens ils sont dans des pires situations .
    Le racisme entre nous , je suis arabophone de ZAIO province de Nador donc à 38 km de Nador , lorsque j’achète un produit , je le paye plus chère et si je demande pourquoi le berbère de Nador me répond ( dhanita thammorth iqlaine ) qui veut dire ici est le pays des IQLAINE , le nom de la tribut régionale , le marocain est très raciste car il est en générale analphabète et ignorant , un marocain éduqué + ou – 5% il n’est raciste .