« Faut-il brûler les homos ? », c’est la question que se posait l’hebdomadaire francophone sur sa une datée du 12 juin, agrémentée d’un « Le ministère de la santé appelle à la dépénalisation de l’homosexualité au Maroc. Certes, c’est un droit individuel. Mais, quid de la morale et des valeurs religieuses ? ». Une une incitant clairement à la haine qui a suscité beaucoup d’émoi sur les réseaux sociaux dès sa publication le 11 juin dans l’après-midi. Quelques heures après la distribution de ce numéro en kiosques, Maroc Hebdo a annoncé, via un communiqué publié sur les réseaux sociaux, qu’elle décidait de le retirer de la vente, le remplaçant par un autre numéro dont la une est consacrée au drame de Oued Cherrat.
« L’édition N°1122 du 12 au 18 juin 2015 de Maroc Hebdo consacrée à l’homosexualité au Maroc a été diversement accueillie. Les réactions ont été particulièrement vives, mettant en cause ce thème traité par notre hebdomadaire », nuance l’hebdomadaire dans son communiqué. En vérité, les réactions ne portaient pas sur le thème traité, mais sur le ton haineux de la couverture. D’ailleurs, les internautes ne semblent pas convaincus par ce mea culpa. Sur les commentaires, le ton est toujours aussi virulent. « Mettant en cause ce thème traité ? L’homosexualité ou le fait de nous brûler ? Vous devriez avoir honte. Au lieu de demander pardon pour vos propos destructeurs (homophobes), vous laissez croire que le thème de l’homosexualité a posé problème à vos lecteurs et que par respect pour eux, vous le retirez ! Vous roulez pour Daech ou quoi ? », s’est révolté un internaute, parmi tant d’autres. « Ce ne sont pas des excuses, vous vous excusez d’avoir choqué mais pas d’avoir fait un appel au meurtre sur une communauté déjà persécutée, honte à vous ! », a rajouté Audie sur le même post.
Les médias français choqués
Dès ce vendredi matin, la presse, surtout française, n’a pas manqué de pointer du doigt cette une particulièrement violente envers la communauté homosexuelle, la comparant à celle de Valeurs actuelles sortie au moment du débat du Mariage pour tous en France (cette dernière ayant été condamnée par la justice française). Sur les réseaux sociaux, le ton était à l’indignation, un appel au boycott et à signaler la page de Maroc Hebdo sur Facebook a été lancé. «Vous avez toujours eu le luxe d’avoir les pires couvertures et publications aussi par la même occasion », a commenté Rabab sur le post annonçant le titre du numéro consacré à la place des homosexuels dans la société marocaine. « Vous incitez au crime », a alerté Halima sur le même post. Même son de cloche sur Twitter où, Jeremy Charvet, un chanteur français, s’est indigné sur la portée haineuse de la une de Maroc Hebdo : « Quelle honte d’avoir encore des unes aussi écœurantes ! Monsieur le directeur de #MarocHebdo avez vous déjà aimé ? ».
Abdellah Taïa piégé
Le collectif Aswat, militant pour le droit des homosexuels au Maroc, a publié un communiqué dès que ce numéro a été retiré des kiosques, rappelant que « le combat est loin d’être fini, Lahcen et Moshine, les deux homosexuels arrêtés ce 3 juin ont besoin de votre soutien pour obtenir leur liberté ! ». Mais la personne la plus concernée par cette une ne peut être que l’écrivain Abdellah Taïa, dont une interview où il dénonçait le « outing » des deux homosexuels arrêtés à Rabat sur la télévision nationale a été annexée au dossier. L’écrivain marocain s’est dit « piégé » sur sa page Facebook. « Une telle couverture est une véritable incitation à la haine, au meurtre. C’est atroce, révoltant, écoeurant, criminel… », a déclaré Abdellah Taïa, et de poursuivre : « Je me suis fait piéger puisque j’ai accordé à ce journal une petite interview. […] Je ne parlerai plus jamais de ma vie à ce magazine ».
Maroc Hebdo récidive
Ce n’est pas la première fois que l’hebdomadaire Maroc Hebdo publie une une à portée haineuse. Le 2 novembre 2012, Maroc Hebdo publiait son numéro 998 consacré à l’immigration des Subsahariens au Maroc titrée « Le péril noir », où le magazine annonçait que des milliers de Subsahariens au Maroc « vivent de la mendicité, s’adonnent au trafic de drogue et à la prostitution » et qu’ils « posent un problème humain et sécuritaire pour le pays ». Une couverture qui avait suscité tellement de réactions qu’aujourd’hui encore, trois ans presque après sa sortie, le mot-clé « Maroc Hebdo » est automatiquement relié à « Péril noir » lorsqu’il s’agit de faire une recherche Google.
Permettre moi de vous dire que votre article (à vous) m’a tout simplement donner envie de gerber.
Je trouve vos propos fortement orientés, tendancieux et fallacieux et à l’opposé de l’éthique journalistique.
Vous rendez-vous compte que vous vous permettez d’écrire que les internautes ont dit cela ou les internautes pensent cela sans aucune nuance ni pondération, comme si les internautes étaient tous vos amis proches ou vos voisins de palier ?
Vous rendez-vous compte que tout ce que avez rapportez de ce qu’auraient écrit « les internautes » va dans le même sens comme s’il n’y avait aucun internaute qui avait le moindre avis contraire ?
Vous rendez-vous compte que vous vous etes permis de rapporter des propos d’un « internaute » qui évoquent Daech en insinuant que le fait de ne pas etre en ligne avec votre avis sur le sujet traité signifie un alignement sur Daech ?
Vous rendez-vous compte de tout cela ?
Mesurez-vous la distance qui sépare votre article de l’éthique journalistique ?
Très honnêtement, Telquel (le nouveau) nous a habitués à des articles d’une autre stature….
alors que ce qui est produit ici relève du plaidoyer et non pas du factuel ou de l’analyse du factuel.