En réaction à la publication d’extraits du film Much loved du réalisateur Nabil Ayouch, l’association marocaine de défense du citoyen (AMDC) a déposé jeudi une plainte « à la fois contre Nabil Ayouch, Loubna Abidar [actrice principale du film] et tous ceux qui ont contribué au film » (sic). Le film, qui n’est pas encore sorti en salles, « nuit directement à Marrakech et à ses femmes et, plus généralement, au Maroc et à ses femmes aussi », assure son président Moustapha Hassnaoui, contacté par Telquel.ma. Le responsable associatif se dit persuadé « que le film sera condamné. La seule question qui se pose concerne la fermeté de la sanction ».
Incitation à la prostitution ?
Le responsable associatif, qui assure avoir visionné le film, ne nie pas « que la prostitution existe dans la réalité ». Il estime néanmoins que la réalité « est, parfois, pire que ce qui est présenté dans le film [qui] incite les jeunes filles et les enfants à gagner de l’argent en se prostituant ».
La dimension artistique du film semble échapper à Moustapha Hassnaoui, qui estime que Much Loved « n’est pas du cinéma et n’est pas représentatif de l’art ».
Un film sans financement public du Maroc
Pour l’avocat Youssef Chehbi, la plainte n’a aucune chance d’aboutir. « Pour déposer plainte, il faut que les intérêts de l’association aient été atteints. Le procureur a transmis le dossier pour enquête car c’est la procédure, mais j’espère qu’il le classera sans suite ». Une enquête a effectivement été ouverte à l’encontre du réalisateur et de l’actrice principale du film, Loubna Abidar. Il est a rappelé que la demande d’autorisation de diffuser le film au Maroc n’a pas encore été lancée.
Les articles du Code pénal sur lesquels l’association se fonde, les articles 483, 289, 490, 502 et 503-2, traitent de mœurs, de pédopornographie et de relations sexuelles hors mariage. Mais Moustapha Hassnaoui va plus loin en rappelant que Nabil Ayouch n’a pas obtenu de financement du royaume pour la production de son film : « Je me demande si ce ne sont pas les sionistes qui sont derrière tout ça pour semer la zizanie dans le pays ».
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Un artiste met le doigt là où cela fait mal et nous avons mal à nos jeunes filles mineures soumises contre leur gré à des relations sexuelles tarifées parfois à l’insu mais parfois avec l’approbation tacite du milieu familial.Quand on loue les bras de petites filles du bled ou pas dans les familles pour »exercer le métier de bonne »quand on les lâche dans les carrefours pour vendre des kleenex,ou autre chose,c’est la voie ouverte au plus vieux métier du monde.Pour le reste des relations entre adultes ,librement consenties et dans la discrétion qui sied et sans ostentation ou provocation.Le plus vieux métier du monde ne peut être combattu que du point de vue moral,car Internet est devenu son terrain de jeu favori.