Le centre marocain de conjoncture (CMC, observatoire privé) vient de réaliser un sondage auprès de patrons marocains. Le sujet :le Maroc est-il un peu émergent? Les sondés ont d’abord eu à établir les critères qui définissent ce qu’est un pays émergent. D’après eux, ce sont surtout un climat des affaires favorable aux investisseurs, une classe moyenne relativement importante, une stabilité institutionnelle, une croissance économique forte et un secteur privé dynamique. Compte tenu de ces critères, les interrogés ont ensuite eu à répondre à la question « Pensez-vous que le Maroc est un pays émergent ? ». Réponse : 83 % ne le pensent pas. La plupart des patrons (74 %) définit plutôt le Maroc comme un pays en voie de développement.

Mais qu’est-ce qui bloque ? Le CMC a ensuite demandé aux chefs d’entreprise de citer les domaines dans lesquels selon eux le Maroc devait fournir plus d’efforts pour prétendre au statut de pays émergents. D’après eux, la formation et l’éducation, le système judiciaire, le développement industriel et la gouvernance sont les principaux points noirs. La majorité des répondants estime que le Maroc atteindra le stade de pays émergent dans environ dix ans.

Un constat partagé par McKinsey

D’après la définition du Larousse, un pays émergent est un pays qui se distingue des autres pays de sa catégorie (pays en développement) par des résultats macroéconomiques (production industrielle, emploi) supérieurs et un taux de croissance élevé. La qualification de « pays émergent » est un vrai enjeu pour le Maroc, une certaine manière d’attirer les investisseurs étrangers et peut dans un sens s’apparenter à la méthode Couet (une sorte de prophétie auto réalisatrice).

Dans son discours du 20 août, Mohamed VI affirmait que « notre modèle de développement a atteint un niveau de maturité qui l’habilite à faire une entrée (…) méritée dans le concert des pays émergents ». En octobre dernier, un document du cabinet McKinsey fuité par le lanceur d’alerte Chris Coleman semblait dire le contraire. Le document intitulé « Une performance du Maroc en deçà de celle des pays véritablement émergents » couvrant la période 2000-2010 s’appuyait sur des chiffres concernant les finances publiques, l’IDH, l’export, la croissance…