Propale McKinsey: les 3 critiques économiques qui auraient dû rester confidentielles

Dans ce qui est présenté comme une propale ("proposition commerciale", confidentielle) du cabinet de conseil McKinsey relatif au "projet Omega" destiné à relancer l'économie marocaine, daté du 25 septembre, on découvre trois critiques substantielles de la politique économique menée au Maroc.

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Les conseils stratégiques formulés par le cabinet de consulting McKinsey, dévoilés par "Chris_Coleman24", émettent avec prudence des critiques de fond sur la politique économique marocaine.

C’est en des termes mesurés, et après de nombreuses citations des récents discours royaux, que la propale confidentielle, fuitée le 8 octobre par le lanceur d’alerte Chris_Coleman24, nuance voire critique parfois sévèrement la politique économique du Maroc, y compris dans ses orientations royales. Le responsable de McKinsey Maroc n’a pas pu être joint par Telquel.ma.

1°) Non, le Maroc n’est pas un pays émergent

Dans son discours du 20 août, le roi Mohammed VI, fort des réussites de l’économie marocaine, affirmait la vocation du Maroc à entrer dans le club des pays émergents. Selon cette propale, on en est encore loin :

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2°) Attention, la politique africaine du Maroc risque de décevoir

Mohammed VI a fait du continent africain le nouvel axe de développement pour les entreprises marocaines (après les liens avec l’espace euro-méditerranéen), notamment depuis sa tournée africaine de février – mars. Mais pour ce document, les opportunités d’affaires s’y réduiraient comme peau de chagrin, notamment en raison de la concurrence exacerbée qui y oppose les Chinois, les Américains, et des puissances émergentes, comme le Nigeria, l’Afrique du Sud ou la Turquie :

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3°) Une accumulation de mesurettes incohérentes

Les chantiers phares de la politique économique marocaine présentent enfin trois défauts majeurs pour ce document : ils manqueraient de cohérence, sont peu ou mal appliqués sur le terrain, et pêcheraient par manque d’ambition. A noter que Amine Tazi-Riffi, présenté comme le directeur associé du projet Omega au sein de McKinsey, est aussi le planificateur des plans Emergence, Maroc Vert et Azur.

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A noter que généralement, une propale de cabinet de conseil noircit le tableau général du prospect, de manière à le convaincre de l’utilité de la prestation proposée.

Lire la proposition commerciale complète : Projet Omega (confidentiel) – Document de cadrage, 25 septembre 2014

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  • Je prendrais avec bcp de pincette ce qui vient de ce compte twitter (chris coleman). L’adresse IP est en Algerie.
    Quant à votre conclusion que le Maroc n’est pas un pays emergent, c’est sans fondement. La comparaison à la moyenne des BRIC n’a aucun sens vu la disparité des performances de ces pays (la croissance au Brésil est à 0 depuis trois ans par exemple)

    1. effectivement son adresse IP est en Algerie.
      en plus je trouve que si Mc kinsey considèrent le recadrage vers l’Afrique de l’ouest un mauvais choix ben on devrait vraiment voir ailleurs parce que mis a part le premier point et les problèmes d’éducation tous le reste c’est de la merde.
      ………et vu la moyenne médiocre des IDE je pense qu’on doit songer à avoir un ministère d’investissement

  • Je note avec tristesse l’ expression manque d’ambition .on ne peut compter que sur nous mêmes. Pour cela encouragez le secteur privé et arrêtez de mettre les bâtons dans les roues par jalousie , incompétence et avidité

  • Je ne vois nullement aucune possibilité de croissance pour un pays qui a un système scolaire défaillant!!! d’année en année scolaire, notre pays ne parle plus de nombre d’élèves en classe mais ‘Tbarek lah’ de nombre de troupeau, et sans invoquer le niveau scolaire catastrophique des enseignants. personnellement, on est bien loin du « développement durable ».
    Autre chose, on nous parle du plan Maroc vert!!! alors qu’on ne peut même pas dédouaner un véhicule électrique, …
    Franchement, on est bien loin du stricte nécessaire.