L'OCP finance Hillary Clinton, au centre d'une polémique aux Etats-Unis

La Fondation Clinton a reçu un don d’un million de dollars de la part de l’OCP pour l'organisation d'une rencontre à Marrakech. Un don qui a suscité la controverse outre-atlantique.

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Hillary Clinton
Crédit : United States Department of State

Ce dimanche 12 avril, l’ancienne First Lady et chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, a annoncé son intention de se porter candidate à l’élection présidentielle américaine prévue pour 2016. Une candidature attendue, qui a fait l’objet d’une attention particulière de la part des médias bien avant son annonce officielle.

C’est notamment le cas du site d’informations Politico qui a révélé le 8 avril dernier que l’association de la candidate démocrate, la Fondation Clinton, avait reçu un don d’un million de dollars provenant de l’Office chérifien des phosphates (OCP), l’un des principaux exportateurs mondiaux de phosphate. Un don avec lequel entreprise publique marocaine finance la « Clinton Global Initiative Middle East and Africa Meeting », une rencontre qui a pour but de rassembler des décideurs africains et moyen-orientaux qui devront « entreprendre des actions » pour résoudre des problèmes « sociaux, économiques et environnementaux » dans la région. Parmi les participants à cet événement, figurent l’ancien président américain Bill Clinton ainsi que sa fille Chelsea et le PDG de l’OCP, Mostafa Terrab.

« Un pot-de-vin à peine masqué »

Le 20 mars, l’un des candidats républicain déclaré à la course à la présidence, le sénateur du Kentucky Rand Paul, avait qualifié les dons accordés à la Fondation Clinton de « pots-de-vin à peine masqués ». Le candidat républicain estime qu’Hillary Clinton devrait rendre les dons provenant d’Arabie saoudite ainsi que des pays ne respectant pas les droits de la femme. Rand Paul juge également qu’une personne se battant pour les droits des femmes doit entamer une action dans des pays où les personnes jugées coupables d’adultère sont lapidées ou emprisonnées. Le candidat républicain a clairement mentionné l’Arabie saoudite et Brunei, mais pas le Maroc. Le 10 avril, le républicain Joe Pitts a appelé la Fondation Clinton à rendre le don « provenant d’une entreprise marocaine qui exploite les ressources du Sahara occidental ». Suite à ces critiques, Hillary Clinton a indiqué qu’elle étudierait un éventuel arrêt des dons internationaux au cas où « elle serait candidate » au bureau ovale.

Interrogé au sujet de ce don par Politico, Stuart Eizenstat, un responsable du cabinet d’avocat Covington & Burling LLP, qui est chargé de la représentation de l’OCP aux États-Unis, a déclaré que « la Fondation Clinton était déjà impliquée dans de nombreux programmes agriculturels, mais dans des pays différents que ceux dans lequel l’OCP est impliqué » avant de préciser « qu’ils [la Fondation Clinton et l’OCP] travaillent généralement dans le même domaine afin […] d’aider à nourrir les pauvres africains, et je les ai donc rassemblés ».

Précédemment, le cabinet Covington et Burling LLP était en charge du lobbying pour l’OCP au sein du Sénat américain, des agences fédérales, et du département d’État américain quand Hillary Clinton était à la tête de la diplomatie américaine.

Hillary Clinton, un soutien traditionnel du Maroc

Le don de l’OCP à la fondation Hillary Clinton peut surprendre lorsqu’on se penche sur les relations entre les États-Unis et le Maroc. En 2011, lors des Printemps arabes, la diplomatie américaine, menée par la candidate démocrate, dénonçait dans un rapport les « arrestations arbitraires » au Maroc, qui était affecté par « la corruption dans toutes les branches du gouvernement ».

En 2012, à l’occasion d’une visite officielle au Maroc, le propos est plus nuancé. Celle qui est alors chef de la diplomatie américaine qualifie le Maroc de « leader et de modèle ».

Lors de cette visite Hillary Clinton s’était distinguée par un faux pas diplomatique en rencontrant le conseiller du roi et ancien ministre des Affaires étrangères, Taïeb Fassi-Firhi, avant de rencontrer celui qui était alors responsable de la diplomatie marocaine, Saâdeddine El Othmani.

Durant la même visite, Hillary Clinton avait aussi fait part de son intention « d’encourager les échanges […] et d’améliorer l’intégration économique de l’Afrique du Nord, qui pourrait grandement bénéficier au Maroc de par sa stabilité et ses fondations économiques ». Cette visite a également été l’occasion d’initier le dialogue stratégique entre le Maroc et les États-Unis. La troisième édition de ce dialogue s’est tenue au début du mois d’avril et a notamment débouché sur l’engagement de fonds américains destinés au développement des provinces du Sud.

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  • A défaut de trouver un sujet sensationnel, on se force de titrer l’article de cette façon! Yassine a presque réussi son coup si ce n’était pas pour le fait qu’il a, lui-même, admis que le « mignon » de dollars aurait été versé a la fondation alors que Mme Clinton avait déjà quitté ses fonctions de secrétaire d’Etat. Donc, il n’y aurait pas eu du tout de conflit d’intérêt. Il faut se rappeler qu’aux Etats unis d’Amerique, la loi sur le lobbying et la loi sur le financement des partis politiques ou leurs candidats, les sociétés privées, ainsi que les groupes de différents intérêts sont autorisés a faire des contributions directes ou indirectes pour soutenir un tel ou une telle. Exactement comme l’aurait fait un citoyen ordinaire. Dans le pays de l’oncle Sam, on ne jure que par le pouvoir du billet vert et son effet sur tout ce qui bouge et avec raisin, en plus! Il y a certainement des limites et des mécanismes de contrôle (checks and balances) qui se mettent en marche quand des lois sont violées ou des procédures normales ne sont pas suivies. Cependant, tout le reste est approché de façon très libérale; que l’on soit démocrate ou républicain. Ce qui fait de ce pays une exception parmi toutes les nations du monde. Alors, au sujet de l’histoire de l’OCP et son don a la fondation Clinton, il n’y a absolument pas matière a débattre quant a sa légalité ou sa supposée légitimité douteuse. Les propos du candidat Rand Paul ne tiennent pas debout car ils ne visent qu’à créer une fausse polémique pour la simple raison qu’il n’est pas « Kosher » de voir les saoudiens sur la liste des donateurs de la fondation. Quant au Maroc, a travers ses institutions et ses sociétés publiques,il est dans son droit de créer des ponts et des réseaux qu’il juge lui être utiles dans une affaire ou une autre. Après tout, c’est une pratique courante et ça fait partie du « soft power ». Le temps est a la retenue dirait-on dans le jargon diplomatique mes amis de Telquel.ma