L’American Jewish Committee (AJC) indique dans un communiqué daté du 16 mars avoir rencontré le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane ainsi que d’autres hauts responsables, sans préciser quand cette rencontre a eu lieu.
La visite, qui n’a fait l’objet d’aucune mention par l’agence de presse MAP, n’apparaît nulle part sur les publications électroniques de la Primature (site web et réseaux sociaux) ; et un conseiller d’Abdelilah Benkirane, contacté par Telquel.ma dans la matinée du mercredi 18 mars, n’a pas répondu à nos questions.
L’American Jewish Committee se présente sur son site web comme la « principale organisation de défense mondiale des Juifs », et reprend la présentation qu’en a faite le site américain Salon.com de « plus puissant lobby pro-Israël des Etats-Unis ». Fort d’un réseau de « bureaux à travers les États-Unis et la planète », l’AJC dit qu’il « travaille à améliorer le bien-être du peuple juif et à faire progresser les droits de l’Homme et les valeurs démocratiques pour tous ».
L’AJC soutient le plan d’autonomie marocain au Sahara
Jason Isaacson, qui a mené la délégation de l’AJC à travers cinq villes du royaume à la rencontre de hauts responsables du royaume, estime que le Maroc est « un modèle et un défendeur de la modération » au beau milieu d’une « ère de troubles dans le monde arabe », peut-on lire dans le communiqué.
Dans ce texte, l’AJC apporte également son soutien à « l’intégrité territoriale du royaume historique, notamment à sa souveraineté avec autonomie locale dans la région du Sahara occidental », ainsi qu’à « l’implication [du Maroc] dans la coalition contre l’État islamique ».
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Plus de 50 ans de liens entre l’AJC et le Maroc
L’American Jewish Committee a des liens réguliers avec le Maroc : Jason Isaacson, décoré par Mohammed VI en septembre 2009, était venu rencontrer en décembre 2010 « l’ancien ministre d’État Mohand Laenser, Salaheddine Mezouar, à l’époque argentier du royaume et André Azoulay, conseiller royal », comme le rappelle Yabiladi.
Un document publié par le compte Twitter anonyme Chris Coleman à l’automne dernier mentionne une invitation à se rendre au congrès annuel de l’AJC adressée à Yassine Mansouri, chef de la Direction générale des études et de la documentation (DGED, services de renseignement) par Jason Isaacson (voir la lettre à droite). Dans cette invitation, Jason Isaacson indique que l’American Jewish Committee a « joué un rôle » dans une lettre de soutien du Sénat américain à la position marocaine.
Déjà en 1954, Ahmed Balafrej, figure de l’Istiqlal, à l’occasion d’un déplacement à New York, rencontrait les membres de l’American Jewish Committee, à qui il assurait que le jeune État marocain était attaché à l’égalité entre tous ces citoyens.
L’AJC veut que Washington renforce ses liens avec Rabat et Tunis
L’AJC, qui avait précédemment été en Tunisie y rencontrer des hauts responsables, des membres de la société civile et des représentants de la communauté juive tunisienne, réunit dans son communiqué ces deux visites au Maghreb. Le texte précise que les responsables de l’American Jewish Committee plaident pour que les États-Unis renforcent leurs liens avec le Maroc et la Tunisie.
De fait, l’AJC sait obtenir toute l’attention des décideurs politiques américains, s’invitant dans les débats politiques outre-atlantique, que ce soit pour pousser le Sénat américain à annuler un veto du président Obama sur la construction d’un pipeline pétrolier parce que l’organisation estime qu’il permettrait de damer le pion aux pays exportateurs de pétrole et notamment à l’Iran, ou pour participer à une campagne contre la nomination du républicain Chuck Hagel au poste de secrétaire à la Défense, suite à ses propos sur l’existence d’un « lobby juif » influant la politique étrangère de Washington.
L’influence de l’AJC est également perceptible dans la politique française, que l’American Jewish Committee examine de près, l’organisation s’alarmant notamment de l’antisémitisme des musulmans français. En février 2014, le lobby a notamment été reçu par Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur français, avant de recevoir en mai 2014 à Washington Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, en qualité d’invité d’honneur, lors de sa conférence annuelle.
Le lobby peut également organiser des colloques conjointement avec le think tank français Terra Nova, proche du Parti socialiste, ou recevoir le président français Nicolas Sarkozy accompagné de trois ministres pour le remercier de son action.
Merci à eux! Beaucoup de juifs marocains sont restés fidèles à leurs pays et lui rendent des services…En plus ils réussissent bien partout…il faudrait plutôt chercher à les imiter et à reproduire leurs recettes au lieu de brailler (je me doute bien que quelques commentateurs vont s’y mettre).