Le Parquet de Düsseldorf annonce ce vendredi que des attestations d’arrêt maladie avaient été retrouvés déchirées chez Andreas Lubitz mais pour l’heure aucune lettre d’adieux annonçant un acte prémédité à l’origine de la catastrophe qui a fait 150 morts. Ces documents saisis viennent «appuyer la thèse» selon laquelle le jeune homme «a caché sa maladie à son employeur (la compagnie aérienne Germanwings) et à son environnement professionnel», selon le Parquet.
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Les documents retrouvés attestent d’une «maladie existante et de traitements médicaux correspondants», a précisé le Parquet qui n’a pas révélé la nature de la maladie. Mais le quotidien allemand Tagesspiegel affirme que le jeune homme était suivi pour dépression à l’hôpital universitaire de Düsseldorf.
Il y a six ans, alors qu’il suivait sa formation de pilote, Andreas Lubitz avait souffert d’une grave dépression, a révélé le quotidien allemand Bild, sur la base de documents officiels auxquels il a eu accès. Le pilote, originaire de la petite ville tranquille de Montabaur, dans l’ouest de l’Allemagne, faisait l’objet d’un suivi «médical particulier et régulier» depuis lors, selon le quotidien. Bild souligne que ces informations avaient été transmises par la Lufthansa, maison-mère de Germanwings, à l’autorité allemande de supervision du transport aérien (Luftfahrtbundesamt, LBA).
Présenté par ses proches comme sportif et «très compétent», Andreas Lubitz avait interrompu son apprentissage «pendant un certain temps» avant de l’achever normalement et d’entamer sa carrière de copilote en 2013, selon des indications fournies jeudi par le patron de la Lufthansa, Carsten Spohr. Le dirigeant avait souligné ne pas avoir le droit d’en dire plus sur le motif de l’interruption de sa formation. Il avait insisté sur le fait que Andreas Lubitz avait passé avec succès tous les tests, y compris psychologiques au moment du recrutement.
L’enquête sur le drame, dirigée par les autorités françaises, s’est étendue jeudi à l’Allemagne après les révélations sur un acte volontaire présumé du copilote. La catastrophe a notamment tué 75 Allemands, dont quatre disposaient d’une double nationalité, et 52 Espagnols, et un jeune couple de Marocains qui venaient de se marier, selon un bilan du ministère allemand des Affaires étrangères.
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Vendredi, à Montabaur, dans l’Etat régional de Rhénanie-Palatinat, frontalier de la France, le domicile des parents du copilote, qui y résidait lui-même une partie du temps, était sous protection policière.
Le pilote fou
Un camion de police était stationné devant la maison aux volets baissés, a constaté une équipe de l’AFP, tandis que les rues alentour étaient désertes, mises à part les équipes de journalistes. Le maire de cette petite cité proprette a dit ressentir «de la compassion» pour les parents du copilote, ainsi que pour les victimes et leurs proches de «cette tragédie terrible». Dans le club d’aviation voisin, un adhérent, Dieter Wagner, a souligné qu’Andreas Lubitz était «un jeune homme tout à fait normal» dont il ignorait la maladie. Il a toutefois précisé ne pas l’avoir vu «depuis 5 ou 6 ans».
En France, les recherches ont repris en début de matinée à Seyne-les-Alpes, dans la zone du crash de l’A320. Pour les enquêteurs, il s’agit avant tout de retrouver la deuxième boîte noire et d’identifier au plus vite les corps evacués de la montagne, notamment grâce aux prélèvements effectués sur les familles jeudi après-midi.
«Des débris de l’avion, il ne reste pas grand-chose, c’est surtout les restes humains qui sont nombreux à collecter. Les opérations pourraient encore durer deux semaines», a déclaré à l’AFP le lieutenant-colonel Xavier Vialenc, porte-parole de la gendarmerie. Parmi la quinzaine d’enquêteurs, dix se consacrent aux prélèvements ADN effectués sur la montagne et cinq autres à l’enquête judiciaire.
Dans une Allemagne stupéfaite, une photo d’Andreas Lubitz, le visage marqué par l’effort et courant le semi-marathon de Francfort en 2013, occupait toute la Une de Bild avec ce titre: «Le pilote fou». Les enquêteurs français avaient annoncé jeudi que le crash de l’avion, qui devait relier Barcelone à Düsseldorf, avait sans doute été provoqué intentionnellement par le copilote de l’appareil tandis que le pilote avait été empêché de regagner le cockpit après s’être absenté quelques minutes.
Selon Bild, le pilote a tenté de forcer la porte blindée du poste de pilotage avec une hache. Mais sans succès. A 10h53 locales mardi, l’Airbus A320 s’est écrasé contre la montagne.
Par Céline Jankowiak avec Yannick Pasquet à Berlin
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