Germanwings: le copilote voulait «vraisemblablement détruire» l'appareil

Le copilote de l'Airbus A320 de Germanwings, seul aux commandes, a vraisemblablement eu « la volonté de détruire » l'appareil, affirme le procureur en charge de l'enquête judiciaire, Brice Robin.

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Un des plus gros débris sur le site du crash de l'Airbus de la compagnie Germanwings.
Un des plus gros débris sur le site du crash de l'Airbus de la compagnie Germanwings. Crédit: AFP

Le procureur de la République à Marseille, Brice Robin, chargé du dossier du crash de l’Airbus de Germanwings qui a fait 150 victimes mardi 24 mars, a confirmé lors d’une conférence de presse ce jeudi à 11h30 (heure GMT) les informations révélées par le New York Times, selon qui l’un des pilotes a quitté le cockpit et n’a pu y retourner avant la chute de l’avion.

« Au début du vol, on entend l’équipage parler normalement, puis on entend le bruit d’un des sièges qui recule, une porte qui s’ouvre et se referme, des bruits indiquant qu’on retape à la porte et il n’y a plus de conversation à ce moment-là jusqu’au crash », a indiqué  un responsable militaire participant à l’enquête au New York Times.

Le pilote a essayé de défoncer la porte

Le pilote à l’extérieur « frappe légèrement à la porte et il n’y a pas de réponse », a déclaré l’enquêteur. « Alors ensuite, il frappe plus fort à la porte et pas de réponse. Il n’y a jamais de réponse. » Et l’enquêteur, resté anonyme, d’ajouter, « on peut entendre qu’il (le pilote, ndlr) essaie de défoncer la porte ». Mais il n’avait aucune chance, celle-ci étant blindée, selon les normes internationales contre les attaques terroristes.

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Les deux pilotes s’exprimaient en allemand. Et, à la fin du vol, les alarmes indiquant la proximité du sol retentissent. Le procureur Brice Robin a indiqué que c’était le copilote, Andreas Lubitz, 28 ans, qui était enfermé dans le cockpit, et le commandant de bord qui essayait désespérément d’y entrer.  Selon le procureur, « le copilote est seul aux commandes» et, de manière « volontaire», « il manipule les boutons » qui actionnent « la descente de l’appareil », a-t-il dit lors d’une conférence de presse. L’action du copilote, « de nationalité allemande» et « pas répertorié comme terroriste », « s’analyser comme une volonté de détruire l’avion », a précisé le procureur.

Les passagers ne se sont rendu compte du crash « qu’au tout dernier moment »

Le procureur a ajouté que quelques secondes avant l’impact, « On entend alors un bruit de respiration humaine à l’intérieur de la cabine, que nous entendons jusqu’à l’impact final. Le copilote était donc a priori vivant ».

Ces informations proviennent de l’audition par les enquêteurs de la boîte noire enregistrant les sons dans le cockpit. Le cockpit voice recorder (CVR) a été retrouvé mardi quelques heures après l’accident et sa lecture a été effectuée mercredi en fin de journée.

Selon ces enregistrements, les passagers ne se sont rendu compte du crash « qu’au tout dernier moment » a précisé le procureur qui a évoqué la « mort instantanée » des victimes, et leurs « cris dans les tout derniers moments ».

Hélitreuillage des victimes

Les premiers corps ou restes des 150 victimes de l’accident de l’Airbus de Germanwings, filiale de Lufthansa, ont été hélitreuillés mercredi par les équipes de secours sur le lieu du drame, où sont attendus jeudi des familles de victimes, venant surtout d’Allemagne et d’Espagne. Les familles des deux victimes marocaines, accompagnées par le consulat général du Maroc à Marseille devraient également s’y rendre, selon la MAP. Mohamed Tehrioui, 24 ans, accompagné de sa jeune épouse Asmae Ouahoud El Allaoui, 23 ans, se rendaient à Düsseldorf après s’être mariés trois jours plus tôt à Barcelone.

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Plusieurs centaines de personnes, familles ou proches des victimes, doivent être accueillies dans les chapelles ardentes dressées dans deux localités proches du lieu de l’accident, Seyne-les-Alpes et Le Vernet. Mercredi, les dirigeants français, allemand et espagnol François Hollande, Angela Merkel et Mariano Rajoy se sont recueillis sur le lieu du crash.

Sur le lieu de l’accident, à 1 500 mètres d’altitude dans une zone difficile d’accès, plus de 300 gendarmes, 280 policiers, une centaine de sapeurs-pompiers, 70 chasseurs alpins venus de Gap, ainsi qu’une dizaine de médecins-légistes, sont mobilisés pour les opérations de recherche et d’enquête, qui doivent reprendre jeudi matin.

L’avion a volé jusqu’au bout

L’identification des corps prendra « des jours et même des semaines », a prévenu le procureur de la République de Marseille Brice Robin. Interpol a envoyé une équipe de spécialistes, pour aider à cette tâche. Sur l’explication du drame, « à ce stade, on ne ferme aucune hypothèse », avait indiqué mercredi le directeur du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) Rémi Jouty, précisant toutefois que l’avion n’avait pas explosé en vol, mais avait bien « volé jusqu’au bout » avant de se désintégrer en milliers de morceaux contre la montagne.

Mercredi matin, le ministre de l’Intérieur français avait indiqué que l’hypothèse terroriste n’était « pas privilégiée ». « Si les pilotes n’ont pas empêché l’avion d’aller s’écraser contre les montagnes, c’est que soit ils étaient inconscients ou morts, soit ils ont décidé de mourir, soit on les a obligés à mourir » avait résumé un expert.

Selon une autre source proche du dossier, interrogée dans la nuit de mercredi à jeudi par l’AFP le copilote de l’appareil était entré « récemment dans la compagnie » allemande Germanwings, filiale de Lufthansa, « fin 2013, avec à son actif quelques centaines d’heures de vol ». Sa nationalité n’est par ailleurs pas connue avec précision, a poursuivi la même source.

Avec AFP

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