Abdeslam Ahizoune: le partage des infrastructures exigé par l’ANRT est «inéquitable»

Lors de la présentation du bilan annuel du groupe Maroc Telecom, le président du directoire a également annoncé que l’opérateur historique avait renoué avec la croissance au Maroc.

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Abdeslam Ahizoune, président du directoire de Maroc Telecom. Crédit: Rachid Tniouni

A l’occasion de la présentation, le 23 février, du bilan de l’année 2014 du groupe Maroc Telecom, le président du directoire de l’opérateur historique, Abdeslam Ahizoune, a annoncé qu’IAM avait « renoué avec la croissance » au Maroc. En effet, le chiffre d’affaires de l’entreprise, au Maroc, a connu une hausse de 0,9% par rapport à l’année 2013.

Une croissance timide qui est notamment poussée par l’augmentation de 103,4% du nombre de clients Internet mobiles pour atteindre les 4,7 millions de clients, ce qui permet à l’opérateur de réunir 53,1% des parts du marché marocain. Le nombre de clients fixe a enregistré une croissance de 7,6% grâce à l’inscription de nouveaux clients ADSL.

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Abdeslam Ahizoune a ainsi indiqué que IAM comptait 984 000 clients ADSL, soit une hausse de 17,6% par rapport à 2013, ce qui représente 99,94 % du marché marocain. Le président du directoire de l’opérateur historique n’a pas manqué l’occasion d’aborder son désaccord avec l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) concernant le partage des infrastructures d’IAM avec ses concurrents Méditel et Inwi.

L’ANRT et Orange dans le viseur

L’ANRT a demandé à l’opérateur historique de partager ses installations de génie civil avec ses concurrents il y a plus d’un an, mais IAM a traîné des pieds avant de faire une offre respectant les conditions fixées par le régulateur. Lors de la conférence de presse, Abdeslam Ahizoune a qualifié d’« inéquitable » la décision de l’ANRT, car seule son entreprise est concernée par ce partage. Le président du directoire de Maroc Telecom estime que cette décision poussera les concurrents de son entreprise à « se contenter de ce qui existe » et aura un impact sur l’ensemble du pays qui est « perdant » car « sous-équipé ».

« La concurrence ne souhaite pas investir » dans l’ADSL ou dans les infrastructures, a dénoncé Abdeslam Ahizoune, qui a ensuite appelé Orange, actionnaire au sein de l’opérateur Méditel, à faire « comme en France » et « investir dans les infrastructures ». Cependant, malgré ces critiques, le patron d’IAM a assuré que Maroc Telecom se plierait à la décision prise par l’ANRT.

Abdeslam Ahizoune a également taclé certains géants du web comme Facebook, Whatsapp ou encore Viber. Il estime que ces compagnies devraient également participer à l’investissement dans les infrastructures à cause de leur consommation de bande passante. On notera qu’aux Émirats arabes unis, pays où est établi Etisalat, l’actionnaire majoritaire de Maroc Telecom, les services VoIP comme Viber ou Skype sont interdits.

Croissance soutenue à l’international

En ce qui concerne le groupe Maroc Telecom, Abdeslam Ahizoune a mis en avant une croissance de 5,6% du résultat net part du groupe (RNGP) qui atteint 5,85 milliards de dirhams en 2014. On notera qu’en 2013, un litige fiscal avait affecté son RNPG. Si le chiffre d’affaires consolidé du groupe a connu une croissance de 2,1% pour atteindre les 29 milliards de dirhams, dans le même temps le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement du groupe a enregistré une contraction de 3,2%.

La stratégie d’internationalisation du groupe semble porter ses fruits : le chiffre d’affaires des filiales a connu une croissance de 11,3%. Ces dernières sont de plus en plus importantes pour Maroc Telecom. En effet, leur contribution au chiffre d’affaires global est passé de 15% en 2009 à 30% en 2014. Un chiffre qui témoigne du caractère « international » de l’opérateur historique selon Abdeslam Ahizoune.

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Abdeslam Ahizoune a d’ailleurs rappelé que l’année 2014 a été marquée par l’acquisition de six filiales en Afrique auprès de l’opérateur émirati Etisalat. Une opération pour laquelle Maroc Telecom a effectué un emprunt, sans intérêt, de 474 millions d’euros auprès d’Etisalat. Un emprunt qui sera remboursé durant les cinq prochaines années à raison de quatre tranches annuelles de 102 millions d’euros et une tranche de 66 millions d’euros. Un emprunt supplémentaire, toujours sans intérêt, de 200 millions d’euros a été effectué auprès de la compagnie émiratie pour « financer les investissements dans les nouvelles filiales ».

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