Zakaria Moumni «menacé» avec des photomontages porno

L'ancien champion de kickboxing Zakaria Moumni qui a porté plainte en France pour torture contre le patron du contre-espionnage marocain, a de nouveau saisi la justice, affirmant avoir reçu des menaces venant du Maroc.

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Zakaria Moumni ( au centre) et ses parents.
Zakaria Moumni ( au centre) et ses parents. Crédit: AFP

Zakaria Moumni, ex-champion du monde marocain de kickboxing light contact, qui possède aussi la nationalité française, avait été arrêté au Maroc en 2010 et condamné dans une affaire d’escroquerie à 30 mois de prison au terme d’un procès qualifié d’ « inéquitable » par Human Rights Watch. Il a toujours affirmé avoir signé ses aveux sous la torture.

Libéré en février 2012 après une grâce royale, il avait ensuite sollicité une audience avec Mohammed VI pour lui demander une enquête sur les faits de torture qu’il dénonçait. Résidant en France, il avait été invité à se rendre en mars 2013 à Rabat pour rencontrer le roi, mais cette audience n’avait pu se tenir. Il a finalement déposé plainte pour torture en France en février 2014, en visant notamment Abdellatif Hammouchi, patron du contre-espionnage marocain (DGST), qu’il accuse d’avoir assisté aux sévices qu’il aurait subis. Une enquête est en cours à Paris.

 « Menace » et « atteinte à l’intimité de la vie privée »

Cette fois, il a déposé une nouvelle plainte à Nanterre pour « menace » et « atteinte à l’intimité de la vie privée », selon la source proche du dossier. Il affirme avoir reçu le 14 octobre un SMS provenant d’un numéro marocain contenant un photomontage pornographique le mettant en scène dans la chambre de l’hôtel de Rabat où il était descendu à l’invitation des autorités marocaines en mars 2013.

Ce message indiquait que 57 autres vidéos étaient disponibles. Il affirme également avoir reçu un deuxième message le 25 novembre, quelques heures avant qu’un homme ne sonne à l’interphone de son domicile français, en le menaçant de rendre publiques toutes les vidéos s’il ne retirait pas sa plainte. « Ce sont des méthodes de basse police qui relèvent des régimes les plus répressifs et les moins respectueux des droits de l’Homme », a déclaré à l’AFP son avocat, Me Patrick Baudouin. « J’espère que la justice française qui est saisie des actes de torture mènera l’enquête en toute indépendance et sans interférence à caractère politique», a-t-il ajouté.

Plusieurs autres plaintes contre Abdellatif Hammouchi avaient en février dernier entraîné une grave crise diplomatique entre Paris et Rabat -pas encore réglée- quand des policiers français s’étaient rendus à la résidence de l’ambassadeur du Maroc à Neuilly-sur-Seine, près de Paris, pour notifier au patron de la DGST — en visite en France — une convocation d’un juge d’instruction. En réaction, le royaume a notamment suspendu la coopération judiciaire franco-marocaine.

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