Fini les vidéos amateurs devant une webcam dans une chambre mal éclairée. Ces podcasteurs innovent, travaillent la mise en scène et évoquent des thématiques sociétales qui touchent le grand public. Ils parlent d’éducation, déplorent la corruption qui gangrène nos administrations, etc. Zoom sur des vidéastes engagés qui misent autant sur le fond que sur la forme pour diffuser leur message.
Hada machi podcast – Ali Bedar
Un teasing bien réfléchi et des vidéos remplies de symboles ont suscité l’engouement du public, nombreux à réagir aux vidéos de Ali Bedar, étudiant en sciences de communication à Rabat. « Je veux contribuer à détruire les stéréotypes et le pouvoir des apparences », explique Ali Bedar. Avec des vidéos à l’angle bien défini, il parle de l’éducation au Maroc, de la corruption et de la domination des apparences dans le pays. Il y a une véritable recherche dans la construction de ses épisodes, enrichis de références à des classiques du cinéma (The Big Lebowski…), de discours qui ont marqué l’histoire ou encore de symboles, qui constituent une sorte de devinette mystère qui renvoie systématiquement à l’épisode suivant.
« Dans chaque épisode, il y a une thématique claire que je développe en essayant de l’étoffer au maximum avec plusieurs références, et en fond, il y a toujours un côté mystérieux que je cultive pour les spectateurs qui ont envie de chercher plus, de discuter sur ma page », nous confie Ali Bedar. Son point fort reste incontestablement l’effort de contextualiser des références internationales de l’art et de les juxtaposer à des problématiques et des faits sociaux locaux.
Drari F’chkel – Amine Zarry
« J’ai fait beaucoup de publicité, donc je sais faire parler l’image, en plus j’aime le rap, c’était un challenge pour moi de mixer les deux », déclare Amine Zarry en évoquant son projet Drari F’chkel. L’idée maîtresse du podcast ? Traiter des problèmes de tous les jours à travers une expression entre le rap et le slam. Le concept visuel est simple, notre rappeur amateur en noir et blanc se met en scène avec plein d’animations parfaitement synchronisées à ses propos.
Dans son premier épisode, il fait des clins d’oeil à la scène rap marocaine, le tout avec beaucoup d’humour et une franchise non dissimulée. « Je parle de la situation des hôpitaux au Maroc, du calvaire du citoyen dans une administration, des sujets que j’emprunte au quotidien de tous les jours », nous explique-t-il. Mais Amine Zarry reste lucide, graphiste de formation, il préfère miser sur sa propre agence qu’il a créé récemment, « le rap reste un hobby, se lancer dans une carrière d’artiste n’est jamais sûr ici ».
Tsoulisme – Mohamed Tsouli
Une bonne dose de satire, un brin de dénonciation et beaucoup d’humour, c’est ainsi que se présente Tsoulisme, le podcast de Mohamed Tsouli qui est en passe de devenir un véritable phénomène du web marocain. Assis à son bureau façon talk show américain, Tsoulisme nous plonge dans l’actualité. Benkirane, Chabat, les discours royaux ou encore l’État islamique, tout y passe sans tabou. Mohamed Tsouli pointe du doigt le ridicule et ne fait pas dans la dénonciation explicite, il compte sur l’intelligence du spectateur pour tirer ses propres conclusions. Le succès est au rendez-vous puisque certaines vidéos dépassent facilement les 100 000 vues.
drari fchkl homa li kaynin f hadchi ! taykhdmo 3l texte o 3Arfin 3lash dawyin! mashi b7al bnadm baghi yban