Les artistes plasticiens en colère contre le musée de Rabat

La préparation de l'inauguration du musée Mohammed VI d'art moderne et contemporain a lieu dans une ambiance tendue. Le syndicat des artistes plasticiens marocains conteste l'exposition d'inauguration du musée, ainsi qu'une exposition sur l'art contemporain prévue à l'institut du monde arabe et appelle à un sit-in le 14 septembre.

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Le musée Mohamed VI d'art moderne et contemporain de Rabat
Le musée Mohamed VI d'art moderne et contemporain de Rabat. Crédit : E. Baudran

Dans un communiqué publié le lundi 8 septembre, le syndicat des artistes dénonce « la marginalisation des composantes associatives et syndicales, ainsi que des acteurs artistique majeurs » lors de la préparation de deux expositions : 100 ans de création au Maroc, un événement censé faire une rétrospective de la création contemporaine du Maroc de 1914 à 2014, et qui fera office d’exposition d’inauguration du Musée d’art contemporain de Rabat, ainsi que Maroc contemporain, une exposition qui se tiendra à l’Institut du monde arabe à Paris et qui présentera les différentes facettes de la création contemporaine marocaine.

« Il faut impliquer les associations syndicales dans le processus de préparation de ce genre d’événements », reproche Abdellatif Zine, président du syndicat, avant de poursuivre : « Nous refusons que le directeur de la Fondation des musées choisisse une seule personne pour organiser une exposition d’une telle ampleur ». Abdellatif Zine va même jusqu’à qualifier d’impertinent le choix des œuvres exposées, justifiant cela par le fait qu’il était « dépendant des prêts des banques et autres institutions publiques et privées disposant d’œuvres d’art ».

La Fondation des musées dans l’incompréhension

Du côté de la fondation des musées, l’incompréhension est totale. « L’exposition a été organisée selon des standards internationaux, et dans ce sens, ce sont les commissaires d’exposition désignés (Mohamed Rachdi et Aziz El Idrissi pour l’exposition 100 ans de création, ndlr) qui sont à la charge du choix des œuvres exposées » nous explique Mehdi Qotbi.

Pour l’exposition Maroc contemporain, il clarifie la situation : « Jack Lang et moi ne sommes pas intervenu dans le choix des œuvres, nous faisons confiance aux commissaires chargés d’effectuer la sélection ». En effet, ce sont Moulim Laaroussi, Mohamed Metalssi et Jean Hubert Martin qui sont à la charge de la mise en place de cette exposition parisienne qui se tiendra du 15 octobre au 25 janvier prochains. Le dernier nom n’est pas du goût de Abdellatif Zine, qui qualifie ce choix de « tutelle française ».

La réaction de la fondation des musées reste empreinte de désolation : « Il faut que ces gens sortent de leur individualisme, les artistes devraient se réjouir de voir un tel lieu de culture se mettre en place au Maroc. Tous les artistes ne peuvent pas être cités dans cette exposition, mais nous n’excluons personne », déplore Mehdi Qotbi.

Par ailleurs, l’exposition 100 ans de création au Maroc devrait retracer le paysage artistique contemporain du pays à travers une sélection significative d’artistes qui ont marqué le siècle dernier. Parmi les noms, on retrouve des pointures de la peinture marocaine, à l’image de Mohamed Kacimi, Mohamed Chabaa et Mohamed Gharbaoui, ainsi que plusieurs jeunes acteurs de la scène artistique, Zineb Andress Arraki, Zbel Manifesto et Hicham Berrada sont déjà confirmés.

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  • Je ne doute pas des compétences de notre ami Mehdi Qotbi, de son équipe, de sa didactique, mais je regrette profondément qu’il n’ait pas pensé à mettre l’oeuvre en estampe au musée, surtout que le musée est sensé exposer des oeuvres marocaines, toutes disciplines confondues, depuis leurs débuts jusqu’à nos jours.

    J’aimerais que Mehdi Qotbi, en tant que grand peintre marocain d’abord, ayant côtoyé les plus grandes figures de la culture, ayant vécu longtemps à l’international, connaissant parfaitement la valeur des estampes (connues depuis plus de 5 siècles en Europe) et en tant que président des musées du Maroc aujourd’hui; qu’il m’explique pour quelle raison ni lui ni le directeur du musée n’ont fait de place aux estampes marocaines, ni convoqué les éditeurs d’art au Maroc pour définir ensemble une collection pour notre musée.

    Les musées n’ont-ils pas pour rôle d’initier le public à toutes formes de créations artistiques? Doit-on éternellement se contenter de la peinture et des sculptures géantes?

    Citons que Farid Belkahia à lui seul, possède plus de 200 plaques gravées qui mériteraient d’être rééditées pour une rétrospective de son oeuvre gravée au sein de ce musée.

    Alors que certains jeunes artistes marocains ayant suivi les sentiers battus sont naturellement exposés au musée, d’autres ont fait le choix de monter une structure culturelle innovante pour le paysage artistique marocain, mais s’en voient refuser l’accès.

    Est ce un oubli, une négligence…?

    Aujourd’hui l’estampe mériterait un cabinet dans toutes les fondations et musées du Maroc: Villa des arts, SGMB, ONA, Maroc Télécom, Banque du Maroc et d’autres …

  • Dès qu’il y a une initiative nouvelle au pays…se réveillent alors les corporations ici et là…ils se sentent menacés dans leurs privilèges et leurs ronronnement éternels…Une nouvelle Université de Médecine qu’à cela ne tienne, branle bas de combat des praticiens enseignants qui pensent qu’ils sont les seuls à garantir l’enseignement de la médecine, même chose pour les paramédicaux qui ont organisé des sit-in…et coetera…Pour avancer il faut lutter contre les corporatistes ronronnant et conservateurs…Le Syndicat des plasticiens mérite le respect, mais n’a pas le monopole de l’Art dans ce pays! mettez vous à jour messieurs dame! Update!!!