Le Brésil s’est enfoncé dans les ténèbres. Ce n’était pas un match mais une mise à mort, un truc brutal, tellement puissant qu’il semble irrémédiable. Zakaria Boualem a regardé ça un peu gêné, il a pensé à un accident de voiture qui aurait duré deux heures. Il s’est dit qu’à force de gagner des matchs qu’ils auraient dû perdre, les Brésiliens se sont pris une sorte de rappel dans la figure. Comme si les forces supérieures du football, lassées d’être sollicitées pour faire gagner une équipe aussi pauvre, avaient attendu l’heure fatidique pour lancer leur vengeance : « Bon, vous avez gagné grâce à des pénos qui n’en étaient pas, grâce à des cartons qui ne sont pas sortis, grâce à une espèce de folie que vos avez su produire pendant vos matchs. Mais vous êtes le Brésil, ce genre de technique n’est pas pour vous, vous avez arnaqué la planète en vendant du Jogo Bonito et là, soudain, vous voulez gagner comme des Grecs. Vous serez châtiés… »
Zakaria Boualem est encore sous le choc, il a vu se dérouler sous ses yeux un match qui sera encore évoqué dans une trentaine d’année, c’est émouvant. Car il ne s’agit pas de défaite mais de chouha, on connaît bien la différence chez nous. Un objet mondial qui déclenche de la moquerie cybernétique en quantité infinie. Il espère de toutes ses forces qu’elle épargnera les Argentins ce soir, et merci.