Ahmed Taoufiq: «J’ai peur que la politique soit pervertie par la religion»

Dans une conférence de presse organisée le mercredi 9 juillet, Ahmed Taoufiq est revenu sur le dernier dahir émis interdisant aux imams toute activité politique et syndicale.

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Photo : Rachid Tniouni

Le mercredi 9 juillet, s’est tenu au siège du ministère des Habous et des affaires islamiques une conférence de presse présentée par le ministre lui-même pour expliquer le dahir relatif à l’organisation des tâches des préposés religieux et à la définition de leurs situations. L’occasion pour lui de revenir sur les différentes questions soulevées par la presse nationale et internationale quant à l’interdiction pour les imams de toute activité politique et syndicale.

D’emblée, le ministre Ahmed Taoufiq a tenu à préciser : « les interdictions ne sont pas nouvelles, elles ne sont là que pour rappeler la pratique ». Selon lui, la séparation entre le religieux et le politique pour les imams est plus que jamais d’une grande nécessité :

On ne peut pas avoir d’imams dirigeant des prières et qui divergent politiquement des prieurs. Je n’ai pas peur que la religion soit pervertie par la politique, mais plutôt que la politique le soit. Quant à la religion, nous n’avons pas à avoir peur. Elle a suffisament vécu d’épreuves et peut s’adapter.

« Les imams n’ont pas à donner leur avis »

Revenant sur le dahir en général, Ahmed Taoufiq a tenu à assurer « qu’au-delà des interdictions, le dahir apporte beaucoup de nouveautés ». Ici, le ministre fait notamment allusion à la définition des préposés religieux, qui est précisée, aux attributions qui sont maintenant clarifiées ainsi qu’aux droits et obligations des préposés religieux. Par ailleurs, le ministre des Affaires islamiques a également rappelé « la mise en place d’une commission nationale pour recevoir les requêtes et plaintes des préposés religieux ».

En plus des interdictions, le fait que les imams n’aient pas été consultés a également été critiqué par les associations des préposés religieux, notamment leur ligue nationale. Le ministre, interrogé par Telquel.ma, n’a visiblement pas apprécié la polémique :

Le dahir organise les préposés religieux et ceux-ci n’ont pas à donner d’avis concernant sa rédaction.

Rappelant également que le roi est parfaitement dans son droit d’émettre ce dahir, en vertu de l’article 41, qui prévoit que « le roi exerce par dahirs les prérogatives religieuses inhérentes à l’institution de commanderie des croyants qui lui sont conférées de manière exclusive par le présent article ».

« Un imam est neutre par nature »

Interrogé sur le timing d’émission de ce dahir, qui coïncide avec les prochaines élections communales, le ministre a tenu à réfuter toute relation entre ces deux événements : « il n’y a aucun lien et ce serait réducteur pour le dahir de le penser ». Ainsi il assure que ce n’est pas pour faire taire les  imams et préposés religieux proches du Parti de la justice et du développement.

Par ailleurs, le ministre est revenu sur les accusations d’instrumentalisation des imams, en déclarant « qu’il n’est pas de coutume que le ministère distribue aux imams les prêches à faire ». Tout en insistant sur certaines exceptions : « mais il nous arrive de le faire, quand un ministère nous le demande. C’est le cas par exemple du ministre de la Santé qui peut nous demander de mener une campagne pour la vaccination ». Pour conclure, Ahmed Taoufiq espère qu’« il arrivera bien un jour où tout le monde prendra conscience que plus rien ne sert à faire pression sur un imam. Il est neutre par nature. »

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  • la religion fait partie de la politique et le politique fait partie de la religion.
    je ne connais aucune organisation au monde qui peut réunir des millions de gens le vendredi pour leur faire passer un discours « moral » sans aucun débat contradictoire
    la meilleur solution c’est de laisser les imams à guider la prière sans discours de vendredi