Cherkaoui Semmouni: «Le dahir sur les imams est inconstitutionnel»

Un dahir interdit aux imams l’exercice de toute activité politique et syndicale. Un recul, selon le CMDH.

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(Photo d'illustration) Photo : DR

Un dahir publié le 2 juillet dans le bulletin officiel daté du 26 juin crée enfin un statut pour les imams des mosquées.

Le texte répond à certaines doléances sociales, en accordant un statut similaire à celui d’un fonctionnaire à l’échelle 10. Parmi les nouveautés, figure aussi la création d’une commission nationale dépendant du ministère des Habous et chargée de recevoir les requêtes et les plaintes des imams.

En revanche, l’article 7 de la nouvelle loi entrée en vigueur interdit aux imams « l’exercice de toute activité politique et syndicale » et même « toute position qui peut avoir un caractère politique ou syndicale ».

Le dahir précise également que sont bannis « tous les discours et actes qui peuvent perturber la tranquillité, la sérénité et la tolérance ».

Ce décret royal inaugure une nouvelle phase de la restructuration du champ religieux, entamée après les attentats du 16 mai 2003. Par ce texte, Mohammed VI réaffirme davantage son statut de commandeur des croyants.

« Dissocier activité politique et syndicale »

Pour Khalid Cherkaoui Semmoumi, vice-président du Centre marocain des droits de l’Homme (CMDH), « interdire aux imams une activité politique est tout à fait normal dans la mesure où cela peut gravement influencer ses prêches et son discours ».

D’ailleurs, en Tunisie ou en Algérie, les imams ont le droit de se constituer en syndicat. Pour K. Cherkaoui Semmoumi, « il faut dissocier l’activité politique du droit à l’activité syndicale ». , qui voit dans ce texte une entorse à la Constitution :

Ce texte est inconstitutionnel, même s’il s’agit d’un dahir. Les imams ont acquis certains droits grâce à leurs manifestations et à toutes les répressions qu’ils ont pu subir. On ne peut pas leur interdire ce droit, qu’est celui de revendiquer ce dont ils ont besoin.

Pour rappel, en 2011 et en 2012, plusieurs imams marocains ont manifesté devant le Parlement pour réclamer plus d’égalité, de justice, et un meilleur salaire. La plupart des imams perçoivent entre 800 et 1 200 dirhams par mois, une situation pécuniaire qui devrait s’améliorer par le nouveau dahir.

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