Stress hydrique. SOS sécheresse

Le rapport du CESE sur la gestion de l’eau au Maroc insiste sur la nécessité de revoir, de fond 
en comble, les choix du Maroc en la matière.

A grandes problématiques, mots adaptés. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) en a fait une démonstration lors de sa présentation du rapport « La gouvernance par la gestion intégrée des ressources en eau au Maroc : levier fondamental de développement durable », le 27 mars à Rabat. Un rapport sans concession qui a souligné que la gestion des ressources en eau au Maroc est chaotique. Et l’avenir s’annonce sombre du fait d’une demande de plus en plus croissante, associée à une offre menacée par des facteurs tels que le changement climatique et l’épuisement ou la dégradation des ressources.

Cap sur la pénurie

Le rapport plaide pour « l’examen des possibilités de dessalement d’eau de mer, de réutilisation des eaux usées épurées, de déminéralisation des eaux saumâtres et d’exploitation de l’humidité de l’atmosphère ». Le développement de tels projets étant extrêmement énergivore, le CESE invite à renforcer « la synergie entre la stratégie nationale de l’eau et la stratégie nationale de l’énergie par l’amélioration de la programmation et l’agencement des projets des énergies renouvelables (solaire, éolienne, biomasse…) pour le développement des ressources en eau ». L’épuration occupe une place maîtresse dans le plan présenté par le CESE. Afin d’atteindre un objectif d’épuration de 80% à l’horizon 2020 , il faut accélérer « la mise en œuvre du Plan national d’assainissement (PNA) et du Programme national des déchets ménagers (PNDM) », mis en place en 2006 avec une enveloppe de 37 milliards de dirhams, et qui a peu avancé depuis. Le rapport pointe également du doigt les politiques de gestion de l’eau cantonnées à un espace géographique précis, et sans vision à long terme. Du côté des institutions, le CESE souligne le faible pouvoir décisionnel de certaines institutions en charge de l’eau au Maroc, comme le Conseil supérieur de l’eau et du climat, dont il faut renforcer les prérogatives en tant qu’instance nationale de concertation, d’orientation et d’évaluation de la politique nationale du secteur de l’eau. L’inactivité d’autres entités, telle que la Commission interministérielle sur l’eau (CIE), dont la dernière réunion remonte à 2001, figure aussi à l’ordre du jour.

Réguler et surveiller

Si la situation de l’eau au Maroc est aujourd’hui critique, c’est en partie à cause du manque d’actualisation des plans d’action et de gestion. De ce fait, il faut nécessairement qu’il y ait « régularité du processus d’actualisation, de validation, de publication et de mise en œuvre de la stratégie nationale, et des plans nationaux et régionaux dans les domaines de l’eau, de l’assainissement liquide et d’épuration des eaux usées ». Sans oublier les diverses violations de la loi sur l’eau, et qui se sont généralisées jusqu’à faire partie de la vie quotidienne des Marocains. Pour y mettre fin, le CESE conseille de renforcer les attributions en termes de sanctions et des moyens de la police de l’eau ainsi que l’instauration d’une coordination effective et efficiente avec les autres organes de contrôle (inspecteurs de l’environnement, police et gendarmerie de l’environnement et agents des eaux et forêts). Pour cela, il faut revoir l’arsenal législatif, aujourd’hui caduc.

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