Asghar Farhadi, le Persan qui explore les âmes

Drame. Le Passé sonde les névroses et les non-dits d’une famille recomposée. Un film qui confirme que le cinéma iranien est l’un des meilleurs au monde.

Il y a des films qu’il faut aller voir parce que leur réalisateur en vaut la peine. Le Passé en fait partie. Depuis quelques années, Asghar Farhadi est la valeur sûre du cinéma iranien contemporain. Il ne verse pas dans le contemplatif et l’élitisme d’Abbas Kiarostami (très bon par ailleurs), il ne fait pas non plus dans le brûlot politique. Farhadi sonde les failles de l’humain, palpe l’indicible et ouvre grand une fenêtre sur l’Iran. Le Passé, son dernier film, est le premier à investir d’autres terres que les persanes. A Paris, Ahmed, campé par l’Iranien Ali Mosaffa, et Marie, interprétée par Bérénice Bejo, se retrouvent dans le hall d’un aéroport. Ces deux-là se sont aimés, mais se rencontrent aujourd’hui pour divorcer. Ahmed est accueilli dans la maison de sa future ex-femme qui vit désormais avec un nouvel homme : Samir (Tahar Rahim). Dans cette maison de banlieue se profile un drame familial. La fille de Marie aboie sa haine au visage de sa mère, le fils de Samir n’aime pas Marie, et Ahmed, au milieu de tous, joue à l’homme vertueux. Au cœur des névroses et des non-dits, un lourd secret pèse sur cette famille recomposée. Bien sûr, Asghar Farhadi ne livrera pas tout en un seul morceau. Il fait macérer la vérité, de façon à ce qu’elle devienne la plus juste possible, c’est-à-dire multiple, souvent subjective et pesant lourdement sur la conscience de chacun. Les longs plans-séquences sont majestueux, et la beauté de la réalisation fait oublier l’hystérie et l’excès de bavardage du film. Que Le Passé ne décourage pas ceux qui découvrent ce cinéaste. La fête du feu et Une séparation, deux de ses autres films,  sont merveilleux et font de simples histoires de couples iraniens des morceaux d’universel. Comme le dit le cinéaste : « Si vous portez un regard distrait sur les êtres, vous n’apercevez que leurs différences, mais celles-ci ne sont jamais que de surface ».    

> Le 26 décembre à la Cinémathèque de Tanger

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