Playlist. Trois petites notes de musique...

Le ciel, le soleil, la mer et… la zik ! Chaque été se doit d’avoir sa propre bande-son. Du pire single au meilleur album, des têtes d’affiche aux groupes à la réput’ timide, le tri dans les sorties de ces derniers mois.

Amis DJ, ayez pitié

Certaines boîtes dont les DJ sont probablement sourds ou sadiques le passent déjà en boucle, sans se soucier de leur clientèle qui risque fort d’y perdre un tympan. Le single Dingue de toi, de Sofiane, un mec obscur qui aurait participé à une quelconque émission de télé-réalité française, est annoncé par beaucoup comme le tube de l’été. Nous espérons vivement qu’ils se trompent, car le ridicule des paroles de ce titre n’a d’égal que la kitscherie du clip. Quant à la voix de Sofiane, nous dirons poliment qu’elle nous… énerve. Et avant même qu’ils n’y pensent, nous implorons ces mêmes DJ de ne pas nous infliger le nouveau titre Survival, catastrophe du groupe britannique Muse, choisi comme hymne officiel des Jeux Olympiques de 2012. Et ce même si Survival aura probablement un effet fort intéressant sur le plan sociologique : réconcilier les ados en crise et leurs fans de sport de pères.

Eternal sunshine of the punk

Après, nouvel album du king du punk Iggy Pop, est un brin décevant. En vérité, les critiques les plus avertis l’ont même déjà réduit en cendres, voué aux gémonies. Allez savoir pourquoi, Iggy s’est mis en tête d’enregistrer un album entier de reprises (Sinatra, Yoko Ono, Gainsbourg, Edith Piaf…), dont la moitié des titres sont chantés dans la langue de Molière… Résultat, quelques titres en anglais sont agréables à l’écoute, le chanteur y fait découvrir une voix tendre inattendue. Quant à celles en français… passons. En revanche, le come-back de son alter ego féminin, Patti Smith, est réussi. Son album Banga est très propre, avec un titre This is the girl – il s’agirait d’un hommage à Amy Winehouse – réussi. Dans la catégorie vieux punks, même Joey Ramone le leader du mythique groupe punk américain Ramones – mort et enterré depuis 2001 – est au cœur de l’actu musicale. Ya Know ? est un album posthume produit par le brotha’ du défunt. Ce dernier a laissé des artistes proches de Joey poser sur des voix et des mélodies qu’il avait enregistrées avant son décès.

Rap hardcore pour sales gosses

Oreilles sensibles et amateurs de soupe, passez votre chemin. Pour les autres, Yelawolf, l’étoile montante de l’Alabama, petit protégé de l’écurie d’Eminem, a sorti une mixtape en collaboration avec DJ Frank White et M16, Heart of Dixie. Puissante comme il faut, elle contient un titre à ne pas rater : Be the one. Pas assez hard ? Alors The Of Tape Vol. 2, premier album studio du collectif de rap, Odd Future Wolf Gang Kill Them All, vous rassasiera sûrement. La tronche la plus connue de la bande de L.A, Tyler the Creator a d’ailleurs sorti une mixtape estivale en solo : Summer Camp Mix. Sinon, si tout cela vous paraît encore trop doux, il ne vous reste qu’à plonger tête baissée dans l’univers des Californiens Death Grips dont l’album The Money Store, hybride entre rap sale et électro glauque, secousse musicale assimilable à un rail d’héro, ravit les inconscients et terrorise les autres. Vous attarder sur les clips des artistes susmentionnés vous expose en revanche à la crise d’épilepsie.

Empire State of Rock

Commençons notre virée américaine par la côte ouest. La Californie plus précisément. Le quatrième album des Crocodiles, Endless Flower, a beau avoir été enregistré à Berlin et produit à Paris, il dégage tout de même la chaleur moite typique de San Diego. Sous les grasses pattes des Crocodiles, les cordes de guitare paraissent comme tendues à la mort et semblent supplier un brin de clémence. Les fans de noise, eux, en redemandent. Plus à l’ouest, le guitariste des désormais légendaires Black Keys, Dan Auerbach, a récemment produit Locked Down, le dernier album de Dr John, artiste touche-à-tout, qui mêle habilement jazz et rock. A écouter en couple, en groupe de potes, pour danser, fumer, rêver ou plus. Enfin, à l’extrémité est de l’Empire mondial, les New-Yorkais de A Place to Bury Strangers ont pressé un troisième album, Worship, frénétique, vintage, barré. Mention spéciale au titre You are the one, dont le clip qui buzze sur la Toile effraie autant qu’il fascine.

L’Europe, à l’heure électronique

Les DJ, beat makers et autres tarés des machines à produire du son européens ne laissent aucun repos à leurs platines ces derniers mois. Imhotep, qui fournit le célèbre groupe de rap français IAM en beats et mélodies, a tapé dans tous les registres pour sa nouvelle galette Kheper : musique orientale, musique africaine, électro… L’érudition et la technique mêlées assurent un album de qualité. Autre pot-pourri bien réussi, R.I.P, du Britannique Actress. L’artiste y mêle tout un tas de styles, puis distend, tord, compresse, réverbère à n’en plus finir, pour le plus grand bonheur des amateurs de sons semblant venus d’une autre galaxie. Et en direct from Berlin, capitale de la musique électronique, Carsten Aermes, un vétéran de la scène, a sorti Black Boulder – Phon.o, un truc aqueux, futuriste, où le bpm varie à la seconde, vous endort comme une berceuse et, d’un coup, vous réveille sans prévenir. Les Aficionados disent de lui qu’il est “une sortie marquante de l’année en matière de dubstep”. Nous, on plane à l’écoute, ça nous suffit.

Lomé-Abidjan

Les membres du duo togolais Jey-Liba s’autoproclament “griots des temps modernes”. Leur rêve : que Lomé, la timide capitale du Togo, se transforme en nouvelle Abidjan. Leurs paroles : des appels naïfs à l’unité africaine, des dédicaces touchantes à leurs mamans, des coups de gueule idéalistes contre l’exploitation des mineures. Leur remède en attendant tout ça : Odyssée, un scud rythmé, délire, entre hip-hop et coupé décalé. Le plus académique musicien malien Ben Zabo, ancien élève du conservatoire de Bamako, producteur, guitariste et chanteur, a sorti son premier album, au croisement de la musique malienne, du funk et du jazz, encensé par la critique : Ben Zabo. Tout simplement. Les passionnés ou les plus curieux se pencheront quant à eux sur le cas d’une compilation étonnante : Ivory Coast Soul – Afrofunk in Abidjan. Deux artistes, Djamel Hammadi et DJ Lebrun ont pioché dans de vieux vinyles pressés entre 1976 et 1981 en Côte d’Ivoire par les plus grands noms de l’afrofunk. La bande-son du panafricanisme et des soirées endiablées de l’Abidjan des seventies s’offre à vous.

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