Selon Ait Taleb, les nouvelles mesures de restriction dureront au moins 14 jours

Le ministre de la Santé a convoqué ce 27 juillet une conférence de presse pour éclaircir les contours de la décision prise hier de fermeture d’accès à huit villes sur tout le territoire. Il en ressort notamment que la situation épidémiologique évolue aujourd’hui “de manière inquiétante et imprévisible”. Un “danger pour la sécurité sanitaire du pays”.

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Conférence de presse du ministre de la Santé Khalid Ait Taleb. Crédit: Rachid Tniouni/TelQuel

Khalid Ait Taleb a exposé des données d’augmentation des cas graves dans certaines provinces, du nombre de morts et de cas de contamination. “Nous n’avons pas connu une telle hausse durant les quatre premiers mois de confinement. Cette situation est constatée depuis la levée du confinement”, a souligné le ministre.

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Deux semaines de records

En deux semaines, l’augmentation du nombre de cas atteints de Covid-19 a été supérieure à celui que nous avons enregistré durant les quatre premiers mois de confinement, ce qui nous effraye”, a exprimé le ministre de la Santé.

On apprend par son biais que la région Casablanca-Settat a totalisé durant les deux dernières semaines 2906 cas, contre 2162 entre le 2 mars et le 14 juin. À Tanger-Tétouan-Al Hoceima, 3387 cas en deux semaines, contre seulement 1334 durant la période de confinement. Idem à Fès-Meknès, où le nombre de cas enregistrés ces deux dernières semaines a été de 1605, contre 1054 avant la levée du confinement. “L’accélération de la courbe ascendante empruntée par le virus devait s’accompagner par une accélération des mesures”, justifie le ministre.

L’indice de reproduction virale est donné à titre d’exemple. Il est de 1,9 à Tanger ; 1,7 à Fès ; et 2,35 à Berrechid.

Exaspérations entendues

Khalid Ait Taleb dit “comprendre” le mécontentement des citoyens en l’absence d’un délai précédant la mesure annoncée dans l’après-midi d’hier. “Le virus non plus ne nous donne pas de délais”, a-t-il répondu.

À l’approche des festivités de l’Aid, le médecin de profession incite sur le fait que l’autopréservation importe plus que tout. “Je pense que les Marocains en sont conscients, car la situation ne tolère pas de relâchement. Ils doivent aujourd’hui s’engager et adhérer”, propose-t-il.

Sans se lancer dans un diagnostic précis, le ministre a expliqué que “ce qui est arrivé a pour cause de l’indolence et le non-respect des procédures préventives lors de la troisième phase de déconfinement”. L’augmentation ayant été attestée dans un premier temps à Tanger, avant de gagner les sept villes concernées aujourd’hui par l’interdiction d’accès.

Ça a généré une pression sur les établissements de santé, avec un personnel excédé et stressé, alors que nous avons besoin d’une énergie supplémentaire pour suivre les besoins sanitaires des citoyens”, a précisé Ait Taleb.

Un reconfinement à l’horizon ?

Par rapport à cette décision du dimanche “prise par les pouvoirs publics avec beaucoup de sérieux”, le responsable gouvernemental promet “une interaction avec les citoyens en cas d’urgence”. Il demande aussi au reste de la population de “se responsabiliser”, et de “considérer que le déplacement constitue un danger”.

Khalid Ait Taleb affirme que le gouvernement ne souhaite pas un retour aux mesures de confinement “car ses répercussions sont extrêmement sévères” et déclare que “ce ne sont pas les chiffres en eux-mêmes qui font peur, mais la dynamique de l’évolution”.

Le Maroc choisit une trajectoire progressive”, contrairement au Kazakhstan qui, selon le ministre de la Santé, est le seul pays au monde à avoir décidé un retour au confinement. Mais Ait Taleb assure qu’“on n’a pas encore épuisé toutes nos solutions qui sont en partie entre les mains du citoyen marocain”.

Demain c’est loin

En termes de visibilité, Khalid Ait Taleb n’a pas versé dans les détails. “Il y a des études de modélisation qui peuvent prédire l’évolution, mais de jour en jour, il y a des situations qui peuvent être brutales, et pour lesquelles il faut une action aussi rapide”, rétorque le ministre.

Il a également démenti toute contamination de l’extérieure après la réouverture des frontières. “Nous avons relevé trois cas positifs jusqu’à présent. Donc les Marocains rentrés au pays ne sont pas à l’origine de cette situation”, a-t-il précisé.

Que reste-t-il à faire dans une situation pareille ? “Il ne faut pas que le virus sorte du périmètre urbain des villes interdites de circulation”, note Khalid Ait Taleb, qualifiant d’“importante” cette mesure pour que le Maroc reste parmi les pays qui contrôlent le mieux l’épidémie du Covid-19. Le ministre a aussi annoncé que les nouvelles mesures de restriction dureront au moins 14 jours.