A Skhirat, le Maroc veut cimenter sa place dans l'UA et s'imposer dans le débat sur la migration

Le coup d'envoi d'une retraite régionale consacrée à la migration a été donné le 30 octobre. Un évènement au cours duquel le Maroc souhaite enrichir la note de synthèse sur la thématique remise à l'UA et s'imposer comme un acteur important dans ce domaine.

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Crédit: Rachid Tniouni
Crédit: Rachid Tniouni

La « retraite régionale » consacrée à la migration s’est ouverte ce lundi 30 octobre au palais des Congrès à Skhirat. L’évènement, organisé par le ministère des Affaires étrangères, a rassemblé des représentants venus de douze pays africains représentant l’ « ensemble des régions africaines », a déclaré Nasser Bourita à la presse avant l’ouverture officielle du sommet.

Un évènement pour l’Afrique…

Bien que l’évènement n’ait pas été placé sous l’égide de l’Union africaine (UA), dont le drapeau était présent sur la scène centrale, il s’inscrit dans le cadre du mandat panafricain sur la migration confié au roi Mohammed VI par le président en exercice de l’organisation, Alpha Condé. Ce dernier était d’ailleurs représenté par son ministre d’État chargé de la Sécurité, Abdoul Kabele Camara.

Le but de cette réunion, qui connait également la participation de chercheurs et d’acteurs associatifs, est de rassembler plusieurs opinions pour poser les « premiers jalons d’un agenda africain sur la migration« , affirmait Nasser Bourita lors de son intervention.

Autre objectif, l’enrichissement de la note de synthèse faite par le roi Mohammed VI et présentée par le prince Moulay Rachid à Alpha Condé lors du dernier sommet de l’UA. L’importance de ce rapport a été soulignée, statistiques à l’appui, par le ministre des Affaires étrangères qui a déclaré que « la migration africaine reste en Afrique [car] 7,5 millions de migrants ouest-africains [restent] en Afrique de l’Ouest contre 1,2 million » de migrants dont la destination finale et l’Amérique du Nord et l’Europe et a rappelé que « 85% des gains de travailleurs migrants restent dans les pays de destination« .

À terme, cette réunion pourrait permettre, selon Nasser Bourita, de développer une approche africaine incluant les quatre axes développés par le roi Mohammed VI dans sa note à savoir: « une coordination régionale réussie, une perspective continentale pertinente et un partenariat international mutuellement bénéfique« .

…et le monde

L’évocation « d’un partenariat international mutuellement bénéfique » n’est pas fortuite d’autant que l’évènement a également été marqué par la présence de la Canadienne Louise Arbour, représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU pour la migration.

Avant l’ouverture de ce sommet, et devant les médias, la responsable onusienne se réjouissait de l’organisation de cette retraite par le Maroc qui est à la fois « un pays récepteur et émetteur [de migrants, NDLR] et un pays de transit« . Sa présence à cet évènement est d’autant plus importante que l’année 2018 sera marquée par l’adoption du Pacte mondial sur les migrations.

Un pacte pour lequel le Maroc souhaite qu’une Afrique « décomplexée qui s’assume » adopte une position unifiée lors des discussions relatives à ce texte ayant pour but de renforcer la coordination internationale dans ce domaine.

L’année 2018 aura une importance particulière pour le royaume et le domaine de la migration. En effet le Maroc, dans le cadre de sa coprésidence du Forum mondial pour la migration avec l’Allemagne, compte organiser un évènement « important » sur cette thématique, en mettant l’accent sur le continent africain. Aucune date n’a encore été annoncée pour cet évènement.

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