Lhou Lmarbouh: l'incident avec Amir Peretz "aurait pu valoir des sanctions au Maroc"

Le chef de la délégation marocaine à l'Assemblée parlementaire de la Méditerranée (AMP) s'explique sur la polémique entourant la visite de l'Israélien Amir Peretz.

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La participation de l’ex-ministre israélien de la Défense, Amir Peretz, à une conférence organisée par l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée à la Chambre des conseillers a été contestée par des élus marocains qui ont qualifié Peretz de « criminel de guerre« . Retour sur cette polémique avec Lhou Lmarbouh, chef de la délégation marocaine à l’APM et président de sa 2e commission permanente.

Qui a invité la délégation israélienne à la Rencontre parlementaire internationale sur le commerce et l’investissement dans la région de la Méditerranée et en Afrique?

Tout d’abord, il faut préciser certaines choses. Le Parlement marocain abritait la rencontre, mais ne l’organisait pas. Ce sont l’Assemblée parlementaire de la méditerranée et l’Organisation mondiale du commerce qui étaient en charge de l’organisation. Ce sont ces deux instances qui ont envoyé les invitations aux délégations et les experts internationaux présents à l’événement. La Chambre des conseillers a, conjointement avec l’APM, procédé à l’invitation des intervenants marocains (départements ministériels, secteur privé, etc.).

Que s’est-il passé le 8 octobre dans l’enceinte de la Chambre des conseillers ?

Après le mot de bienvenue prononcé par les officiels marocains pour lancer l’événement, je suis intervenu moi-même, en tant que responsable de l’APM, avant de laisser la parole au représentant de l’OMC. C’est à ce moment que trois syndicalistes de la Confédération démocratique du travail qui n’avaient pas été invités se sont introduits dans la salle. Ils portaient des pancartes et se sont adressés directement à la délégation israélienne qui était installée juste à côté de la délégation palestinienne. Ces trois personnes ont accusé avec virulence les deux parlementaires israéliens d’être des « criminels de guerre ».

Cet incident a-t-il entaché le déroulement de l’événement ?

Un quart d’heure après l’incident, la conférence a repris son cours normal. Les différents intervenants marocains ont fait preuve de beaucoup de tact et de professionnalisme. Toutes les délégations ont été compréhensives et la conférence s’est déroulée normalement. Cependant, il faut signaler que cet incident aurait pu valoir des sanctions au Maroc, qui auraient pu aller jusqu’à sa suspension ou son expulsion de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée, conformément au règlement intérieur de l’organisation.

Pourquoi cette rencontre a-t-elle été organisée au Maroc?

L’APM, sur décision des chefs d’État des pays du dialogue 5+5 dont le Maroc fait partie, assure la dimension parlementaire de ce dialogue. Elle organise dans un pays de ce groupe des réunions sur différents sujets (politiques, économiques et culturels) pour sortir avec des recommandations portées à la Réunion ministérielle du dialogue 5+5.

Quel rôle joue le Maroc au sein de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée ?

Le Maroc en la personne d’Abdelouahed Radi est membre fondateur de l’APM en 2005 lors de la 4e Conférence sur la sécurité et la coopération en Méditerranée. Le Maroc a présidé à 4 reprises l’Assemblée, deux fois par le biais d’Abdelouahed Radi, une fois par Cheikh Biadillah et une fois par moi-même. La Rencontre parlementaire internationale sur le commerce et l’investissement dans la région de la Méditerranée et en Afrique a été organisée dans le cadre d’un programme annuel de l’Assemblée.

Par ailleurs, le Maroc bénéficie des conventions signées par l’APM avec les institutions financières internationales. Par exemple, une convention signée avec la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et qui consacre 2,5 milliards d’euros pour le financement des entreprises privées dans les pays du sud de la Méditerranée. Le Maroc en a profité à hauteur de plus d’un milliard.

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