Le Ramed plombé par un problème de financement

Ils sont 8,4 millions de personnes à bénéficier du Régime d’assistance médical en 2015, soit 99% de la cible totale. Mais la pérennité du Ramed est loin d'être assurée.

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Le ministre de la Santé, Houcine El Ouardi, a affirmé vendredi 13 mars à Rabat que 8,4 millions de personnes étaient inscrites au Régime d’assistance médicale (Ramed) à la fin février 2015, soit un taux de réalisation de 99 % de la cible totale, estimée à environ 8,5 millions de bénéficiaires.

« Cette couverture devrait atteindre 100 % de la cible au plus tard d’ici la fin de l’année en cours », a indiqué El Ouardi, qui intervenait lors de la cérémonie inaugurale du Symposium international sur la couverture sanitaire des populations en précarité, organisé par le ministère de la Santé. C’était à l’occasion du 3e anniversaire de la généralisation du Ramed.

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Selon le ministre, parmi la population bénéficiaire du régime, celle considérée comme « pauvre » représente 84 %, tandis que seulement 16 % est classée comme « vulnérable ». De même, 53 % des bénéficiaires vivent en milieu urbain contre 47 % en zones rurales. En outre, 53 % des bénéficiaires sont de sexe féminin, et 47 % de sexe masculin.

Le prix des médicaments a diminué de 20 à 80%

Toujours dans son intervention, le ministre de la Santé a indiqué que la mise en œuvre de l’Assurance maladie obligatoire et du Ramed a permis de couvrir plus de 60 % de la population. Il a également rappelé l’extension de l’Assurance maladie aux indépendants et aux étudiants prévue pour 2015.

A cet égard, il a expliqué que le décret relatif à la fixation du prix des médicaments a permis des réductions allant de 20 à 80 % des prix de plus de 1 700 spécialités, assurant ainsi une réduction des dépenses à la charge des populations pauvres et vulnérables, surtout les médicaments destinés au traitement des maladies chroniques et coûteuses.

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Le régime souffre d’un manque de financement

Cependant le bilan du Ramed est tout de même à relativiser. Trois ans après sa généralisation, le ministre de la Santé a reconnu dans son discours que la contrainte « la plus importante entravant actuellement l’extension de l’offre de soins au profit de la majorité des bénéficiaires du Ramed reste la pénurie en ressources humaines et la rareté de certaines spécialités médicales ». Pourtant, selon le quotidien L’Economiste, dans son édition du lundi 16 mars, le département de la Santé a bénéficié de 21 015 postes budgétaires depuis 2008.

Autre problème dont souffre le Ramed, le financement. Ce dernier est assuré conjointement par l’État, les collectivités locales et une partie des bénéficiaires. La participation de ces derniers dans le financement ne dépassait pas les 17 %, soit 56 millions de dirhams en 2014. Les collectivités locales n’ont quant à elles financé que 13 % du régime, avec seulement 40 millions de dirhams la même année alors que le reste est assuré par l’État. Selon El Ouardi, « le plus grand défi […] du Ramed est sa stabilité et sa durabilité ».

Une instance de la gestion du Ramed en gestation ?

Le ministre de la Santé a ensuite appelé à une réforme des techniques de ciblage, de prise en charge, de financement mais aussi de gestion. « Il faudrait généraliser le système de facturation dans les hôpitaux publics. Ceux-ci n’ont aucun système de ce genre, ce qui rend difficile l’estimation du volume réel des services sanitaires et de leur coût », estime El Ouardi cité par le quotidien Aujourd’hui le Maroc.

De même, L’Economiste révèle également que Driss El Azami, le ministre en charge du Budget, a de son côté demandé « une étude d’évaluation du régime » pour en détecter les failles et appelle à « la nécessité de maîtriser les dépenses et de rationaliser les services ». Le quotidien économique annonce par ailleurs que la mise en place d’une instance chargée de la gestion du Ramed est en discussion.

A noter que pour l’année de 2015, le ministère de la Santé a bénéficié d’un budget de 13,1 milliards de dirhams contre 8,14 milliards en 2008 et une enveloppe de 1,64 milliard de dirhams du Fonds de cohésion sociale en 2014.

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