Arrestation de neuf jihadistes présumés à Nador

Le chef et huit autres membres présumés d'une cellule recrutant des jihadistes pour le groupe Etat islamique ont été arrêtés dans l'enclave espagnole de Melilia, au nord du Maroc, et la municipalité marocaine de Nador, ont annoncé vendredi Madrid et Rabat.

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Les forces de sécurité des deux pays « ont démantelé une cellule terroriste dont les membres étaient actifs à Nador et Melilla dans le but de recruter des combattants pour le compte de l’organisation Etat islamique en Syrie et en Irak« , a affirmé le ministère de l’Intérieur marocain dans un communiqué. Huit membres du groupe ont été arrêtés à Nador et son chef présumé, un Espagnol d’origine marocaine, à Melilia où il résidait. Ils doivent être déférés rapidement devant la justice.

« L’enquête a démontré qu’ils étaient en contact avec les membres de deux cellules terroristes démantelées en mai 2013 dans la région de Nador, en lien avec les activités d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans le nord du Mali« , selon le ministère marocain. Le groupe « s’appuyait sur l’expérience jihadiste du frère du chef de la cellule démantelée, un ex-militaire espagnol spécialiste en maniement d’armes et d’explosifs, qui avait rejoint en 2012 » le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao) présent au Mali, a ajouté le ministère espagnol.

Entraînements de miliciens

Ce jihadiste « combattrait actuellement dans les rangs de l’État islamique en Syrie et en Irak, et faisait fonction de coordinateur de la structure désormais désarticulée« , ajoute ce ministère.
Cette cellule agissait comme « une réelle milice terroriste, avec des entraînements physiques spéciaux et l’adoption de strictes mesures de sécurité pour échapper à la police », affirme-t-il.

Selon le ministère marocain, l’enquête a démontré que le chef de la cellule était également impliqué dans différentes activités criminelles comme des « vols avec violences », et que « tous les membres participaient à des activités de contrebande et au commerce de voitures volées pour financer leurs activités afin de rejoindre les théâtres d’opérations« .

Jihadistes made in Europe

Le Mujao, et deux autres groupes jihadistes, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Ansar Dine, ont contrôlé pendant près de dix mois le nord du Mali, d’où ils ont été en grande partie chassés par une intervention internationale en janvier 2013 initiée par la France. Depuis un an et demi, les candidats européens au jihad sont de plus en plus nombreux et leur retour en Europe après un passage en Syrie ou en Irak constitue, aux yeux des responsables de l’antiterrorisme, le principal risque d’attentat.

Plusieurs opérations anti-jihadistes ont également été menées en Espagne ces derniers mois et plusieurs dizaines de personnes arrêtées. En août, deux jeunes filles dont une mineure de 14 ans, candidates présumées au jihad en Irak et en Syrie via le Maroc, avaient été arrêtées en Espagne. « L’Espagne fait partie des objectifs stratégiques du jihad global« , avait prévenu le ministre de l’Intérieur, Jorge Fernandez Diaz, à l’occasion des commémorations des attentats islamistes du 11 mars 2004 à Madrid.

Depuis cette date, près de 500 jihadistes présumés ont été arrêtés en Espagne. Le gouvernement marocain vient d’adopter un projet de loi visant à renforcer sa législation antiterroriste, afin de lutter en particulier contre l’enrôlement de ressortissants par l’EI en Irak et en Syrie. De 1 500 à 2 000 jihadistes marocains combattent actuellement en Syrie et en Irak, selon Rabat qui dit craindre qu’ils profitent de cette expérience pour perpétrer des attentats à leur retour.

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