Epidémie d'Ebola : quels risques pour le Maroc ?

L'épidémie de fièvre de l'Ebola en Afrique de l'Ouest a déjà tué au moins 1229 personnes, à seulement 2700 kilomètres du Maroc. Que risquent les Marocains ?

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L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a avertit que le bilan des morts de l’épidémie du virus Ebola, répartie principalement entre le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée Conakry, était « énormément sous-estimé », avant de porter le porter à 1229 personnes. L’organisme onusien redoute l’extrême rapidité avec laquelle l’épidémie se propage, face à laquelle les autorités sont dépassées. Vendredi 15 août, Joanne Liu, directrice de Médecins sans frontières (MSF), a ainsi tiré la sonnette d’alarme :

Si on ne stabilise pas la situation au Liberia, on ne stabilisera jamais la région.

Coup de froid sur les échanges en Afrique de l’Ouest

Mais les inquiétudes principales concernent le transport aérien, qui sert généralement d’accélérateur de propagation pour les épidémies.Plusieurs compagnies ont annoncé la suspension de leurs liaisons avec les pays touchés par l’épidémie, notamment la British Airways et Emirates. La Côte d’Ivoire refuse même l’accès à son port aux navires en provenance de Guinée, du Liberia et de la Sierra Leone.

Et sur le plan sportif, les qualifications pour la Coupe d’Afrique des nations 2015 est déjà perturbée, après que la Confédération africaine de football a suspendu les matchs prévus dans les trois pays les plus infectés, la Sierra Leone, le Liberia, et la Guinée Conakry.

De quoi perturber nombres d’échanges en Afrique de l’Ouest, et dresser un panorama plutôt alarmiste :

Du Maroc, une menace encore toute relative

Au Maroc, plusieurs voix se sont inquiétées notamment des liaisons importantes assurées par la Royal Air Maroc vers l’Afrique subsaharienne et notamment les pays affectés par l’épidémie.

La compagnie nationale a anticipé sur les critiques éventuelles, en publiant un communiqué le mardi 12 août, dans lequel elle annonce maintenir tous ses vols vers l’Afrique de l’Ouest. Dans un ton presque lyrique, le transporteur aérien national justifie sa décision par sa « politique de solidarité fraternelle qui lie le royaume aux pays frères d’Afrique […] et qui reflète le sentiment d’appartenance à une communauté continentale solidaire dans les périodes heureuses, mais aussi dans les circonstances difficiles ». Un ton emphatique qui rappelle à quel point la destination Afrique est stratégique pour la compagnie, et pour la diplomatie royale, dont elle est le bras à peine officieux, selon une source très proche de la compagnie, contactée par Telquel.ma :

La RAM sera la dernière compagnie à quitter ces pays, Driss Benhima [PDG de la RAM, ndlr] le répète souvent. Il y a des consignes royales. Ce qui est en jeu, c’est l’image et la notoriété du Maroc dans ces pays-là.

Faut-il redouter les conséquences de cette politique, alors que l’aéroport de Casablanca cherche à se positionner depuis plusieurs années comme un hub vers l’Afrique ? Les experts médicaux sont nettement plus prosaïques, et pour eux le risque de transmission de la fièvre de l’Ebola est tout simplement très faible.

Comme le rappelle l’OMS, « le virus ne se transmet pas pendant la période d’incubation avant que les symptômes soient apparents, entre 2 à 21 jours [après la contamination, ndlr] ». Et lorsqu’il se transmet, « l’infection se produit par contact direct (par la peau lésée ou les muqueuses) avec le sang, les liquides biologiques ou les sécrétions (selles, urines, salive ou sperme) des sujets infectés », explique l’OMS.

C’est ce qui explique que la plupart des compagnies aériennes n’ont pas suspendu leurs liaisons avec les aéroports d’Afrique de l’Ouest. La Royal Air Maroc a en revanche annoncé une série de mesures en vigueur au sol et dans les appareils pour parer à toute propagation de l’épidémie d’Ebola :

  • dans les aéroports ouest-africains : détecteur de fièvre pour les passagers qui embarquent, mais seulement « dans certains aéroports » (tous n’étant pas équipés) ;
  • dans les aéroports marocains :
    • dispositif de caméra thermique « détecteur de fièvre » ;
    • un dispositif de contrôle médical des passagers en provenance des pays à risque est opérationnel. Pour être mis en place, la RAM attend une alerte de l’OMS. Dans ce cas de figure, le dispositif prévoit alors un « parking de mise en quarantaine, dédié aux avions en provenance de pays à risque pour la désinfection », indique la RAM.
  • à bord dans ses avions : « Des lots de gants, masques respiratoires, gel antibactériens et autres produits d’hygiène, tels des sacs en plastique hermétiques, sont mis à disposition à bord de nos avions », indique le site web de la Royal Air Maroc. Un dépliant de sensibilisation sur les gestes à avoir est en préparation.

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