Rachid Gholam : «Cheikh Yassine m’a encouragé 
à chanter»

Photo : DR

Smyet bak ?

Mahfoud.

Smyet mok ?

Fatima.

Nimirou d’la carte ?

BG 135798.

Vous n’en êtes pas à votre premier interrogatoire…

Vous faites allusion à ce qu’il s’est passé en 2007, quand j’ai été enlevé sur la voie publique et torturé par la police dans un lieu secret, avant d’être condamné à un mois de prison ferme pour un crime d’adultère que je n’ai jamais commis. Le vôtre sera moins musclé, j’espère !

Est-il vrai que vous avez pris vos distances avec Al Adl Wal Ihsane juste après ?

Archifaux. Je suis un enfant de la Jamaâ et l’un de ses symboles. Je participe assidûment à toutes ses activités.

Certains islamistes vous ont critiqué pour avoir participé à l’émission de variétés de la chanteuse syrienne Assala. Comment le vivez-vous ?

Toutes mes sorties médiatiques sont calculées au millimètre. Ne confondez pas l’islam, le vrai, et ce que j’appelle l’islam géographique, celui que se partagent les Marocains et qui leur fait croire que l’art est haram. J’ai fait des études de Charia et cela fait vingt ans que je mène une réflexion et des recherches sur ces questions.

Bientôt un clip en boucle sur Rotana alors ?

Jamais de la vie. Je ne veux pas être au service de ces chaînes de pétrodollars qui cultivent l’aliénation et la déliquescence morale.

Ne seriez-vous pas en train de vous improviser gardien de la morale ?

Mai non ! L’art est quelque chose de noble. Il ne faut pas l’associer au nudisme, au libertinage et à la perversion. Le prophète, que la paix soit sur lui, composait des poèmes d’amour.  Une chanson faite de gros mots n’est pas de l’art.

Vous êtes donc adepte de la théorie de l’art propre ?

Négatif, encore une fois. Je distingue l’art de la médiocrité. Je vous donne un exemple : faites-moi un film avec un bon scénario, une bonne réalisation et qui parlerait librement de la corruption, mettez-y un baiser ou une scène osée, et je vous promets que j’irai le voir.

C’est aussi l’avis de vos frères de la Jamaâ ?

Nous ne sommes quand même pas des clones. Notre devise est « l’opinion est libre et la décision est contraignante ». Un jour, de retour d’Egypte où j’avais donné un concert en reprenant Oum Kalthoum, feu Cheikh Abdeslam Yassine m’a félicité en me disant : « Je te plains avec ces islamistes. J’espère qu’ils comprendront ce que tu fais ». C’est lui qui m’a dissuadé de mettre un terme à ma carrière artistique.

Vous vous êtes toujours plaint du boycott des médias au Maroc. Est-ce toujours le cas ?

Nous vivons dans l’arbitraire. On vous donne le choix entre le bâton et la carotte. Une fois, Assala a tenté de me convaincre de chanter au festival de Fès, à condition d’accepter de me mettre sous le parasol royal. J’ai refusé catégoriquement, comme j’ai décliné d’autres offres du genre.

Antécédents

1984 : Devient chanteur professionnel à 12 ans

1990 : Rejoint Al Adl Wal Ihsane

1993 : Première rencontre avec Cheikh Yassine

2006 : Concert au prestigieux Opéra du Caire

2011 : Rejoint les rangs du mouvement  du 20 février 

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