“Je rêve d’interviewer Mourinho”

Smyet bak ?

Lhachmi Bouzrara.

 

 

Smyet mok ?

Ftouma Lejar.

 

 

Nimirou d’la carte?

GM1025.

 

 

Vous n’êtes pas encore parti en Afrique du Sud pour accompagner l’équipe nationale ?

Non. Nous avons prévu des rendez-vous quotidiens à la radio et à la télé que je vais coordonner à partir de Tanger, et ça va monter crescendo si le Maroc passe au second tour, ce que nous espérons tous.

 

 

Honnêtement, vous n’êtes pas fatigué de couvrir les fiascos et vendre du rêve aux Marocains ?

Je comprends le sentiment des supporters. Vous savez, j’ai couvert ma première CAN en 1994, depuis je n’ai fait que cumuler les frustrations. A l’exception de 2004, quand le Maroc ne se qualifiait pas, il se faisait éliminer très tôt de la compétition. Il faut se rendre à l’évidence, nous sommes une petite nation du football.

 

 

Vous avez le blues ou quoi ?

A chaque fois, on arrive au tournoi avec des équipes en chantier et la mayonnaise ne tient jamais. Il faut tout refaire depuis le début. Mais l’équipe actuelle me paraît compétitive et Taoussi est un coach qui a son mot à dire. J’espère que le passage au second tour va déclencher un déclic chez les joueurs.

 

 

Là vous revendez du vent …

Pas du tout. Sur le papier, nous sommes capables de faire mieux. Mais soyons réalistes, construire une équipe n’est pas facile. Au pire des cas, essayons au moins de nous préparer pour la CAN 2015, qui aura lieu chez nous.

 

 

Quelle est, selon vous, l’édition CAN à oublier ?

C’était au Mali en 2002. L’ambiance était lourde et, dès le premier jour, il y a eu une altercation entre certains joueurs, dont Camacho qui a été renvoyé sur le champ. L’équipe et les journalistes étaient installés dans un semblant de centre universitaire dans la ville de Ségou, à proximité du fleuve Niger. La suite, vous la connaissez : nous avons été éliminés au premier tour.

 

 

Il paraît que vous étiez gardien de but alors que vous portiez des lunettes ?

Absolument. Dès l’âge de huit ans, je portais déjà des lunettes de correction. J’étais  gardien de but  de l’Olympique de Ouezzane, ma ville natale, mais c’était vraiment compliqué. Heureusement que l’on jouait des matchs le matin. Quand je jouais sans lunettes, j’étais dans le brouillard mais les autres n’y voyaient que du feu.

 

 

Comment s’est faite votre intégration à Medi 1 avec les monstres sacrés de l’époque ?

Avec quelques jeunes journalistes, nous avons été coachés et accompagnés par de véritables institutions comme Omar Salim, Nadia Aït Ali, Brahim  El Gharbi ou encore Moncef Bouallag. Rapidement, ils m’ont fait confiance. Je suis arrivé fin 1990, juste avant la première guerre du Golfe. Tout de suite après, j’ai été envoyé en Irak pour faire un reportage sur l’impact des événements sur le tourisme au Maroc. 

 

 

Au sujet de Omar Salim, on raconte que vous avez prédit son grave accident de l’époque ?

En juin 1991, alors que j’écrivais une dépêche sur la mort d’un grand journaliste de L’Equipe, j’ai suggéré à Omar Salim, pour le chambrer, d’écrire sa nécrologie le jour de sa mort. Il m’avait traité de tous les noms (rires). Le soir même, il a eu un accident et est resté paralysé pendant un an.

 

 

Vous ne regrettez pas l’époque de Pierre Casalta à la tête de Medi 1 ?

C’était une époque fabuleuse qui a permis l’émergence d’une radio très écoutée avec des standards de haut niveau. Medi 1 continue aujourd’hui à capitaliser sur ces acquis et réalise d’excellentes performances malgré un environnement plus concurrentiel qu’à l’époque. Donc tout va bien.

 

 

Vous étiez une voix pour les auditeurs avant de passer à l’écran. Comment s’est passée la transition ?

Lors du lancement de Medi 1 TV, j’ai été contacté pour apporter un coup de main et développer un concept d’émission sportive. C’est comme ça que l’émission L’match est née. Mais la radio, c’est ma passion de toujours. Aujourd’hui encore, j’y travaille avec mes tripes, parce qu’il y a une certaine solitude devant le micro et un contact direct avec les auditeurs.

 

 

Vous avez réalisé l’interview de votre vie avec le patron de la FIFA, Sepp Blatter. Est-il facile de l’approcher ?

J’ai réussi miraculeusement à avoir un rendez-vous avec lui pendant qu’il faisait campagne pour se succéder à lui-même à la  tête de la FIFA. Je suis arrivé à Zurich avec toute l’équipe pour faire des repérages dans son bureau mais  l’interview a été décalée. Le  lendemain, j’attendais la fin de sa conférence de presse pour l’interviewer quand une dépêche est tombée, indiquant que le parlement britannique voulait  ouvrir une enquête sur le Qatar sur lequel planaient des suspicions de corruption.

 

 

Et Blatter, comment il l’a pris ?

Il est entré dans une colère noire mais il a pris la peine de nous convier dans son bureau avant de  disparaître un moment. Son équipe nous a expliqué qu’on disposait de 15 minutes pour expédier l’interview alors que j’avais besoin de 50 minutes pour mon émission. Finalement, nous avons discuté plus d’une heure pendant laquelle il nous a livré le scoop sur l’organisation de la Coupe du Monde des clubs par le Maroc en 2013 et 2014.

 

 

Qui aimeriez-vous interviewer pour marquer un grand coup ?

Sans hésiter, je dirais José Mourinho. Même si je suis un fan du Barça et de Leo Messi. Mourinho est une bête médiatique qui ne laisse personne indifférent. Il a complètement révolutionné les codes du métier et à lui seul il est capable de faire et défaire un championnat grâce à son talent sur et en dehors des stades.

 

 

Vous n’avez jamais pensé à rejoindre les nouvelles chaînes sportives genre Al Jazeera ?

Ça va vous paraître démago, mais je ne suis pas très ambitieux et j’adore mon pays. On peut très bien avoir de la reconnaissance ici et gagner sa vie, malgré le manque d’opportunités dans ce domaine et le manque de formation des animateurs spécialisés en sport.

 

 

Vous avez été primé en Algérie, mais vous avez refusé le prix. Est-ce normal pour un journaliste de la radio du Maghreb ?

Pas du tout. Comme nous avions couvert objectivement l’agression de l’équipe algérienne en Egypte, j’avais eu beaucoup de retours très positifs. J’ai été convié à Alger par le journal Echourouk pour recevoir un prix lors d’une soirée de gala. Une fois sur place, j’ai appris que Mohamed Abdelaziz (chef du Polisario) était également invité. J’ai passé la nuit chez un copain et le lendemain je suis rentré à Tanger. 

 

 

En fait, vous n’êtes pas très taquin ?

Si, mais comme tous les Marocains, je n’apprécie pas ce genre de surprises !

 

 

Antécédents

 

1967. Voit le jour à Ouezzane

 

1986. Diplômé en journalisme      audiovisuel

 

1990. Rejoint la station radio Medi 1

 

1994. Couvre la CAN en Tunisie et le Mondial aux USA

 

1997. Lance le magazine sportif Stadium

 

2009. Anime l’émission L’match sur Medi 1 TV

 

2011. Interview de Sepp Blatter, patron de la FIFA

 

 

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