Enquête. Les Marocain(e)s soignent leurs corps

Par

Seins refaits, liposuccions, opérations intimes, greffes de cheveux…les femmes, mais aussi les hommes, sont de plus en plus nombreux à recourir aux services de plasticiens. C’est la haute saison (pour avoir un beau corps l’été, il vaut mieux le “retoucher” durant l’automne-hiver). TelQuel décrypte le rapport des Marocaines et des Marocains à la chirurgie esthétique, un business qui ne connaît pas la crise.

 

Le bâtiment de quatre étages en impose : grande façade blanche, baies vitrées, formes rectilignes… Sur la devanture, des portes automatiques en verre poli montrent une silhouette féminine callipyge et étirée. à l’intérieur, une odeur aseptisée embaume l’air du hall d’accueil, où des hôtesses en tenue de bloc, charlottes sur la tête, reçoivent avec un grand sourire. Accrochés aux murs, des tableaux pop-art, dont certains peints spécialement pour les lieux, célèbrent les effigies des temps modernes, de Marilyn Monroe à Monica Belluci. La moquette rouge et les fauteuils en sky complètent ce décor résolument sixties. Bienvenue à la “Guess Clinic”, au très chic quartier Anfa de Casablanca. Le nom sonne très américain, mais il s’agit en fait du diminutif de Guessous, du patronyme du propriétaire des lieux. Pantalon médical immaculé, polo gris, la quarantaine pimpante, l’hyperactif docteur, qui sort tout juste d’une liposuccion, nous reçoit d’abord dans une pièce design.

 

Comme à l’hôtel

Parquet massif rouge, bibliothèque métallique, diplôme du Collège français mis en évidence… le décor en jette. Sur un bureau laqué blanc trône un magazine people, où quelques pages glacées sont dédiées au chirurgien esthétique marocain le plus médiatisé de France et de Navarre, qui a vu défiler dans sa clinique, fondée il y a trois ans, les journalistes de M6, TF1, France 2… Docteur Guessous, tape la bise et distribue les accolades à un groupe de trois patients français, la soixantaine, et visiblement déjà passés sur le billard. Le médecin répond à nos questions, pendant que des patientes, agglutinées dans la salle d’attente bercée par une musique d’ambiance rassurante, semblent trépigner d’impatience, et réclament leur chirurgien préféré à tour de rôle. Mais Dr “Guess” a tout son temps… Et vous fait l’article, vous offrant une brochure promettant de “Rêver le bien-être”. La maison propose dix chambres, chacune pensée autour d’un thème, selon que vous soyez plutôt Elvis, Grace ou Janis. Ici, vous pouvez vous offrir une deuxième jeunesse et vous faire refaire de la tête aux pieds ou presque : greffes de cheveux, rajeunissement facial, chirurgie mammaire, liposuccion, augmentation des fesses par injection de graisses et même… chirurgie intime. Bref, la totale, avec l’impression d’être à l’hôtel plus qu’à l’hosto : plateaux repas traiteur et spa permettent largement d’oublier le bloc. Bien vu à ce propos le spa au rez-de-chaussée.

 

Partout partout ils avancent

Voilà une dizaine d’années que le docteur Guessous officie au Maroc, après avoir pratiqué en France. Il a ainsi pu observer les tendances, dans le rapport des Marocaines, mais aussi des Marocains, à la chirurgie esthétique. “Mes patients ne sont pas, comme on pourrait l’imaginer, issus de CSP+”. Le docteur reçoit de jeunes étudiantes, qui ont mis de l’argent de côté pour se payer de nouveaux seins, une vieille dame voilée de milieu populaire, dont les filles se sont cotisées pour lui offrir une séance de Botox qui estompera des rides trop prononcées, de jeunes cadres qui contractent un crédit à la consommation pour s’offrir une liposuccion et une nouvelle silhouette, etc. C’est un fait, la chirurgie esthétique n’est pas, n’est plus l’apanage des riches. Ni des vieux. à la fois cause et conséquence, le nombre de chirurgiens esthétiques n’a cessé d’augmenter ces deux dernières décennies, comme le note Kamal Iraqi Houssaïni, président de la Société marocaine de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique (SMCPRE), qui régit cette profession. S’ils se comptaient sur les doigts de la main dans les années 1990, ils sont presque une centaine aujourd’hui à être recensés par la SMCPRE. Le rêve à portée de bistouri. “La plupart des grandes villes marocaines comptent aujourd’hui leur plasticien”, affirme Nadia Ismaïli, professeur dermatologue à la faculté de médecine de Rabat, auteur de plusieurs travaux sur le rajeunissement facial. 

 

Vous les femmes…

Un chiffre révélateur : le prix d’un lifting est passé de 60 000 dirhams dans les années 1990 à 30 000 aujourd’hui. Plus accessible, la chirurgie s’adresse désormais à tous. à tarifs canons, clientèle décomplexée : “C’est sûr que les femmes en parlent plus facilement aujourd’hui qu’avant. Il y a quelques années, les médecins attendaient dix minutes après chaque patiente, pour qu’elles ne se croisent pas, car elles préféraient rester discrètes sur l’opération qu’elles avaient subie. Un peu comme quand on va chez un psy et qu’on ne veut pas que ça se sache. Aujourd’hui, c’est fini. On trouve beaucoup de femmes dans les salles d’attente, en train de parler de leurs opérations, de leur dernière paire de sein, leur lifting, leur liposuccion…”, note Aïcha Sakhri, directrice du magazine féminin Illi. Qui poursuit : “Chez nous, l’apparence compte énormément, c’est un fonds de commerce… Quand on a une nouvelle bagnole, un nouveau sac, on se paye une nouvelle paire de nichons… Et quand on ne le fait pas, on passe pour une has been”.

 

Des bistouris et des hommes

Au Maroc, les hommes constituent entre 10 et 20% des patients, ce qui nous place dans la moyenne internationale. “Contrairement aux femmes, les hommes semblent peu sensibles à la pression esthétique opérée par les médias”, explique le chirurgien plasticien Fahd Benslimane. Mais les temps changent, et “l’homme marocain s’intéresse de plus en plus à son corps. L’argent et le pouvoir ne suffisent plus”, observe le professeur Abdessamad Dialmy, chercheur en sociologie, spécialiste du monde arabe, de l’islam et de la sexualité. “Il faut maintenant avoir un physique agréable, correspondant aux normes de beauté actuelles”. Un signe des temps modernes, qui s’accompagne d’un changement des mentalités : “L’homme marocain vient tout juste de réaliser qu’avoir recours à la chirurgie esthétique n’est en rien une atteinte à sa virilité, au contraire. Aujourd’hui, tout comme la femme, il veut rester attractif le plus longtemps possible”, analyse le psychologue Aboubakr Harakat. Mais la majorité d’entre eux se méfient encore des procédés trop “incisifs”. “Je reçois énormément d’hommes pour des consultations, mais très souvent, ils ne passent pas à l’acte. Dès qu’ils réalisent qu’ils devront passer par une opération lourde pour avoir les changements qu’ils souhaitent, ils disparaissent dans la nature”, affirme le docteur El Hassan Tazi. Le sexe fort préfère généralement la méthode soft, et semble “beaucoup plus frileux que les femmes”, confirme le docteur Fayçal El Kouhen, de la clinique Cochain à Casablanca. Samir, banquier casablancais de 35 ans, abonde dans ce sens : “J’ai toujours voulu me faire refaire le nez, mais je n’ai jamais osé, parce que je savais que cela allait se voir et je sais que je n’assumerais jamais devant mes amis le fait d’avoir subi une rhinoplastie. Mais je n’ai eu aucun complexe à faire des injections de Botox et une greffe capillaire”. Et la sexologue Amal Chabach, forcément plus au fait, de noter l’émergence d’un nouveau phénomène : “De plus en plus d’hommes consultent parce qu’ils souhaitent augmenter la taille de leur sexe. On n’a pas de statistiques, mais je peux vous dire que j’en ai vu de plus en plus au cours de mes 12 ans d’exercice ; disons 4 à 5 cas par mois”.

 

Problème majeur

Les jeunes ne sont pas épargnés par cette fièvre. Le docteur Taleb Bensouda reçoit régulièrement dans sa clinique. Des jeunes filles mal à l’aise avec leur poitrine, ou des jeunes hommes complexés par un nez trop moqué par leurs camarades. “Dans ce genre de situations, je programme toute une série de consultations, parfois en présence d’un psychologue, pour bien définir leur profil, et voir si ce défaut physique dont ils voudraient se débarrasser est vraiment un frein à leur bien-être”, explique-t-il. Et, surtout, si le souhait émane bien d’eux. Car il arrive que la demande vienne en fait des parents. C’est l’histoire d’Asmae, aujourd’hui âgée de 25 ans, qui, alors qu’elle était encore au lycée, a subi une augmentation mammaire, sous la pression de sa mère. “Elle était persuadée que je n’allais jamais trouver de mari en étant, comme elle disait, ‘plate comme une planche’. à l’époque, je n’étais pas vraiment convaincue, mais j’ai fini par céder”, affirme la jeune femme, toujours célibataire aujourd’hui, qui y aurait réfléchi à deux fois si elle avait été plus âgée. En théorie, selon la loi, il faut attendre la majorité pour goûter aux joies de la chirurgie plastique. Mais combien de médecins ont préféré la manne de l’esthétique aux règles de l’éthique ?

 

Lifting au soleil

Outre la clientèle locale, nos médecins accueillent de plus en plus de patients de l’étranger. à l’instar de plusieurs de ses confrères, le Dr Guessous voit défiler des centaines de patients provenant de l’étranger. Ces derniers constituent grosso modo 50% de sa clientèle, essentiellement des Français, des Suisses, des Africains subsahariens, des habitants des pays du Golfe. Ces derniers n’hésitent pas à opter pour un séjour all inclusive assorti d’un lifting au soleil. D’autant qu’une fois passé à la caisse, le patient n’a plus grand-chose à faire. Le package englobe nuit d’hôtel, activités touristiques et, évidemment, un passage par le bloc opératoire. Pourquoi un tel succès ? C’est que, toutes choses étant égales par ailleurs (le Maroc serait à la pointe de la technologie en matière de chirurgie esthétique, rassurent les praticiens que nous avons rencontrés), le royaume dispose d’avantages comparatifs qu’il ne manque pas de mettre en avant : le prix. Les médecins spécialisés dans le tourisme médical proposent ainsi des opérations chirurgicales low-cost, trois à dix fois moins cher que dans d’autres pays. Pourquoi des prix si bas ? “Parce qu’au Maroc, tout coûte moins cher qu’à l’étranger. Nos honoraires sont moins chers, le foncier également, le coût des techniciens est moindre…”, énumère le Dr Guessous. Mieux encore, le Maroc a su tirer profit de la Révolution du jasmin, de plus en plus de clients préférant désormais se rendre dans le royaume, car il leur apparaît plus stable, comme le souligne l’étude de l’Oxford business group. Et le pays est à la page. Régulièrement, des congrès ont lieu au Maroc, où sont invités des spécialistes étrangers pour présenter telle ou telle nouveauté en matière de chirurgie plastique. La semaine dernière, un congrès d’esthétique a eu lieu à Marrakech pour présenter un nouveau produit, qui risque de remplacer le Botox dans les années à venir. Un produit qui vient tout juste d’être présenté pour la première fois à Genève début septembre.

 

Influence virtuelle

Mais à Rabat comme à Tunis, Internet reste le principal outil de communication, peu cher et très impactant. Sur les sites et autres forums spécialisés, l’internaute dégarni ou la mère de famille en quête d’une deuxième jeunesse, découvrent qu’ils peuvent passer une semaine au Maroc, visiter le pays et, entre un tajine et une visite à la médina, recouvrer la chevelure et la silhouette de leurs vingt ans. “J’avais le choix, débourser 6000 euros pour ma greffe sur Paris ou venir au Maroc et le faire, profiter du séjour et économiser 1000 euros”, explique Michel, un habitant de l’Hexagone. Et nos praticiens ne chôment pas pour attirer le chaland. Les médecins aguerris au marketing sur le Web ont désormais leur page Facebook, et leurs fans, à l’image du Dr Guessous, pas peu fier d’en compter plus de 20 000. Certains ont des sites qui proposent même un devis en ligne et des abonnements à la newsletter. La Guess Clinic dispose carrément d’une chargée de communication, soucieuse de l’image de la marque Guess, prompte à distribuer des brochures de la clinique, où encore un CD récapitulant les émissions télé dont le Dr “Guess” est le héros. La clinique Cochain, elle, propose des formules comme le Total Relooking concept, alliant chirurgie esthétique, diététique et relooking, en collaboration avec le mannequin Amina Allam. De l’autre côté de l’écran, les commerciaux n’hésitent pas à faire des relances téléphoniques, après avoir envoyé un diagnostic personnalisé… Une technique commerciale qui a largement fait ses preuves. En deux clics trois validations, une demande de devis est envoyée et un rendez-vous fixé avec le futur patient.

 

Nancy Ajram ou Charlize Theron ?

Internet a également contribué à la démocratisation de la chirurgie esthétique au Maroc. Aujourd’hui, les patients arrivent informés, du moins le pensent-ils, gavés aux vidéos d’interventions chirurgicales sur YouTube. “Le problème, c’est que très souvent les patients croient tout ce qu’ils trouvent sur la Toile et sont souvent déçus lorsqu’on leur explique qu’ils n’auront pas les résultats spectaculaires qu’ils pensaient avoir en surfant sur des sites qui fourmillent de publicités mensongères”, regrette le docteur Fahd Benslimane. Il n’est pas rare qu’un patient débarque dans le bureau d’un chirurgien avec des photographies de stars ou de mannequins trouvées sur Internet, exigeant une copie conforme à l’original. “Des patientes viennent en effet avec des photos de Nancy Ajram ou Haifa Wehbe et me disent ‘docteur, je veux la même chose’”, s’en amuse presque le Dr Guessous. “Dans ce genre de situations, j’explique dès le début que le but de la chirurgie esthétique n’est pas que la patiente ressemble à quelqu’un d’autre. Nous ne sommes pas là pour créer des standards, des nez et des poitrines qui se ressemblent comme au Liban par exemple”, précise le docteur Taleb Bensouda, qui doit s’y prendre à plusieurs fois pour convaincre ses patientes que le nez de Charlize Theron ou Elissa n’ira pas forcément avec la forme de leur visage.

 

Attention au ratage

Et pour peu qu’un patient tombe sur un médecin peu inspiré, ou un autre qui n’y va pas avec le dos du scalpel, le résultat peut s’avérer désastreux. Nécroses cutanées, asymétries faciales, visage étiré en forme de “mérou” (un poisson) et autres ratages… le passage à l’acte peut être synonyme de calvaire pour de nombreux patients. Ces dernières années, même s’il n’existe pas de statistiques officielles en la matière, les professionnels du secteur ont constaté que les procès intentés par des clients mécontents se sont multipliés. Le risque zéro n’existe pas et “en chirurgie plastique, comme dans tout acte de chirurgie, les médecins ne sont pas soumis à une obligation de résultat”, rappelle le docteur Iraqi. Seule obligation : “Mettre tous les moyens possibles en œuvre pour la bonne réussite de l’opération, c’est-à-dire être spécialiste chirurgien plasticien, opérer dans une clinique et non dans un cabinet, avoir le matériel adéquat et à jour, etc.” Peut-on exiger des réparations à la suite d’une opération de chirurgie esthétique qu’on estime ratée ? “Les réparations supposent qu’il y a eu dommage, et que ce dommage est lié à une faute. Or le résultat d’une opération de chirurgie esthétique est livré au bon jugement de chacun”. Certains médecins, minoritaires, préfèrent, par précaution, laisser à leur patient le temps de mûrir l’idée, à l’image de ce qui se fait en France, où les médecins sont contraints par la loi de laisser un délai de réflexion de quinze jours à leurs patients. Voire décider à leur place. “Dès qu’une personne vous dit qu’elle veut modifier plusieurs parties de son corps, c’est qu’il y a un problème quelque part, une instabilité psychologique, affirme le docteur Taleb Bensouda. à ce moment-là, la meilleure chose est de la mettre en contact avec un psychiatre”.

 

Comment choisir ?

Pour éviter les mauvaises surprises, on ne saurait trop vous conseiller de voir le résultat sur d’autres personnes, de ne pas croire tout ce que vous lisez sur Internet, en particulier sur les forums, qui fourmillent de rabatteurs en tout genre, vantant tantôt les vertus de tel médecin, ou au contraire, dénigrant le travail de tel autre. Autre indicateur : le prix. “Lorsque des cliniques proposent des prix anormalement bas, cela veut dire qu’il y a un problème, qu’elles utilisent des produits de mauvaise qualité, qui peuvent être nocifs pour la santé”, prévient le docteur Bensouda. Malgré toutes les techniques utilisées par les cliniques pour séduire de potentiels patients, il semble que le bouche à oreille reste le principal vecteur de communication, qui vous taille une réputation, tout comme il peut la détruire. Maha et ses copines ont toutes refait leurs seins chez le même chirurgien à Rabat. Pourquoi lui ? “Parce que ma mère avait déjà fait une augmentation mammaire chez lui il y a quelques années. Satisfaite, elle m’a automatiquement dirigée vers lui, et j’ai fait la même chose avec mon entourage”, explique la jeune femme qui tient un centre d’esthétique dans la capitale. “Dans ce milieu, les femmes parlent beaucoup entre elles, du coup, on finit par savoir que tel médecin réussit bien les seins et que tel autre sait faire dans la liposuccion”, confie Aïcha Sakhri. à chacun sa spécialité…

 

Zoom. Question(s) de religion

Et l’islam dans tout ça ? La religion est-elle un obstacle pour certains patients ? Parfois, oui, comme nous le montre cette anecdote rapportée par le Dr Guessous, consulté par une femme d’un certain âge, intéressée par un rafraîchissement du visage. “Elle m’a appelé en pleurs la veille de l’opération. Après la prière, elle avait demandé la bénédiction à l’imam de sa mosquée qui lui a remonté les bretelles. Au final, la patiente a finalement renoncé à toucher à ‘l’œuvre de Dieu’”. Un autre médecin raconte la fois où une patiente portant le voile intégral, une femme “ninja” comme on les appelle, est venue le consulter. Elle avait beau être recouverte de la tête aux pieds, elle n’en souhaitait pas moins booster son bonnet, un peu pour elle, beaucoup pour son mari. “Je n’osais pas l’approcher, ne sachant pas comment m’y prendre avec elle, j’ai même demandé à mon assistante de lui sortir une excuse bidon, de lui dire que je n’étais pas là, peu importe, pourvu qu’elle me débarrasse d’elle”. Mais rien n’y fait. La patiente insiste. Elle est venue se faire refaire les seins, et elle compte bien repartir avec une idée de sa nouvelle poitrine. Tant et si bien qu’elle finit par obtenir gain de cause. “Elle s’est déshabillée naturellement devant moi, et s’est laissé ausculter”, explique notre blouse blanche. Pour le chercheur Abdessamad Dialmy, la religion n’autorise pas le recours à la chirurgie esthétique, pas plus qu’elle ne l’interdit. “N’importe qui peut produire une fatwa pour ou contre. Soit contre, puisque Dieu vous a créé ainsi, et si c’est avec un gros nez c’est la volonté de Dieu. Soit pour, parce que Dieu est beau et aime la beauté, et que ça ne peut lui déplaire. L’islam ne dispose pas d’Eglise centralisée, du coup les fouqaha peuvent émettre des fatwa dans un sens ou dans l’autre”.

 

 

 

Sélection. Combien ça coûte ?

• Le rajeunissement facial est une des opérations les plus répandues, et touche principalement les femmes, qui y ont recours de plus en plus tôt, à partir de 30 ans. Pour un rajeunissement facial intégral, comptez une heure sur le billard pour laquelle vous débourserez environ 40 000 DH. Allergiques aux scalpels, préférez une séance de Botox à 3500 dirhams, dont les effets seront visibles plusieurs mois.

• La liposuccion consiste à aspirer le surplus de gras. Elle peut être pratiquée un peu partout sur le corps : genoux, culotte de cheval, ventre, poignées d’amour, et même genoux… Coût : à partir de 10 000 DH. Seulement, cette technique permet d’évacuer tout au plus 4 à 5 kg de graisse.

• Vos cheveux se font rares sur votre tête, et vous avez souvent pensé à la greffe de cheveux ? Cette opération, pratiquée quasi-exclusivement sur les hommes, consiste à retirer des cheveux d’une zone dite donneuse, située à l’arrière du crâne, et à les implanter dans les zones dégarnies. Pour 8000 cheveux (largement suffisants pour recouvrir un crâne bien dégarni), comptez près de 50 000 DH.

L’implant mammaire, qui constitue environ 30% des demandes des femmes, est une poche de silicone placée au niveau de la poitrine, qui permet   d’augmenter la taille du bonnet. Une opération dont le prix commence à partir de 25 000 DH. Idem pour une réduction mammaire.

• La rhinoplastie permet d’en finir avec un nez proéminent. Le coût de cette pratique, appelée plus simplement rabotage de nez et qui figure parmi les opérations les plus répandues, excède rarement les 20 000 DH.

• La chirurgie intime concerne hommes et femmes. Les premiers ont de plus en plus recours à l’augmentation du pénis, quand les secondes réalisent des réductions des petites ou grandes lèvres, ou encore de la vulve (nymphoplastie, labioplastie). Pour cette opération de plus en plus en vogue au royaume, les patients demandent souvent le secret médical le plus total. Le prix reste variable.

 

 

Formation. Tu seras plasticien mon fils

Comment fait-on pour devenir  plasticien ? Quelle formation existe-t-il au Maroc pour devenir chirurgien esthétique ? De quel diplôme faut-il justifier pour pratiquer la chirurgie esthétique ? “C’est une spécialité reconnue par l’Ordre des médecins. Il faut bien sûr être docteur en médecine, ce qui équivaut à 8 ans d’études, et avoir acquis une spécialité en chirurgie plastique, en 5 ans. Quatre universités proposent cette spécialité : Casablanca, Marrakech, Fès et Oujda. C’est une nouveauté depuis une dizaine d’années au Maroc. Les pionniers de la chirurgie plastique ont tous étudié à l’étranger”, confie Kamal Iraqi Houssaïni, président de la Société marocaine de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique, qui a lui-même affûté son scalpel en France avant d’exercer au Maroc. Problème, certains médecins n’hésitent pas à s’autoproclamer chirurgien esthétique, et à exercer en toute impunité. Pourtant, “l’article 42 de la loi relative à l’exercice de la médecine stipule que le médecin spécialiste ne peut exercer que les actes médicaux relevant de la spécialité qui lui est reconnue. L’infraction à cet article relève du pénal. C’est une de nos batailles à la SMCPRE : informer des risques quand on a recours à un médecin non spécialiste. Notre rôle est de prévenir le public, on ne peut rien faire pour agir directement contre ce fléau”, explique-t-on du côté de la SMCPRE.

 

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer