la Fondation Ténor - Orchestre Philharmonique du Maroc Crédit: la Fondation Ténor - Orchestre Philharmonique du Maroc

Maroc-Italie : un air d’opéra, des ambitions communes

Troisième partenaire économique du Maroc, l'Italie a célébré le 2 juin sa fête nationale. À cette occasion, une représentation de l’opéra “Norma” — célèbre opéra en deux actes de Vincenzo Bellini — a été organisée à Rabat au théâtre Mohammed V. Une centaine d’artistes italiens et marocains de l'Orchestre philharmonique du Maroc, de la Fondation ténor pour la culture et du Théâtre Massimo de Palerme étaient réunis. Cette représentation incarne aux yeux de l'ambassadeur d'Italie au Maroc, Armando Barucco, l'expression d'“une volonté de coopération grandissante entre les deux pays”.

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TelQuel : Pourquoi ce choix de l’opéra Norma pour célébrer la Fête nationale italienne ?

La « Norma » est l’un des chefs-d’œuvre de l’opéra italien. Placée par Vincenzo Bellini dans un temps de guerre, « Norma » nous donne des leçons fondamentales pour l’époque complexe dans laquelle nous vivons. C’est aussi pour cette raison que nous avons choisi ce titre avec les amis de la Fondation ténor pour la culture, de l’Orchestre philharmonique du Maroc, du Théâtre Massimo de Palerme et de l’Institut culturel italien de Rabat. Norma est une des femmes extraordinaires de l’opéra italien, comme Turandot, Tosca et Adalgisa.

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L’opéra est le symbole de l’influence globale et de l’originalité profonde de la culture italienne. Amener un grand opéra avec l’un des principaux théâtres italiens à l’occasion de notre Fête nationale est une façon de montrer l’articulation et la nature multiforme de la scène culturelle italienne, ainsi que les compétences techniques et de formation qui accompagnent ces mises en scène complexes.

la Fondation Ténor – Orchestre Philharmonique du MarocCrédit: la Fondation Ténor-Orchestre Philharmonique du Maroc

Que représente pour vous cette représentation, ici, au Maroc ?

Elle représente le point culminant de la saison culturelle italienne, mais aussi un signe de la volonté de réaliser des collaborations à la hauteur de l’ambition mutuelle. Non seulement culturelle, mais aussi politique et économique. Au cours du seul mois de mai, nous avons eu les visites à Marrakech du ministre italien des Affaires étrangères, M. Di Maio, et du ministre du Travail, M. Orlando, avec des rencontres extrêmement positives avec messieurs les ministres Bourita et Sekkouri.

Nous avons virtuellement réuni les principaux acteurs économiques italiens et marocains – notamment les deux Confédérations de l’industrie et les deux Caisses de dépôts et de gestion – pour présenter les opportunités économiques bilatérales, et entamer la préparation du business forum entre la Confindustria italienne et la CGEM.

Pour le cinéma, avec l’IIC et la Fondation Hiba, on a déjà commencé le festival « Il Nuovo Cinema Italiano Di Rai Cinema », des rendez-vous du jeudi (2/3 fois par mois) au cinéma « La Renaissance » à Rabat avec les productions italiennes les plus récentes. Des thèmes que nous reprendrons à l’automne avec un grand festival consacré au cinéma méditerranéen, en collaboration avec « La Renaissance » et l’École supérieure des arts visuels de Marrakech.

Nous souhaitons vivement que la culture italienne soit présente dans tout le pays. C’est pourquoi nous avons aussi des initiatives de haut niveau. Les villes concernées sont Fès avec le Festival des musiques sacrées du monde, Essaouira et bien évidemment Rabat. Pour la capitale, nous avons la participation italienne au SIEL. Ici aussi, grâce à notre Institut culturel italien, nous aurons une présence très importante de maisons d’édition et de grands écrivains italiens. L’opéra représente ici le début d’une longue série.

la Fondation Ténor – Orchestre Philharmonique du MarocCrédit: la Fondation Ténor-Orchestre Philharmonique du Maroc

Le Maroc et l’Italie peuvent-ils aller plus loin en termes de rapprochement culturel et économique ?

Certainement. Il y a un dynamisme croissant, que nous devons accompagner par de nouvelles initiatives. La culture et l’économie sont étroitement liées. Tout comme l’opéra a brisé pour la première fois la distinction artificielle entre culture haute et culture populaire. Ainsi, dans notre partenariat bilatéral, nous devons viser une coopération tous azimuts qui repose sur deux éléments fondamentaux.

D’une part, l’importante communauté marocaine vivant en Italie : plus de 400 000 personnes (auxquelles il faut ajouter les doubles citoyens), bien intégrées dans les secteurs les plus propulsifs et dynamiques de la société. De l’autre, le tissu entrepreneurial italien au Maroc. Une dynamique humaine et économique résumée en un élément extraordinaire. L’année dernière, le commerce bilatéral a augmenté de 27 % pour atteindre 3,5 milliards d’euros : le chiffre le plus élevé depuis 2014.

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Dans un contexte dynamique, quels sont des exemples de partenariats en cours ?

Nous travaillons à faire évoluer la coopération existante dans tous les domaines. Pour le patrimoine national marocain, nous avons décidé de nous appuyer sur les projets existants — dans lesquels nous sommes historiquement impliqués à Chellah, Volubilis et Lixus — pour consolider la coopération en matière de formation et de conservation. Avec une nouvelle collaboration entre le Centre de restauration « La Venaria » de Turin et l’Académie des arts traditionnels de la mosquée Hassan II de Casablanca, mais aussi avec l’Institut central de restauration de Rome, l’une des institutions les plus importantes au niveau mondial. L’intention est de donner notre soutien à la création d’une école de restauration marocaine ouverte sur l’Afrique et le monde.

Pour les universités, nous disposons d’un grand nombre de coopérations existantes, plus de 150. Les jeunes Marocains sont séduits par le monde universitaire italien, et un nombre croissant de centres d’excellence italiens ont identifié le Maroc comme leur principal partenaire dans la région MENA. Nous multiplions aussi les coopérations entre les universités italiennes et marocaines, notamment pour l’accès aux bourses d’études.

L’éducation et la conservation du patrimoine se rejoignent dans l’ambition de l’amitié historique entre l’Italie et le Maroc : créer un pont solide et permanent entre deux cultures méditerranéennes millénaires.

Amener l’opéra pour la fête nationale italienne signifie donc célébrer ce que nous avons accompli, et symboliser l’ambition de ce que nous réaliserons ensemble à l’avenir.

Interview réalisée par TelQuel Content Studio, un département indépendant de la rédaction de TelQuel.