GISRE: quand les administrations se parlent, le citoyen respire

Finies les redondances administratives : grâce à l’interopérabilité, les services publics collaborent sans friction, et le citoyen gagne en temps et en transparence.

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Combien de fois un citoyen a-t-il dû fournir plusieurs fois le même document à différentes administrations ? À l’heure de la dématérialisation, continuer à faire du citoyen un messager entre services publics n’est plus acceptable. Pour y remédier, le Maroc a déployé une brique essentielle de son infrastructure numérique : la plateforme GISRE (Governmental Interoperability System of Real-time Exchange), qui permet aux administrations de se parler, d’échanger des données en temps réel, et d’éviter les redondances bureaucratiques. Lancée en 2021 par l’Agence de développement du digital (ADD), qui opère sous la tutelle du ministère délégué auprès du Chef du gouvernement chargé de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, GISRE est aujourd’hui le moteur silencieux de l’administration connectée. Elle permet un échange instantané, sécurisé et traçable des données, sans stockage intermédiaire. Hébergée dans un data center marocain certifié Tier 3, elle s’appuie sur des normes de cryptage avancées et un monitoring continu, en conformité avec le cadre général d’interopérabilité version 6.0 publié en 2024, apprend-on d’ADD.

Derrière cette architecture, les bénéfices sont très concrets. En 2024, la plateforme a permis plus de 95 millions de transactions, contre 5 millions seulement deux ans plus tôt. Elle connecte aujourd’hui 73 partenaires. Selon l’ADD, deux cas emblématiques illustrent cette transformation : le Registre Social Unique (RSU) et le système Massar.

Le RSU vise à mieux identifier les ménages vulnérables pour leur garantir un accès équitable aux aides sociales. Grâce à GISRE, plus de 38 institutions – dont la CNSS, les ministères de l’Intérieur, de la Santé ou de l’Éducation – partagent des données en temps réel. Résultat : un ciblage plus précis, des délais de traitement réduits, et une transparence renforcée dans la distribution des allocations. Autre exemple : l’interconnexion entre le système Massar et les bases de données sociales permet de croiser les informations scolaires des élèves avec les dispositifs d’aide. Bourses, transports scolaires, allocations… les démarches sont fluidifiées, et les politiques éducatives mieux ciblées. Un levier stratégique pour lutter contre le décrochage scolaire et la pauvreté. Au-delà de l’outil, GISRE incarne une nouvelle approche de gouvernance. Pilotée par l’ADD, en lien avec les ministères de l’Intérieur, des Finances, de l’Éducation, l’OMPIC ou la DGSSI, elle repose sur une logique collaborative. Chaque administration devient à la fois productrice et consommatrice de données. Des ateliers de renforcement des compétences et un suivi des performances viennent compléter cette dynamique.

L’interopérabilité, désormais, structure l’avenir de la transformation digitale. En connectant les administrations, c’est toute la relation entre l’État et le citoyen qui s’en trouve réinventée : plus fluide, plus juste, plus efficace.