Cinq Marocaines, cinq parcours inspirants dans la tech

Elles sont expertes en cybersécurité, IA, Big data ou encore en conception de logiciels SAAS. Voici les profils de quatre entreprises tech dirigées par 5 femmes ambitieuses et au profil inspirant. Leur point commun? Elles sont toutes accompagnées par Technopark.

Par

Aishore

Malika Ahmidouch, super-héroïne de l’IA sans cape 

Malika Ahmidouch. Crédit :DR

Aishore se veut une entreprise spécialisée dans la création de centres d’excellence, à travers son expertise dans le domaine de la Data et de l’intelligence artificielle (IA). En combinant l’IA avec l’expertise de ses analystes en données, Malika Ahmidouch, co-fondatrice de Aishore, permet à ses clients “d’exploiter pleinement le potentiel de leurs données pour des prises de décision éclairées et efficaces”, explique-t-elle.

Avant de lancer Aishore en 2023, Malika Ahmidouch a accumulé une longue expérience. Après des études d’ingénieur en France, elle a entamé sa carrière d’abord aux Etats-Unis en banque d’affaires sur des problématiques de finance quantitative. Après cette expérience, c’est le retour au Maroc, où Malika officie dans le secteur de la tech depuis 10 ans.

J’ai eu l’opportunité d’occuper des postes de leaderships dans de grands groupes et de pouvoir lancer des activités technologiques à travers l’Afrique”, nous résume-t-elle. Quelques mois après avoir lancé l’aventure Aishore, elle s’associe à Hicham Berrada. Ce dernier a confondé Teads, une adtech née en France et devenue aujourd’hui un géant de l’advertising présent dans 30 pays. Depuis, l’entreprise voit encore plus grand en lançant l’activité aussi à Dubaï. En décembre 2023, le duo lance la business unit “Advanced Analytics for Finance”, puis tout récemment en février 2024 la BU “AI for Data”.

Chez Aishore, l’IA c’est comme un super-pouvoir… mais sans cape !”, s’amuse Malika Ahmidouch. Les bienfaits de l’IA, la co-fondatrice de Aishore y croit dur comme fer. “On a lancé un défi à nos équipes : concevoir une IA qui nous aide à dénicher les talents. Résultat, une machine à recruter ultra-performante, qui prouve que, non, l’IA n’est pas là pour nous remplacer, mais pour nous donner un coup de main”, note-t-elle.

Cette technologie est désormais disponible à l’échelle mondiale, et c’est à nous, entreprises technologiques africaines de prendre une longueur d’avance, en identifiant les cas d’utilisation pertinents qui bénéficieront au continent”, conclut-elle.

Pour en savoir plus 

> Profil LinkedIn de Malika Ahmidouch 

> Site : aishore.ai

Issroad 

Salwa Harif, l’experte en cybersécurité 

Salwa Harif. Crédit : DR

Issroad est une société de service en cybersécurité, qui va du conseil stratégique à la mise en place de solutions techniques. L’entreprise fournit des solutions clé en main en développement spécifique ou en implémentant des solutions bien établies. “Notre valeur ajoutée est la qualité de déploiement technique”, assure la directrice, Salwa Harif. Elle s’enorgueillit de travailler selon des “process et de standards d’excellence”, pareil aux grands groupes dans lesquels elle a travaillé et qu’elle fournit à ses clients quel que soit la taille de leur entreprise. Le core business sont les PME de 100 à 200 employés, mais Issroad travaille aussi avec des groupes à l’international et des grands groupes aéronautiques par exemple.

L’idée d’Issroad trottait dans la tête de Salwa Harif depuis des années. À son retour au Maroc en 2017, et après un temps passé en tant que salariée, l’experte en cybersécurité décide de se lancer dans l’entreprenariat à la naissance de son deuxième enfant. “C’était à la sortie même de la maternité”, se remémore-t-elle. Aujourd’hui, elle répond à un besoin de plus en plus critique pour les entreprises marocaines. C’est que les conditions du développement de cette filière sont réunies. “La cybersécurité avance avec la réglementation et les attaques, nous avons les deux facteurs. Et dans l’ensemble les Marocains prennent conscience qu’il y a un marché”, estime-t-elle. Elle identifie deux demandes récurrentes des clients locaux : le ransomware qui paralyse le système et les fuites de données.

Quid de l’IA ? Elle est au cœur du travail de Salwa et c’est à double tranchant. “L’IA facilite le travail pour les employés, mais aussi pour les hackers”, rappelle-t-elle, donnant l’exemple des “campagnes de phishing de plus en plus propres”, c’est-à dire mieux écrites et personnalisées, augmentant ainsi le risque de manière exponentielle. Mais l’IA est aussi utilisée par les experts cybersécurité, pour identifier par exemple rapidement les attaques.

En tant qu’experte en cybersécurité, Salwa navigue toujours entre opportunité et risques, et son travail est de ne faire profiter ses clients que du premier.

Pour en savoir plus 

> Profil LinkedIn de Salwa Harif

> Site : issroad.com

Ta7alil.ma

Sabrine Zahroubane et Meryem Reneja, deux amies qui vous veulent du bien 

Sabrine Zahroubane (à gauche) et Meryem Reneja. Crédit: DR

Avez-vous déjà passé des heures à chercher un vieux dossier santé tout cela pour faire chou blanc ? C’est pour répondre à ce problème précis que Ta7alil.ma a vu le jour en avril 2022, lancée par Sabrine Zahroubane et Meryem Reneja.

Ta7alil.ma est ainsi la 1re plateforme web et mobile de santé au Maroc qui digitalise le carnet de santé des patients et qui a comme vision de digitaliser tout le parcours santé à partir de la prise de rendez-vous avec un professionnel de santé jusqu’au remboursement des dossiers d’assurance santé.

La co-fondatrice de Ta7alil, Sabrine Zahroubane, a aussi expérimenté la frustration de chercher inlassablement des dossiers médicaux personnellement. “Suite à une maladie de deux ans, mon père était obligé de stocker sous format papier tout son dossier médical à défaut d’avoir une seule et unique plateforme pour tout digitaliser”, explique-t-elle.

Comment ça marche concrètement ? En installant l’application, les patients obtiennent un ID code personnel et disposent d’une liste de médecin et de laboratoires avec lesquels ils peuvent prendre rendez-vous. Ils se déplacent suite à la consultation et reçoivent leur dossier médical sur l’appli. Si des analyses sont prescrites, il suffit de communiquer son ID code au labo pour que le médecin et le patient reçoivent rapidement les résultats. Le praticien peut même faire son compte rendu directement sur la plateforme. Actuellement, près de 500 professionnels sont listés et Ta7alil couvre Casablanca, Rabat-Salé et Marrakech. “Nous préparons une nouvelle version, on prévoit d’intégrer les autres professionnels de la santé dans le médical et paramédical”, annonce Sabrine

Sabrine Zahroubane est titulaire d’un master en marketing et communication et présidente d’une association humanitaire depuis 10 ans. Meryem Reneja est, elle, titulaire d’un master en digital.

Pour en savoir plus 

> Profil LinkedIn de Sabrine Zahroubane

> Profil LinkedIn de Meryem Reneja

> Site : Ta7alil.ma 

Digitis 

Meryem Kassou, la tech et le social 

Digitis est une entreprise de services technologiques fondée en 2022 par Meryem Kassou. Basée au Technopark de Rabat, la start-up opère dans la réponse aux besoins des entreprises dans les domaines de la technologie et la Big data et dans le “Tech4Good” (technologie pour l’impact social). Concernant le premier volet, Digitis fournit des solutions SAAS (software as a service) clés en main en fonction des besoins des clients et intervient également sur le volet stratégique concernant la Big Data, notamment la gouvernance des données entre institutions, nous explique Meryem.

En clair, il s’agit de la mise en place d’une roadmap qui commence par un benchmark et des axes d’amélioration des pratiques dans l’échange de données, puis Digitis étudie le framework qui régit l’échange de données pour identifier les failles, assurer le respect de la législation et recommande des solutions techniques.

Le second volet des activités de Digitis se déploie à travers Digitis talent lab. Cette branche impact social cible la transformation digitale dans des régions éloignées. Meryem cite un projet avec l’agence de coopération belge au Maroc, avec laquelle ils ont collaboré dans la région de Drâa Tafilelt et l’Oriental. Objectif : renforcer les capacités des femmes dans la région en les dotant d’outils digitaux adaptés à leurs besoins et à ceux de la région. “C’est par exemple comment marketer, créer des pages sur les réseaux sociaux, intégrer des marketplaces pour une petite unité textile”, détaille-t-elle.

Cette volonté de travail social a accompagné Meryem depuis les débuts. Native de Khouribga et originaire de Figuig et d’Azilal, elle se définit comme un pur produit de l’école marocaine. “J’ai étudié à l’école publique jusqu’au master en Big data obtenu à la Faculté Hassan Ier de Settat”, dit-elle. Elle a obtenu la certification Big data engineer d’IBM en 2021 puis a fait un mentorship chez Intel, avec à la clé un projet de fin d’études sur les voitures autonomes.

Outre ses activités professionnelles, elle s’était aussi fait connaître pour son lobbying pour la cause du don d’organe en 2017. Elle est par ailleurs cofondatrice et secrétaire générale de l’Observatoire marocain de la souveraineté numérique.

Pour en savoir plus 

> Profil LinkedIn de Meryem Kassou

> Site : digitis.ma

Technopark : plus de 3500 startups accompagnées

Lamiae Benmakhlouf, DG du réseau Technopark.Crédit: DR

La société de gestion de Technopark (MITC) est une structure de gestion privée qui compte dans son tour de table l’Etat marocain et des banques privées et publiques.

Les entreprises accueillies dans les différentes Technoparks (Casablanca, Rabat, Tanger, Agadir, Essaouira) réalisent un chiffre d’affaires annuel cumulé de plus d’un milliard de dirhams et emploient plus de 3000 salariés qualifiés. En 2024, la stratégie d’expansion régionale prévoit l’ouverture de 3 prochains Technoparks : Fès, Oujda et Tiznit.

Depuis l’inauguration du premier Technopark à Casablanca en 2000 et à date d’aujourd’hui, le MITC a accompagné plus de 3500 startups et a contribué à la création de plus de de 15.000 emplois directs et indirects dans des domaines innovants, notamment le digital, les énergies renouvelables et les industries culturelles et créatives.