Le temps d’un festival, le Maroc a été le carrefour de jeunes talents italiens venus à la rencontre du public marocain. Après une sublime avant-première le 8 février à Casablanca, le Festival Jeunes Talents Musicaux Italiens dans le monde a investi Fès et Ifrane jusqu’au 16 février afin d’offrir au public des représentations qui puisent leur inspiration dans le vaste répertoire de la musique italienne, de l’époque baroque à nos jours.
Pour Son Excellence Armando Barucco, Ambassadeur d’Italie au Royaume du Maroc, la tenue du festival se situe dans le cadre “d’une affinité culturelle très forte” partagée entre le Maroc et l’Italie, qui trouve sa source dans “une histoire méditerranéenne commune et des échanges artistiques et intellectuels millénaires”.
Parler en musique
Le Festival des jeunes talents musicaux italiens dans le monde vient renforcer ces traditions, mais aussi, donner à voir la grande histoire de la musique classique italienne. Le choix des villes, Fès puis Ifrane, dans lesquelles s’est déroulé le Festival, n’est pas anodin, puisque c’est notamment avec la collaboration de la Fondation Esprit de Fès que le Festival a été organisé.
“Nous ressentons une réelle passion à l’idée de partager notre musique avec le public marocain”, a déclaré à TelQuel Alberto Ferro, quelques minutes avant d’entrer scène
“Ces différents événements seront l’occasion de renforcer les liens culturels entre nos deux pays, de faire émerger de jeunes talents”, a déclaré à ce sujet Abderrafia Zouiten, président de la Fondation.
Une conviction partagée par le Dr Amine Bensaid, président de l’Université Al Akhawayn, également partenaire du Festival : “Nous sommes heureux d’offrir à nos étudiants, à notre corps professoral ainsi qu’à nos invités cette opportunité d’en apprendre plus sur la richesse de la culture italienne”.
Le coup d’envoi du Festival a été donné ce 9 février à Fès par un sublime duo composé de deux jeunes musiciens : Gennaro Cardaropoli au violon, et Alberto Ferro au piano. “Nous ressentons une réelle passion à l’idée de partager notre musique avec le public marocain”, a déclaré à TelQuel Alberto Ferro, quelques minutes avant d’entrer scène pour un concert d’inauguration qui a vu défiler les compositions de grands maîtres tels que Niccolò Paganini, Giuseppe Martucci, Ottorino Respighi ou encore Gennaro Cadaropoli.
Place ensuite à un autre duo, les 11 et 12 février, composé d’Emanuela Mosa au violoncello et Simone Sgarbanti au pianoforte, qui se sont plongés dans le répertoire de Francesco Cilea, Dmitri Shostakovich et Niccolò Paganini. Toujours au pianoforte, Tommaso Boggian a livré une magnifique performance en solo les 13 et 14 février à Ifrane, avant de laisser place à l’accordéoniste Lorenzo Albanese, qui a assuré tout en beauté, dans les soirées des 15 et 16 février, la clôture du Festival.
L’objectif principal du Festival a été non seulement de sensibiliser le public marocain à la qualité d’interprétation de certains des meilleurs jeunes musiciens italiens, mais aussi de diffuser la connaissance du répertoire instrumental italien à travers le pays avec l’interprétation de nombreux chefs-d’œuvre, du baroque à nos jours, d’Antonio Vivaldi, Domenico Scarlatti, Gioachino Rossini, Niccolò Paganini, Giuseppe Verdi, Ottorino Respighi, Francesco Cilea, Giuseppe Martucci, Ennio Morricone, Nicola Piovani, Gennaro Cardaropoli.
Afin de favoriser une écoute la plus éclairée possible pour le public, lors des concerts, toutes les pièces jouées ont été présentées en français à Fès et en anglais à Ifrane par le Maestro Francescantonio Pollice, vice-président du CIDIM, avec le but de les contextualiser sur le plan historique, technique et artistique.
“Ces jeunes interprètes, avec leurs notes, nous rappellent que la musique, dans un monde étouffé par le bruit, enseigne à parler sans mots, et surtout, à écouter”
Il a éte également possible, grâce à la musique, d’encourager, surtout parmi les jeunes générations, le désir d’apprendre la langue italienne. Les moments clés dans ce sens ont été les rencontres et les master-classes organisées à Ifrane, le mardi 13 février, le matin à l’Al Akhawayn School et l’après-midi à l’Al Akhawayn University.
Les master-classes, animées par la directrice de l’Institut Culturel Italien de Rabat Carmela Callea, le vice-président du CIDIM Maestro Francescantonio Pollice et les pianistes Tommaso Boggian et Simone Sgarbanti, ont suscité l’intérêt et l’attention de nombreuses étudiantes et nombreux étudiants de différentes tranches d’âge allant de l’école maternelle à l’université.
Outre leur haute technicité, on retiendra surtout de ces performances le dévoilement d’un lien profond entre le musicien et l’instrument. Carmela Callea, directrice de l’Institut Culturel Italien de Rabat, l’exprime ainsi : “Ces jeunes interprètes, avec leurs notes, nous rappellent que la musique, dans un monde étouffé par le bruit, enseigne à parler sans mots, et surtout, à écouter”.