Organisée en partenariat avec le CHU Mohammed VI de Tanger et l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (ANRAC), cette rencontre s’inscrit dans le cadre d’une convention-cadre entre l’université et l’ANRAC, visant à renforcer la coopération en matière de recherche scientifique entre les deux institutions.
S’exprimant à cette occasion, le président de l’Université Abdelmalek Essaâdi, Bouchta El Moumni, a mis en avant l’importance de cette manifestation scientifique, soulignant qu’elle marque “un tournant dans la recherche appliquée au niveau de l’université et à l’échelle nationale”.
Elle se tient dans un contexte “porteur d’espoir et d’innovation”, au moment où le Maroc “affirme avec ambition sa volonté de développer une filière scientifique, médicale et industrielle du cannabis à haute valeur ajoutée”.
El Moumni a fait savoir que cette rencontre s’inscrit dans le prolongement d’une dynamique de partenariat scientifique et institutionnel lancée récemment entre l’Université Abdelmalek Essaâdi et l’ANRAC, qui se concrétise notamment à travers le projet de l’évaluation de la sécurité et de l’efficacité thérapeutique d’une solution huileuse de CBD, full spectrum, issue de l’extraction de cannabis cultivé et transformé au Maroc.
Mené sur une cohorte de patients marocains suivis au CHU de Tanger, ce projet est “porteur d’un espoir immense pour soulager les enfants et leurs familles”, a-t-il souligné, soutenant que cette étude vise à répondre à des besoins thérapeutiques urgents, tout en générant des données cliniques marocaines de référence.
Lors de cette conférence, les intervenants ont mis en avant les nombreuses propriétés thérapeutiques du cannabis, en distinguant le THC (delta 9-tétrahydrocannabinol), psychoactif et potentiellement addictif, du CBD qui n’a aucun risque de dépendance, permettant ainsi des usages médicaux sûrs.
À cet égard, ils ont rappelé que le CBD possède des propriétés anxiolytiques, anti-inflammatoires et antiépileptiques, tout en étant dépourvu d’effets psychoactifs. Ces qualités en font un candidat prometteur dans la prise en charge de diverses pathologies, en particulier chez des patients sensibles aux effets secondaires des traitements conventionnels, ont-ils ajouté.
Par ailleurs, les experts ont évoqué l’utilité du CBD dans le traitement des nausées et vomissements induits par la chimiothérapie, suggérant qu’il pourrait agir comme alternative ou complément aux antiémétiques traditionnels, améliorant ainsi la qualité de vie des patients en oncologie.
Ce cannabinoïde, expliquent-ils, pourrait aider à ralentir le vieillissement cellulaire et à prévenir certaines maladies liées à l’âge en stimulant la production d’antioxydants, ce qui réduit le stress oxydatif, un facteur clé du vieillissement.
Dans une déclaration à la MAP à l’issue de la rencontre, Jaâfar Heikel, l’un des intervenants, a souligné l’importance cruciale de cette initiative, affirmant qu’une série d’études approfondies sera menée sur l’usage thérapeutique du CBD au Maroc.
Il a également exprimé sa conviction que le Maroc est en voie de devenir un acteur de premier plan dans ce domaine innovant, grâce à l’implication croissante des chercheurs et des institutions médicales et académiques. Une telle dynamique profitera à des centaines de milliers de Marocains atteints de maladies chroniques, a-t-il conclu.