Droit d’asile : le Maroc placé dans la liste des “pays sûrs” par l’UE

La Commission européenne a publié mercredi une liste des pays d’immigration dits “sûrs”, limitant les possibilités d’asile pour leurs ressortissants.

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Les drapeaux européen et marocain au ministère des affaires étrangères à Rabat, le 5 janvier 2023 à l'occasion de la visite du Haut représentant de l'Union européenne (UE) pour les affaires étrangères, Josep Borrell. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Cette liste comprend le Kosovo, le Bangladesh, la Colombie, l’Egypte, l’Inde, le Maroc et la Tunisie.

L’idée est d’accélérer le traitement des demandes d’asile des ressortissants de ces pays qui émigrent en nombre vers l’UE, en considérant qu’ils n’ont a priori pas le profil de réfugiés, et donc de hâter leur rapatriement.

Plusieurs Etats, dont la France, ont déjà leur propre concept de “pays d’origine sûrs”.

Mais il n’existe pas encore de liste commune et harmonisée à l’échelle européenne. Selon des responsables européens, cela encourage actuellement les demandeurs d’asile, à viser tel pays d’accueil, avec des critères plus flexibles, plutôt qu’un autre.

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L’exécutif européen veut remédier à cela avec cette liste de sept pays. Il considère également que la plupart des pays candidats à une adhésion à l’UE remplissent, en principe, “les critères pour être désignés comme pays d’origine sûrs”.

Le concept de cette liste est vivement critiqué par les ONG de protection des migrants.

Pour entrer en vigueur, cette proposition devra être approuvée par le Parlement européen et les Etats membres de l’UE. Mais le sujet est hautement sensible sur le plan politique et risque de provoquer des désaccords parmi les Vingt-Sept.

Le dossier était notamment poussé par Rome, qui a salué mercredi “un succès du gouvernement italien”. La France est elle plutôt restée en retrait des tractations, préférant juger la proposition de l’exécutif européen sur pièce.

La Commission avait déjà présenté une liste du même type en 2015. Mais ce projet avait finalement été abandonné, en raison de vifs débats sur l’idée d’inclure, ou non, la Turquie, avec son bilan mitigé en matière d’indépendance de la justice, de droits des minorités et de liberté de la presse.

Bruxelles est sous pression pour durcir sa politique migratoire, face à la poussée de la droite et de l’extrême droite à travers le continent.

Mi-mars, l’exécutif européen avait déjà dévoilé des mesures pour accélérer les expulsions d’étrangers en situation irrégulière. La Commission avait notamment proposé un cadre légal à la création de centres pour migrants en dehors de ses frontières, les fameux “hubs de retour”.