Algérie : le Parquet fait appel de la condamnation de Boualem Sansal

Le Parquet de Dar Beida, près d’Alger, a fait appel de la condamnation à cinq ans de prison ferme de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, a annoncé le bâtonnier d’Alger à l’AFP.

Par

L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal en 2015 à Paris. Crédit: Joël Saget / AFP

Je confirme qu’il y a procédure d’appel du Parquet et de l’intéressé”, a déclaré Mohamed Baghdadi, par téléphone. Le recours a été déposé “la veille de l’Aïd el-Fitr”, marquant la fin du mois de Ramadan, célébré lundi en Algérie, a-t-il précisé par ailleurs au site d’information TSA.

“Ça se dessine, il va y avoir fixation d’une audience. On a eu presque une semaine de congés (depuis vendredi dernier, premier jour du week-end en Algérie suivi de trois jours fériés pour l’aïd, ndlr), on y verra plus clair à partir de dimanche”, a précisé le bâtonnier.

L’avocat du romancier, Me François Zimeray, avait annoncé mercredi à l’AFP que Boualem Sansal avait fait appel, précisant que cela n’empêchait pas de le gracier, s’il se désistait.

Selon Me Baghdadi, “la règle c’est qu’on ne peut pas gracier quelqu’un jusqu’à ce que sa peine soit définitive”. Sauf en cas de désistement de la part des deux parties, avant le procès en deuxième instance.

Mais ensuite, le président algérien Abdelmadjid Tebboune “a le pouvoir de gracier ou bien de commuer la peine”, a précisé le bâtonnier.

L’écrivain pourrait être remis en liberté à la faveur d’une réduction de peine en appel, un scénario que n’écartent pas certains avocats.

En première instance, il a été condamné le 27 mars à cinq ans de prison ferme, la moitié de ce qu’avait requis le Parquet une semaine plus tôt.

Il est accusé notamment d’atteinte à l’intégrité du territoire pour des déclarations en octobre au média français d’extrême droite Frontières où il estimait que l’Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

Le sort de Sansal a été évoqué lundi lors d’un échange téléphonique entre le président Tebboune et son homologue français Emmanuel Macron, qui ont acté, à cette occasion, une relance du dialogue bilatéral, après huit mois exactement d’une crise d’une gravité inédite.

à lire aussi

Dans un communiqué conjoint après leur entretien, Macron a appelé son homologue à un “geste de clémence et d’humanité” envers Sansal, compte tenu de son âge et état de santé.

L’arrestation à la mi-novembre de l’écrivain avait aggravé des tensions déjà fortes entre la France et l’Algérie, après l’annonce par Paris fin juillet 2024 de son soutien total au plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara, où les indépendantistes du Polisario sont soutenus par Alger.

Le ministre des Affaires étrangères français Jean-Noël Barrot doit se rendre dimanche à Alger pour concrétiser la reprise du dialogue bilatéral. Pour Barrot, l’entretien téléphonique entre les deux chefs d’État a “ouvert un espace diplomatique en vue d’une résolution” de la crise.