Pour la première fois, le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain accueille une exposition qui regroupe les œuvres du romancier et artiste peintre Tahar Ben Jelloun. Intitulée “De l’écriture à la peinture”, l’exposition se déroulera du 8 avril au 30 juin, et regroupera une quarantaine d’œuvres. En plus de ses tableaux, l’exposition comprendra également une dizaine de manuscrits rares des romans de Tahar Ben Jelloun, qui a pendant longtemps écrit ses textes à la main, avant de les taper à la machine.
L’exposition abordera notamment la complémentarité du travail de romancier de l’écrivain — premier marocain à obtenir le Prix Goncourt en 1987 —, et de son travail de peintre, entamé en 2013. “J’écris pour raconter la douleur du monde, et je peins pour montrer la lumière du monde”, confiait-il à TelQuel en mai 2022. Chez lui, cette double casquette s’accompagne par ailleurs d’un rituel bien précis : écrire le matin, peindre dans l’après-midi.

L’un de ses derniers ouvrages, La couleur des mots publié en 2022 (éditions de l’Iconoclaste), revenait justement sur ce croisement singulier entre les mots et les arts visuels à travers ses toiles. Pensé comme un récit intime de sa pratique de l’art et de l’écriture, il y évoquait notamment son rapport aux couleurs : “Dans ces années 1950 à Fès, l’horizon était limité. Pas de cinéma, pas de musée, pas de théâtre, pas de music-hall. Il fallait tout imaginer. Je décidai alors d’attribuer une couleur à chacun des jours de la semaine : lundi, gris foncé ; mardi, gris léger tendant vers le bleu ciel ; mercredi, vert ; jeudi, jaune ; vendredi, tantôt blanc tantôt orange ; samedi, bleu azur (…)”.
Auparavant, les œuvres picturales de Tahar Ben Jelloun ont été exposées dans plusieurs galeries d’art du Royaume, à Tanger, Casablanca ou encore Marrakech. À Paris, une exposition lui avait précédemment été consacrée à l’Institut du Monde Arabe en octobre 2017.
Quant au MMVI, il semble s’intéresser de plus en plus aux parcours d’écrivains ayant marqué la vie culturelle du Royaume, ainsi qu’à leur rapport aux arts visuels. En janvier 2024, le musée accueillait “Le poète passe”, une exposition dédiée au poète et romancier Abdellâtif Laâbi, incluant des œuvres graphiques inédites.