La crise actuelle trouve en partie son origine dans la mortalité élevée des poussins, accentuée par des conditions climatiques défavorables et une qualité insuffisante des volailles disponibles.
Comme l’explique le président de l’Association nationale des éleveurs de poulets de chair au Maroc, Mohamed Aboud, à Hespress, “en raison de la mortalité des poussins, des problèmes supplémentaires liés à la faiblesse de l’offre apparaissent. Cela est en partie dû à des déséquilibres dans la chaîne d’approvisionnement”.
“Depuis plus de dix ans, les experts et les spécialistes avertissent sur l’éventualité d’une telle situation, mais le ministère n’a pas pris ces mises en garde en considération”
Cette situation a contribué à une réduction significative de l’offre sur le marché, aggravant la pression sur les prix. À titre d’exemple, Aboud précise que “sur le marché de gros de Casablanca, le prix a atteint 23 dirhams par kilo, ce qui signifie qu’il est vendu au consommateur à 27 dirhams. À Tanger, le prix avoisine les 30 dirhams, et nous parlons ici des prix du poulet vivant”.
Les petits et moyens éleveurs, qui représentent la majorité des producteurs, sont les premiers à souffrir de cette situation. Le coût d’acquisition des poussins a atteint des niveaux record. Aboud souligne que “les éleveurs, qui sont la colonne vertébrale de la production nationale, font face à des coûts exorbitants qui atteignent 14 dirhams par kilo pour les poussins, alors que leur coût réel ne dépasse pas 2 dirhams. Cela a conduit de nombreux éleveurs à quitter le marché”.
En outre, la qualité des aliments pour volailles s’est détériorée, aggravant les charges des éleveurs. “La crise des aliments pour bétail s’ajoute aux autres problèmes, car la qualité des aliments a fortement décliné sans contrôle efficace”, déplore Aboud.
Cette accumulation de difficultés pousse certains éleveurs à hypothéquer leurs biens pour rembourser les dettes contractées auprès des fournisseurs, une situation insoutenable sans un soutien concret des autorités.
Pour les professionnels, cette crise n’est pas nouvelle. Elle reflète des politiques publiques inadaptées et un manque de suivi de la part des autorités. “Malheureusement, le secteur n’a pas reçu l’attention nécessaire de la part des autorités responsables”, regrette Aboud. Il rappelle que “depuis plus de dix ans, les experts et les spécialistes avertissent sur l’éventualité d’une telle situation, mais le ministère n’a pas pris ces mises en garde en considération”.
Les accords passés entre le gouvernement et les fédérations du secteur n’ont pas permis de résoudre les problèmes structurels. “Aujourd’hui, nous vivons une crise catastrophique. La structure de production locale a été détruite au profit de politiques mal réfléchies. Les accords et contrats conclus par le ministère avec la fédération n’ont pas atteint leurs objectifs, laissant le secteur en état d’effondrement”, explique Aboud.
“Les produits surgelés et d’origine inconnue inondent le marché. Cela menace non seulement les éleveurs, mais aussi les consommateurs”
Il souligne également les disparités entre le Maroc et d’autres pays, citant l’exemple des agriculteurs européens : “Par exemple, les agriculteurs européens bénéficient du soutien de leurs gouvernements en termes de coût et de qualité, tandis que nous, nous subissons la hausse des prix et l’absence de contrôle.”
Cette crise impacte également les consommateurs, qui doivent faire face à une hausse des prix sans précédent et à des inquiétudes concernant la qualité des produits disponibles. “Les produits surgelés et d’origine inconnue inondent le marché. Cela menace non seulement les éleveurs, mais aussi les consommateurs”, avertit Aboud.
Pour éviter un effondrement total du secteur avicole marocain, les professionnels appellent à des mesures urgentes. Parmi les solutions envisagées : un encadrement rigoureux de la production, une régulation stricte des prix des intrants, ainsi qu’un soutien financier pour les éleveurs en difficulté.