Réduction des années d’études privées en médecine : El Midaoui sommé de clarifier

Les récents débats autour de l’application d’une réforme controversée dans certaines facultés de médecine privées ont mis en lumière un potentiel “décalage pédagogique” entre le secteur public et privé de l’enseignement médical au Maroc, soulevé par la députée du Parti du progrès et du socialisme (PPS), Loubna Sghiri, dans une question adressée au ministre de l’Enseignement supérieur, Azzedine El Midaoui.

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Azzedine El Midaoui, ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l'innovation. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Au cœur de la polémique se trouve la décision de réduire la durée de la formation médicale de sept à six années. Cette réforme, décidée après une série de négociations ayant mis fin à une crise dans les facultés publiques, stipule que la réduction ne doit pas s’appliquer rétroactivement aux promotions inscrites avant sa publication au Bulletin officiel. Toutefois, certaines facultés privées, notamment à Rabat et Casablanca, auraient décidé de généraliser cette réforme à toutes leurs promotions, contrevenant ainsi à l’accord conclu.

Selon Sghiri, cette approche entraînerait une réduction d’environ 600 heures de formation pour certains étudiants des facultés privées par rapport à leurs homologues du public. Une situation qui, selon elle, “affectera gravement la qualité de la formation médicale, créant un déséquilibre académique flagrant”.

Des informations rapportées indiquent que certaines facultés privées ont réorganisé leur programme pour adapter les cours initialement prévus en sept années sur six ans, sans concertation avec les autorités compétentes, selon Hespress. Par exemple, des modules habituellement enseignés en cinquième année auraient été avancés en quatrième année.

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Pour Khalid Samadi, ancien secrétaire d’État auprès du ministre de l’Enseignement supérieur, cette démarche pose un sérieux problème juridique et réglementaire. “Les facultés privées sont tenues de respecter les termes de l’accord signé avec le ministère, incluant l’exemption des cohortes précédentes de la réforme”, a-t-il déclaré à Hespress. Il ajoute que toute modification majeure des programmes nécessite une validation préalable et formelle de la part du ministère.

Plusieurs experts en éducation appellent à une clarification urgente de la part des facultés privées concernées et du ministère. “Il est essentiel que ces établissements publient des communiqués officiels pour dissiper tout malentendu et assurer la transparence”, souligne Khalid Samadi. Sans ces clarifications, la reconnaissance des diplômes délivrés dans ces conditions pourrait être compromise, selon lui.

Si la situation persiste, elle risque de créer un fossé entre les étudiants des facultés publiques et privées, mais également au sein des facultés privées elles-mêmes, où les pratiques semblent diverger. Face à cette situation, les experts insistent sur l’urgence pour le ministère de faire appliquer l’accord signé avec les étudiants et de veiller à ce que toutes les facultés respectent les mêmes normes académiques, quelles que soient leur nature ou leur localisation.