L’annonce a été faite suite à une réunion extraordinaire du secrétariat général du parti, le mardi 17 décembre, concernant les récentes déclarations du chef du gouvernement sur un contrat de dessalement de l’eau de mer dans la région de Casablanca-Settat.
“Scandale politique”
Selon le communiqué du parti, pendant une séance constitutionnelle tenue devant la Chambre des représentants le 16 décembre, Aziz Akhannouch a défendu vigoureusement l’attribution de ce contrat de dessalement à une entreprise qu’il possède. “Ceci constitue une violation claire des interdictions de conflit d’intérêts stipulées par la Constitution et par les termes de l’appel d’offres spécifique à ce contrat”, précise le communiqué du PJD.
Le communiqué souligne également une contradiction entre les déclarations du chef du gouvernement, qui a affirmé que l’État ne soutiendrait pas ce type d’investissement, et un rapport de la présidence du gouvernement datant du 10 décembre, qui affirme que le comité national des investissements a approuvé plusieurs projets, dont le projet de dessalement.
Le secrétariat général du PJD a donc décidé de tenir une conférence de presse le jeudi 19 décembre à 11 heures, au siège central du parti. L’objectif est de fournir des détails sur ce qu’il qualifie de “scandale politique” du chef du gouvernement, pour éclairer l’opinion publique sur la gravité de ces violations qui portent atteinte à la transparence, à l’équité des chances et aux principes de la libre concurrence dans l’économie nationale.
Le PJD vent debout contre Akhannouch depuis un an
L’affaire de la station de dessalement de Casablanca-Settat, qui a suscité de vives critiques et des accusations de conflit d’intérêts envers le chef du gouvernement marocain, concerne un contrat majeur pour la construction et l’exploitation d’une usine de dessalement d’eau de mer. Le projet a été attribué en novembre 2023 à un consortium comprenant Afriquia Gaz et Green of Africa, deux filiales du groupe Akwa, majoritairement détenu par la famille Akhannouch, en collaboration avec la société espagnole Acciona.
Ce marché, remporté suite à une offre financièrement compétitive de 4,50 dirhams par mètre cube, a été contesté par des acteurs politiques et publics qui ont pointé du doigt un potentiel conflit d’intérêts, étant donné la position d’Akhannouch à la fois en tant que chef de gouvernement et actionnaire majoritaire du groupe bénéficiaire du contrat. Le projet, qui est le plus grand de son genre en Afrique du Nord, vise à fournir de l’eau potable à plus de six millions de personnes dans la région de Casablanca-Settat.
Le 6 décembre 2023, le groupe parlementaire du PJD avait officiellement contacté l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC) pour examiner le sujet, arguant que “moralement, le chef du gouvernement ne devrait pas investir dans des secteurs qu’il dirige”.
À cette époque, Abdellah Bouanou, alors chef du groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement (PJD), affirmait qu’il existait un conflit d’intérêts évident dans l’attribution de ce marché. De son côté, Mohamed Chaouki, député du RNI, défendait le chef du gouvernement en niant tout conflit d’intérêts.
L’article 36 de la Constitution stipule que “les infractions relatives aux conflits d’intérêts, aux délits d’initié et toutes infractions d’ordre financier sont sanctionnées par la loi. Les pouvoirs publics sont tenus de prévenir et réprimer, conformément à la loi, toutes formes de délinquance liées à l’activité des administrations et des organismes publics, à l’usage des fonds dont ils disposent, à la passation et à la gestion des marchés publics. Le trafic d’influence et de privilèges, l’abus de position dominante et de monopole, et toutes les autres pratiques contraires aux principes de la concurrence libre et loyale dans les relations économiques, sont sanctionnés par la loi”.