Depuis 2015, l’Agence nationale de lutte contre l’analphabétisme a reçu une enveloppe globale de près de 3 milliards de dirhams pour mettre en œuvre des programmes destinés à éradiquer ce fléau. La proportion d’analphabètes parmi les citoyens de plus de 15 ans reste malgré cela élevée, avec un taux de 34,2% en 2021 (plus de 9,2 millions de personnes), bien que ce taux ait baissé depuis 2004, où il était de 47,7%.
Le rapport ajoute que les stratégies nationales successives initiées depuis 2004 ont subi des révisions à la baisse de leurs objectifs quantitatifs et des reports de leurs échéances. Initialement prévue pour 2015, l’éradication quasi complète de l’analphabétisme a été reportée à 2029, selon la feuille de route adoptée par l’agence en 2023. Cette situation illustre des défis majeurs dans la planification et l’exécution des politiques publiques.
De plus, le rapport critique l’absence d’une approche territorialisée dans les plans stratégiques de l’agence. Cette lacune est notable surtout dans les programmes régionaux qui ne prennent pas suffisamment en compte les disparités régionales et les spécificités socioculturelles de chaque région, ce qui pourrait potentiellement améliorer l’efficacité des interventions.
Concernant le financement des programmes, les subventions de l’État représentent environ 84% des ressources totales de l’agence, avec un complément de 14% provenant de l’Union européenne.
Cependant, le rapport révèle une gestion financière problématique, où le taux moyen des paiements n’a pas dépassé 29% du total des dépenses engagées, en grande partie à cause des retards dans la présentation des documents justificatifs nécessaires par les organisations partenaires. Cette inefficacité financière a entraîné une accumulation des restes à payer, qui s’élevaient à 584,58 millions de dirhams en 2022.

L’exécution et le contrôle des programmes souffrent également de lacunes significatives. Le rapport pointe l’absence d’un système efficace pour classifier et évaluer les associations partenaires, ce qui limite la capacité du gouvernement à prendre des décisions éclairées basées sur des performances vérifiables. La qualité des formations est également compromise par l’adéquation insuffisante des espaces utilisés, qui incluent parfois des appartements ou des garages non adaptés.
En conclusion, le rapport de la Cour des comptes formule plusieurs recommandations cruciales. Il suggère notamment que le chef du gouvernement et l’Agence de lutte contre l’analphabétisme établissent un contrat-programme clair, définissant les objectifs stratégiques à atteindre avec un calendrier précis. Il recommande également d’améliorer l’efficacité des programmes par une meilleure sélection et spécialisation des associations partenaires et une mise à jour régulière des contenus pédagogiques pour répondre aux besoins spécifiques des groupes cibles.